[CCNUCC COP Spécial 2] Protéger la Terre par la gestion durable des forêts : Projet de conservation des forêts en RDC

2023.12.01

COP28, la 28e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, se tiendra aux Émirats arabes unis du 30 novembre au 12 décembre. À l'occasion de cette conférence, nous publions une série en deux parties qui se concentre sur la coopération de la JICA en matière d'action climatique. Ce deuxième et dernier article porte sur un projet de conservation des forêts en république démocratique du Congo (RDC), un pays qui possède la deuxième plus grande superficie de forêt tropicale au monde. Il s'agit d'une initiative de gestion durable des forêts qui vise à contribuer à l'action climatique et à la conservation de la biodiversité.

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La relation entre la déforestation et le changement climatique

La température mensuelle moyenne de la planète a atteint un niveau record en juillet 2023. Ce record a été établi alors que le changement climatique est devenu une question urgente à l'échelle mondiale, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, avertissant que « l'ère du réchauffement climatique est terminée, place à l'ère de l'ébullition mondiale ». Outre l'utilisation de combustibles fossiles, la déforestation a également été identifiée comme une cause du changement climatique.

Les forêts jouent un rôle nécessaire dans la régulation de la circulation de l'oxygène et du carbone en absorbant une partie du dioxyde de carbone (CO2) présent dans l'atmosphère. Avec leur environnement chaud et humide, les forêts tropicales sont particulièrement efficaces pour stocker de grandes quantités de carbone grâce à leur activité de photosynthèse tout au long de l'année. La déforestation des forêts tropicales contribue au réchauffement de la planète en libérant dans l'atmosphère le carbone qui était stocké dans les arbres et le sol. On estime que 13 à 21 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre sont dues à la libération de gaz à effet de serre provenant de la déforestation (*). La lutte pour le climat passe par l'arrêt de la déforestation, qui revêt une importance cruciale. La régénération des écosystèmes naturels (y compris la plantation d'arbres comme moyen d'augmenter l'absorption des gaz à effet de serre dans l'atmosphère) est également un facteur qui devrait permettre d'atteindre cet objectif.

*Émissions dans les secteurs de l'agriculture, de la sylviculture et des autres utilisations des terres (AFOLU), 2010-2019.

Source : Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) : Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) Sixième rapport d'évaluation (AR6)

L'importance de préserver « l'un des poumons de la Terre »

Le bassin du Congo (qui s'étend sur la RDC, la république du Congo, le Cameroun, le Gabon et les pays voisins) est situé dans le bassin du fleuve Congo en Afrique centrale. Il s'agit de la deuxième plus grande zone de forêt tropicale au monde après la forêt amazonienne, représentant 90 % des forêts tropicales du continent. En RDC, une quantité croissante de forêts disparaît chaque année en raison de la déforestation pour la production de terres agricoles et de charbon de bois. Environ 6,3 millions d'hectares de forêt tropicale (soit environ 17 % de la superficie du Japon) ont disparu au cours des 20 années écoulées depuis 2002. Depuis 2014 en particulier, on observe une réduction annuelle de plus de 450 000 hectares de forêt tropicale.

La conservation des forêts tropicales du bassin du Congo, connues sous le nom de « Poumons de la Terre », avec sa biodiversité et l'habitat d'animaux rares tels que les bonobos et les okapis, est un enjeu mondial. En 2021, une déclaration commune a été adoptée lors de la COP26 à Glasgow pour soutenir la protection et la gestion durable des forêts du bassin du Congo.

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La coopération avec d'autres pays est essentielle

Environ 60 % des forêts tropicales du bassin du Congo sont situées en RDC. Depuis 2012, la JICA est impliquée dans un projet de coopération technique qui comprend le renforcement du système national de surveillance des ressources forestières afin de protéger les forêts tropicales du bassin du Congo. Le ministère de l'Environnement et du développement durable de la RDC et d'autres agences d’aide et organisations internationales concernées ont vivement salué les résultats obtenus, et un nouveau projet pilote de conservation des forêts a démarré en 2019, se concentrant sur la province de Kwilu dans l'ouest du pays.

