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Nouvelles du terrain

25 avril 2019

VERS LA TICAD 7 : «L'Afrique et moi» Partie 4 – Yu Yamakami, responsable des initiatives sociales d'assainissement de LIXIL, contribue à la généralisation de toilettes écologiques en Afrique et dans le monde

L'Afrique revêt une importance croissance car elle constitue le dernier grand marché économique. Cependant, il semble de plus en plus difficile de soutenir le développement uniquement avec de l'aide. Dans ce contexte, la JICA renforce les partenariats avec des entreprises afin de mobiliser la technologie et l'expertise du secteur privé pour résoudre les problèmes des pays en développement. Le partenariat de la JICA avec LIXIL Group Corporation, concepteur de toilettes écologiques permettant d'améliorer l'hygiène en Afrique, en est un exemple.

PhotoYu Yamakami, à gauche, durant une présentation dans le camp de réfugiés de Kalobeyei, au Kenya. (Photo : Peace Winds Japan)

Pour le quatrième article de la série intitulée «VERS LA TICAD 7 : L'Afrique et moi», nous avons demandé à Yu Yamakami, responsable des initiatives sociales d'assainissement de LIXIL et «grande passionnée du petit coin» depuis l'enfance, de nous parler de la diffusion des toilettes conçues par son entreprise en Afrique et des effets de son partenariat avec la JICA.


Une passion au service de l'engagement d'une entreprise en Afrique

PhotoYu Yamakami explique comment utiliser et nettoyer les toilettes. (Photo : Peace Winds Japan)

Selon l'UNICEF, près de 2,3 milliards de personnes dans le monde n'ont pas accès à des toilettes. Près de 900 millions pratiquent la défécation en plein air. Chaque jour, plus de 800 enfants meurent de diarrhées et des filles quittent l'école après leurs premières règles parce qu'il n'y a pas de toilettes.

L'un des freins à l'installation de toilettes dans de nombreuses régions en développement est la rareté de l'eau. C'est pourquoi en 2013, en partenariat avec la JICA, LIXIL a initié au Kenya des tests de vérification d'un système d'assainissement écologique utilisant de la sciure de bois au lieu de l'eau. La sciure présente l'avantage de favoriser la décomposition des déchets et de créer du compost.

Depuis 2015, Mme Yamakami vit au Kenya plus de la moitié de l'année pour se consacrer pleinement à ce projet d'assainissement. Petite, elle devait se rendre souvent au petit coin et ne se sentait jamais rassurée à moins d'avoir vérifié où se trouvaient les toilettes les plus proches. À l'adolescence, ce lieu est devenu un refuge où elle pouvait reprendre ses esprits lorsqu'elle se sentait triste ou contrariée. Plus tard, elle a choisi d'effectuer des recherches sur ce sujet qui lui tenait à cœur lors de ses études supérieures.


PhotoYu Yamakami, à droite, prend la parole lors de l'édition 2018 du salon du réseautage d'affaires d'Afrique de l'Est organisé dans le cadre de l'initiative ABE.

Mme Yumakami était fière de la grande qualité des toilettes japonaises, mais en dressant un état des lieux de l'utilisation des toilettes dans le monde pour un séminaire public, elle a été choquée d'apprendre que plus de 2 milliards de personnes n'ont pas accès à des toilettes adaptées.

«Ce problème ne peut être résolu avec des toilettes à chasse d'eau. Que puis-je faire? » s'est-elle demandé.

Elle a alors pensé quitter son entreprise pour rejoindre une ONG lorsqu'elle a appris que LIXIL effectuait un travail de recherche et développement sur des toilettes sèches, elle a donc demandé à être transférée dans le département chargé du projet.


La TICAD V l'incite à envisager sérieusement une commercialisation en Afrique

Dans un premier temps, l'entreprise a mené des tests de vérification de ses toilettes sèches au Vietnam, mais l'Afrique est rapidement apparue comme un meilleur candidat dans une optique de commercialisation. La cinquième conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD V), organisée à Yokohama en 2013, a marqué un tournant pour le projet.

«L'Afrique plus que tout autre région au monde a désespérément besoin de toilettes sèches car elle souffre d'une pénurie aiguë d'eau. Compte tenu également de la forte croissance économique africaine, j'ai pensé que l'entreprise avait de bonnes chances de réussir», se souvient Mme Yamakami. Elle a alors montré les produits LIXIL et présenté ses arguments aux personnes intéressées.

