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Nouvelles du terrain

22 août 2019

VERS LA TICAD 7 : «L'Afrique et moi» Partie 10 — Électrification de tous les ménages kényans d'ici 2022 : Eiji Wakamatsu, membre du département du développement industriel et des politiques publiques de la JICA

«Au Kenya, le Japon est l'un des principaux donateurs soutenant le développement de l'énergie géothermique. Toutefois, le réseau de distribution reste inadapté et, dans certaines régions, on dit qu'il faut une journée entière pour atteindre un niveau de charge d'à peine 10 % pour un smartphone.»

C'est Eiji Wakamatsu, membre du département du développement industriel et des politiques publiques de la JICA, qui donne ces explications. L'accès à l'énergie est l'un des grands enjeux du développement africain. Le manque d'accès à une électricité fiable et abordable entrave le développement industriel et constitue un frein à l'amélioration de la santé et de l'éducation. Le défi consiste à garantir à tous l'accès à une électricité fiable et abordable tout en réduisant les émissions de dioxyde de carbone.

PhotoM. Wakamatsu (premier à droite) observe un projet de coopération technique sur le champ géothermique de Menengai.

Pour ce dixième article de notre série VERS LA TICAD 7 : «L'Afrique et moi», nous nous sommes adressés à M. Wakamatsu, collaborateur de la JICA qui supervise l'appui à l'électrification en Afrique de l'Est, notamment via des projets de développement de la géothermie au Kenya. Nous l'avons interrogé sur le projet d'extension du réseau de distribution et sur le développement de l'électricité dans ce pays.


Potentiel de transformation du dernier kilomètre

Conscient du fait qu'un faible taux d'électrification est une lourde entrave au développement économique et social, le gouvernement kényan mène depuis 2014 une politique d'électrification à grande échelle. Le taux d'électrification national est ainsi passé de 32 % en 2014 à 75 % en 2018. L'objectif du gouvernement kényan est d'approvisionner tous les ménages en électricité d'ici 2022.

La «connectivité du dernier kilomètre» est aujourd'hui l'un des projets phares du gouvernement kényan. Ce projet vise à faciliter l'électrification par des mesures comme l'extension des lignes de distribution, l'adaptation des tarifs électriques au niveau de revenu des ménages, et la possibilité d'échelonner le paiement des services. La Banque mondiale, la Banque africaine de développement, ainsi que le gouvernement japonais par l'intermédiaire de la JICA, ont soutenu cette initiative.

PhotoLes écoles primaires et la zone alentour dans le comté de Kilifi, au sud-est du Kenya, n'ont pas encore l‘électricité, mais le projet de connectivité du dernier kilomètre se propose d'y remédier.

«Si les ménages vivant à proximité des lignes de transmission n'avaient pas encore accès à l'électricité, c'est surtout parce qu'il n'y avait pas de réseau de distribution pour acheminer le courant jusqu'aux habitations. Et même quand un poteau électrique se dressait à proximité, les frais initiaux (frais de raccordement) permettant d'étendre les câbles électriques jusqu'à chaque foyer étaient très élevés, de l'ordre de 35 000 yens, et il fallait payer une somme forfaitaire. Seuls quelques rares ménages disposant de revenus pouvaient souscrire un contrat», explique M. Wakamatsu.

Pour que la JICA contribue à ce projet dans le cadre de son programme de dons, M. Wakamatsu, en tant que représentant de celle-ci, a mené une série de discussions avec la Kenya Power and Lighting Company (KPLC), l'agence responsable de la mise en œuvre du projet. Il a aussi tenu des réunions avec le ministère kényan de l'Énergie sur des enjeux liés à l'électrification et a échangé des vues sur les mesures à envisager.

S'agissant des frais initiaux – qui constituaient un frein important au raccordement –, des exonérations en fonction des revenus ainsi qu'un mécanisme de paiement échelonné sur 24 mois ont été mis en place pour promouvoir l'électrification.

PhotoLa KPLC se rend dans les zones privées d’électricité avec des véhicules estampillés «projet de connectivité du dernier kilomètre».