Ce projet est réalisé en partenariat avec l'Initiative pour les forêts d'Afrique centrale (CAFI). Les investisseurs de la CAFI sont la Norvège, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni et d'autres pays, et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en assure le secrétariat. La coopération avec d'autres pays dans le cadre de la CAFI est vitale pour ce projet, selon Kurimoto Masaru du département de l'environnement mondial de la JICA. « La superficie de la RDC est si vaste qu'elle rivalise avec celle de l'Europe occidentale, de sorte que les actions du Japon ne suffisent pas à elles seules à mettre un terme à la déforestation », explique-t-il. « Nous devons continuer à coopérer avec d'autres pays, tout en poursuivant le dialogue avec le gouvernement de la RDC. »

Kurimoto Masaru , directeur de l'environnement naturel 2, groupe de la foresterie et de la conservation de la nature du département de l'environnement mondial de la JICA. Après une première approche de l’Afrique centrale en 2013, par le biais du département Afrique de la JICA, il a été affecté au bureau de la JICA en RDC en 2017. Il s’occupe depuis plusieurs années des questions de conservation de la nature du bassin du Congo.

Kurimoto Masaru , directeur de l'environnement naturel 2, groupe de la foresterie et de la conservation de la nature du département de l'environnement mondial de la JICA. Après une première approche de l’Afrique centrale en 2013, par le biais du département Afrique de la JICA, il a été affecté au bureau de la JICA en RDC en 2017. Il s’occupe depuis plusieurs années des questions de conservation de la nature du bassin du Congo.

Régénérer les forêts tout en protégeant les forêts existantes

La province de Kwilu, où se déroule ce projet, est similaire, par sa taille et sa densité de population, à la préfecture japonaise de Hokkaido. Elle est voisine de la capitale Kinshasa, qui compte 10 millions d'habitants. Même à Kinshasa, l'infrastructure électrique n'est pas encore bien développée, de sorte qu'il y a une forte pression pour utiliser les forêts de la province comme source de bois de chauffage et de charbon de bois pour la cuisine. Il a été confirmé que les forêts de la province ont diminué d'une moyenne annuelle de 7 870 ha entre 2010 et 2014.

Des sacs de bois de chauffage et de charbon de bois sont alignés le long de la route principale dans la province de Kwilu. La plupart d'entre eux seront transportés à Kinshasa.

Des sacs de bois de chauffage et de charbon de bois sont alignés le long de la route principale dans la province de Kwilu. La plupart d'entre eux seront transportés à Kinshasa.

L'objectif de ce projet est de planter des arbres forestiers et de cultiver des plantes en utilisant des pratiques agroforestières dans 250 villages de la province. Des acacias à croissance rapide, qui peuvent atteindre une taille supérieure à celle d'une personne en seulement deux ans, ainsi que des arbres fruitiers, tels que des manguiers et des avocatiers, sont plantés en même temps que des espèces indigènes. À terme, ces arbres permettront d'assurer un approvisionnement durable en bois de chauffage, en charbon de bois et en fruits. Ces mêmes terres sont également utilisées pour cultiver des aliments locaux de consommation courante, tels que le manioc, le maïs et les arachides.

Le manioc, le maïs et les céréales sont plantés entre les jeunes pousses d'acacia. L'acacia fixe l'azote et enrichit le sol.

Le manioc, le maïs et les céréales sont plantés entre les jeunes pousses d'acacia. L'acacia fixe l'azote et enrichit le sol.

Deux ans après leur plantation, les arbres mesurent plus de deux ou trois mètres et ont atteint la hauteur de la forêt.

Deux ans après leur plantation, les arbres mesurent plus de deux ou trois mètres et ont atteint la hauteur de la forêt.

M. Kurimoto, de la JICA, souligne que le pouvoir de décision dans la création de ces forêts agroforestières (comme la cartographie des emplacements de plantation d'arbres et de culture, ainsi que les décisions sur les types de culture) est laissé aux mains des villageois. « Nous ne sommes en mesure de mener à bien ces activités de conservation durable des forêts que parce que les villageois sont satisfaits et agissent de leur propre initiative », ajoute-t-il.