PhotoYu Yamakami, au centre, vérifie le système d'assainissement écologique de son entreprise avec des Kényans ayant effectué un stage dans une filiale de LIXIL.

À cette époque, la JICA a invité des entreprises à soumettre des projets pour son premier programme de collaboration avec le secteur privé pour la diffusion des technologies japonaises. La proposition de LIXIL a été retenue et le partenariat a commencé.

«Nous voulions vendre de nouveaux produits à de nouvelles cibles sur un marché émergent. C'est parce que nous avions conscience en interne du caractère complètement novateur de notre projet qu'il nous est apparu important d'avoir le soutien de la JICA», explique Mme Yamakami.


Aller au-delà de l'aide pour développer une activité

Les tests de vérification menés en partenariat avec la JICA ont pris fin en 2015. Puis le projet de toilettes de LIXIL en Afrique est apparu de plus en plus viable d'un point de vue commercial.

En 2016, l'entreprise a remporté un appel d'offres lancé par les Nations unies et installé ses toilettes sèches dans un camp de réfugiés abritant 60 000 personnes. LIXIL a ensuite transféré sa technologie à une entreprise kényane pour intensifier la diffusion des toilettes.

PhotoLe Programme des Nations unies pour les établissements humains a demandé à LIXIL d'installer des toilettes sèches dans le camp de réfugiés de Kalobeyei, au Kenya. Le camp abrite environ 60 000 personnes. Les plans de la partie résidentielle équipée de toilettes ont été élaborés à travers un partenariat avec Shigeru Ban Architects. (Photo : LIXIL)

LIXIL s'est ensuite fixé l'objectif d'améliorer l'assainissement pour 100 millions de personnes d'ici 2020. Pour intensifier son activité, l'entreprise a choisi un modèle léger, sûr, hygiénique et économe en eau baptisé «SATO». Elle a passé un contrat de licence avec une entreprise locale pour vendre ce modèle quelques dollars seulement. Rapidement, LIXIL a reçu de nombreuses demandes d'autres entreprises qui souhaitaient produire ou vendre le modèle. SATO est commercialisé dans 15 pays africains dont le Kenya, la Tanzanie et l'Ouganda. En tant qu'intermédiaire entre les responsables de chaque pays et le siège de LIXIL au Japon, Mme Yamakami a veillé à ce que les différences en matière de pratiques commerciales ou de culture ne soient pas un obstacle et à ce que les attentes de l'entreprise soient bien comprises.

Une autre étape doit être franchie avant que les toilettes ne deviennent rentables. Cependant, SATO et Mme Yamakami ont fait plusieurs apparitions dans les médias, ce qui a permis d'améliorer l'image de marque de LIXIL. Des personnes ayant entendu parler de l'entreprise approchent régulièrement les employés de la salle d'exposition de LIXIL pour les féliciter.

La situation commence également à évoluer sur le terrain.

PhotoUn employé de LIXIL explique le fonctionnement du système SATO dans un camp de réfugiés. Le modèle SATO, constitué d'un simple récipient en plastique économe en eau, est vendu dans 15 pays d'Afrique et plus de 25 pays dans le monde afin d'améliorer l'assainissement pour 100 millions de personnes d'ici 2020. Son prix est de quelques dollars seulement. (Photo : LIXIL)

«SATO a incité les habitants des villages à apporter leurs propres améliorations. Ils recouvrent les sols en terre avec du mortier, posent du carrelage et peignent les murs de couleurs différentes. Certains plantent même des fleurs le long du chemin menant aux toilettes», précise Mme Yamakami. La généralisation des toilettes pourrait également réduire les cas de maladies infectieuses.

Ce partenariat entre la JICA et une entreprise a permis de créer une activité rentable et qui contribue à la résolution de problèmes de développement. Les partenariats avec les entreprises privées devraient figurer parmi les thèmes clés de la TICAD 7.

Yu Yamakami

Employée de LIXIL Group Corporation. Après avoir mené des travaux de recherche sur les toilettes pendant ses études, elle a rejoint INAX (aujourd'hui LIXIL) en 2003. Elle a travaillé dix ans au département chargé de la gestion de la production en usine, puis a demandé à être transférée au laboratoire général de LIXIL pour contribuer à la résolution du problème des toilettes au niveau mondial. Elle est née à Tokyo.


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