M. Wakamatsu dit avoir fait certaines découvertes lors de ses visites de zones dépourvues d'électricité, de sous-stations et de chantiers de construction d'infrastructures électriques.

«J'ai été frappé de voir que les techniciens de la KPLC prenaient grand soin de leurs transformateurs de distribution en réparant dans leurs ateliers ceux qui étaient en panne ou endommagés afin de les réutiliser. J'ai également pu observer des villes et des villages où l'électricité n'était pas encore disponible ; j'imagine donc sans mal l'impact que l'électrification pourrait avoir sur la vie de leurs habitants. Ce serait bien de les voir profiter des bienfaits de l'électricité.»


Effets de la production d'électricité géothermique et confiance qu'inspire le Japon

La production d'électricité géothermique offre bien des avantages : elle émet notamment peu de CO2 et l'exploitation est stable quelles que soient les conditions météorologiques. En revanche, des risques élevés peuvent être associés à la phase d'exploration en amont. Depuis les années 1910, le Japon développe cette énergie sur son territoire. Il a donc accumulé un vaste savoir-faire et dispose d'une des meilleures technologies au monde. Les pièces d'origine japonaise dans ce domaine suscitent la confiance non seulement du monde en développement, mais aussi des pays développés.

Selon M. Wakamatsu, environ un cinquième des 680 mégawatts d'électricité géothermique produits au Kenya le sont grâce à l'appui du Japon. De plus, des installations qui fourniront 261 mégawatts supplémentaires sont actuellement en cours de construction grâce à l'aide japonaise.

«J'ai été vraiment enthousiasmé la première fois que j'ai vu de la vapeur s'élever des centrales géothermiques sur le site d'exploitation d'Olkaria. Plusieurs de ces centrales ont été construites avec l'appui du Japon, et j'en ai éprouvé de la fierté», raconte M. Wakamatsu.

PhotoM. Wakamatsu (deuxième en partant de la gauche) inspecte la centrale géothermique d'Olkaria. De par la seule taille de ses installations, elle dépasse la capacité totale de production géothermique au Japon.

Autre élément qui a marqué M. Wakamatsu : la confiance que le Kenya voue au Japon. «L'appui du Japon suscite des attentes très fortes au Kenya. J'ai été impressionné par le fait que nous soyons parvenus à gagner leur confiance pour actualiser le plan directeur de l'énergie géothermique, et qu'ils nous aient demandé de les aider à améliorer l'exploitation et la maintenance de leur centrale géothermique.» La collaboration avec les Kényans lui a permis, dit-il, d'évoluer sur le plan professionnel.


Améliorer le potentiel de l'Afrique

La «passion et un certain goût des défis» ont toujours compté dans le travail et dans la vie de M. Wakamatsu. Il n'était qu'en quatrième classe de l'école primaire lorsque la lecture d'un article sur le braconnage d'éléphants en Afrique dans un magazine pour enfants l'a mis sur la voie de la coopération internationale. L'Afrique occupe donc une place de choix dans son cœur.

PhotoZone dépourvue d’électricité. Les lignes de distribution qui arrivent jusqu’ici devraient être raccordées au réseau dans le cadre du projet de la JICA.

«L'Afrique est très jeune et possède un potentiel immense. C'est un endroit où les actions que l'on mène se traduisent par des résultats visibles. Je souhaite donc relever de nombreux défis et œuvrer à la réalisation des possibles.»

À l'avenir, M. Wakamatsu continuera à travailler au développement de la production d'énergie géothermique en Afrique, notamment au Kenya, et à participer à des projets de coopération technique conduisant par exemple à améliorer l'efficacité de la centrale géothermique d'Olkaria grâce à l'Internet des objets (IdO).


Profil
Eiji Wakamatsu
Il a rejoint la JICA en 2002. Après avoir travaillé au département du développement humain et au bureau de la JICA en Afghanistan, il a été détaché à la Banque mondiale puis a intégré le département de l'Afrique. En 2017, il a commencé à travailler au sein du groupe Énergie et mines du département du développement industriel et des politiques publiques. Il est principalement responsable du programme géothermie mondiale ainsi que de la planification et de la gestion de projets d'électricité en Afrique. Il est originaire de la préfecture de Hyogo.

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