Le projet est promu dans le cadre de REDD+, une initiative internationale de lutte contre le changement climatique offrant des incitations économiques aux pays en développement qui suppriment la déforestation et la dégradation des forêts et qui parviennent à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il évalue les efforts de conservation des forêts aux niveaux national et sous-national (provincial) sur une période à long terme. La sensibilisation à la conservation des forêts menée au cours de ces activités devrait conduire à une réduction des émissions de carbone, à la conservation de la biodiversité et à l'amélioration des moyens de subsistance de la communauté.

Les habitants cartographient la région et planifient l'utilisation des terres en réfléchissant à la manière de conserver les forêts du village.

Les habitants cartographient la région et planifient l'utilisation des terres en réfléchissant à la manière de conserver les forêts du village.

Une approche qui respecte l’appropriation communautaire

Au cours des quatre années qui ont suivi le lancement du projet, l’agroforesterie a été développée sur 3 960 ha, soit environ 80 % de la zone cible dans la province de Kwilu. Les forêts des villages qui ont besoin d’être préservées ont également été identifiées et des règles de conservation ont été formulées. Lors d’une évaluation à mi-parcours du projet en 2022, le Fonds national REDD (FONAREDD), l'organe de supervision des projets financés par la CAFI, a félicité la JICA pour son « approche privilégiant l'appropriation et une communication harmonieuse avec les communautés locales ».

Le projet restera fidèle à son concept d'appropriation villageoise tout en menant des activités visant à mettre en œuvre l'agroforesterie dans une zone de plus de 5 000 ha. Une fois le projet terminé, la gestion durable des forêts devrait se poursuivre grâce aux compétences et aux connaissances acquises au sein de ces communautés.

M. Kurimoto déclare : « Je voudrais encourager davantage l’appropriation et la coopération entre la communauté locale, le gouvernement de la province de Kwilu et le ministère de l'Environnement et du développement durable de la RDC, et soutenir ainsi les efforts déployés pour garantir que les forêts congolaises puissent être transmises aux générations futures ».

Forêt cultivée par agroforesterie (village de Kimbedi, province de Kwilu)

Forêt cultivée par agroforesterie (village de Kimbedi, province de Kwilu)

Contribuer à partir d'une perspective unique au Japon

Le changement climatique constitue une menace pour tous les pays du monde. De nombreux pays en développement ne sont pas prêts à prendre des mesures adéquates pour atténuer ou éviter l'impact attendu du changement climatique, qui aura probablement des répercussions majeures sur leurs sociétés et leurs économies. La communauté internationale tout entière se doit d’intervenir, aussi la JICA s'engage-t-elle tant pour atténuer les effets du changement climatique, en réduisant les émissions de gaz à effet de serre dans ses projets de développement, que pour s'y adapter, afin d'en éviter et d'en limiter l'impact. Les efforts de conservation des forêts, comme ce projet en RDC, sont des mesures d'atténuation.

« Le Japon bénéficie d'un environnement naturel formé de montagnes, de forêts et d'océans », précise M. Kurimoto de la JICA. « Si nous sommes ainsi sensibles aux changements saisonniers, nous sommes aussi constamment confrontés à des catastrophes naturelles. Le Japon a développé une relation unique avec la nature au cours de sa longue histoire, faisant même de la nature un objet de culte, ce dont témoigne l'expression "yao yorozu no kami (dieux innombrables dans la nature)". Je crois que le Japon est de ce fait plus à même d'apporter une contribution positive à la conservation de l'environnement naturel de la planète, et je pense que le monde attend de nous que nous jouions ce rôle. »

Travaux de préparation de l'agroforesterie par les femmes du village

Travaux de préparation de l'agroforesterie par les femmes du village

Liens utiles

Projet de conservation des forêts de la république démocratique du Congo (phase préliminaire) (en anglais)

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