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Rapport d'événement : Vers la TICAD8 - Progression de l'intégration économique de l'Afrique, dans la période de l'après-crise

20 septembre 2022

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De gauche à droite, Jennifer Chiriga, modératrice, chef de cabinet auprès du secrétaire exécutif
de l'AUDA-NEPAD, Towela Nyirenda Jere, chef de la division de l'intégration économique de
l'AUDA-NEPAD, Toshiyuki Nakamura, vice-président senior de la JICA, George Kararach,
économiste en chef de la BAD, Ayodele Odusola, représentant résident du PNUD en Afrique du Sud.

Les incertitudes mondiales telles que la pandémie de COVID-19, ainsi que les pénuries alimentaires et l'inflation galopante sur fond de crise russo-ukrainienne sont quelques-uns des problèmes susceptibles de faire dérailler la croissance et l'intégration économique de l'Afrique. En prélude à la huitième conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD8) qui se tiendra en Tunisie, les 27 et 28 août 2022, les principaux intervenants dans l'arène du développement du continent se sont réunis en Afrique du Sud le 21 juin pour examiner comment promouvoir l'intégration économique de l'Afrique afin de garantir un développement socio-économique résilient et inclusif. La convention avait pour but de promouvoir la mise en place de la zone de libre-échange continentale africaine (AfCFTA). Le colloque, qui s'est tenu dans un format hybride, a été co-organisé par l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA), la Banque africaine de développement (BAD), l'Agence de développement de l'Union africaine (AUDA-NEPAD) et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

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À gauche : M. Norio Maruyama, ambassadeur du Japon en Afrique du Sud

M. Norio Maruyama, ambassadeur du Japon en Afrique du Sud, a ouvert la conférence en soulignant que la TICAD se focalise sur le développement durable et global de l'Afrique, en se basant sur les principes fondamentaux d'appropriation et de partenariat pour renforcer la sécurité humaine. M. Maruyama a précisé que, depuis des décennies, le Japon est un partenaire actif de l'Afrique, à la fois en matière d'aide publique au développement et d'investissements du secteur privé. M. Maruyama a terminé son discours d'ouverture en présentant les trois piliers principaux de la conférence TICAD8 à venir, à savoir, l'économie, les problèmes sociaux et la paix, et la stabilité. Il a souligné également le fort potentiel du Japon pour travailler avec l'Afrique dans des domaines tels que la transition énergétique en vue d'atteindre la neutralité carbone.

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Towela Nyirenda Jere, chef de la division de l'intégration économique de l'AUDA-NEPAD

Suite aux remarques de M. Maruyama, le Dr Towela Nyirenda Jere, chef de la division de l'intégration économique de l'AUDA-NEPAD, a rappelé l'ambition de l'AfCFTA de créer un marché continental unique couvrant 1,2 milliard de personnes et sa capacité à devenir le premier marché économique du monde avec un produit intérieur brut (PIB) combiné de 2,5 trillions de dollars US. Une fois pleinement opérationnel, Mme Jere a estimé qu'il pourrait sortir 38 millions de personnes de la pauvreté ; à condition toutefois, d'assurer des débouchés commerciaux par la construction « d'une infrastructure résiliente et de qualité très durable » facilitant la circulation des personnes, des biens, des services et du capital dans tout le continent.

Renforcer la résilience et le rôle important des PME

L'Afrique est vulnérable aux chocs mondiaux en raison de ses faiblesses structurelles en termes de gestion économique, à la fois au niveau national et continental, a déclaré le Dr Ayodele Odusola, représentant résident et directeur du pôle du secteur financier en Afrique pour le PNUD. Cela constitue une menace pour le « triple défi du développement » que sont la pauvreté, l'inégalité des revenus et le chômage.

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Ayodele Odusola, représentant résident du PNUD

Selon M. Odusola, pour devenir plus résiliente, l'Afrique devrait « se défaire du syndrome de la dépendance », soulignant l'importation par le continent de denrées alimentaires susceptibles d'être produites de manière autonome en Afrique et ensuite exportées vers le reste du monde.

M. Odusola a également expliqué que l'Afrique devrait s'efforcer de rompre le cycle dans lequel « elle est devenue spécialiste des exportations de produits primaires », comme dans l'agriculture, les métaux ou le pétrole et le gaz, alors que la valeur ajoutée créerait de la richesse et des emplois. Il a observé que le secteur agro-alimentaire africain pourrait générer jusqu'à 3,7 trillions de dollars US, ce qui représente presque le triple du PIB actuel du continent.

M. Odusola a ajouté qu'il était essentiel de remédier aux risques liés au climat d'investissement en Afrique pour faire en sorte que le continent soit une destination d'investissement plus attrayante. Notamment, il faudrait stopper les flux financiers illicites, estimés à environ 86 milliards de dollars US par an.

Abondant dans ce sens, Mme Jere a souligné le rôle crucial des petites et moyennes entreprises (PME). Elle a appelé l'Afrique à concevoir des politiques favorisant l'essor des PME, notamment en leur permettant de produire les biens et services nécessaires. Mme Jere a ensuite observé que la création d'un écosystème de start-up résilient, incluant la résolution de problèmes dans des domaines tels que la numérisation et l'accès aux marchés et au financement, pourrait contribuer à la création d'un commerce durable. « Il est impératif et il nous appartient de veiller à ce que nous ne perdions pas la dynamique pour tirer tous les bénéfices de l'AfCFTA », a déclaré Mme Jere.

En écho, M. Odusola a décrit les PME comme étant « le moteur de la croissance et du développement » de l'Afrique. Il a également signalé que le PNUD avait facilité un programme de développement de l'approvisionnement à travers le continent pour relier les PME aux grandes entreprises. Toutefois, il a rappelé la présence d'obstacles responsables notamment de la fermeture de 70 pour cent des PME avant leur troisième année d'activité et que suite à cela, le PNUD avait développé un « Youth Entrepreneurship Action Hub » (plateforme d'action pour l'entrepreneuriat des jeunes) afin de renforcer les capacités des petits entrepreneurs, tout en les connectant à des institutions financières et en leur donnant accès au marché.

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George Kararach, économiste en chef de la BAD

Le Dr George Kararach, économiste en chef de la BAD, a ajouté qu'il était tout aussi important de penser aux infrastructures pour un monde post-pandémique dans lequel il voyait le commerce électronique comme un marché en croissance. Mais pour sécuriser le commerce électronique, il était essentiel de mettre en place des infrastructures résilientes en matière de technologies de l'information et de la communication (TIC) et d'accès aux données, en plus de sources d'énergie sûres.

Renforcer l'intégration et les capacités

Les intervenants ont aussi discuté des moyens de renforcer l'intégration dans différentes institutions, ainsi que le capital humain. M. Odusola a affirmé qu'il était primordial de créer une « synergie où un plus un est supérieur à deux » et de « veiller à ce que, quoi que nous fassions, nous placions les personnes au centre, au début et à la fin de l'ensemble du processus ».

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Toshiyuki Nakamura, vice-président senior de la JICA

M. Toshiyuki Nakamura, vice-président senior de la JICA, a déclaré que la priorité accordée à la sécurité humaine, à savoir « ne laisser personne de côté », était au cœur des efforts de l'Agence. M. Nakamura a ajouté que le renforcement de la résilience nécessitait l'engagement à long terme des intervenants, précisant que les contributions de la JICA en matière de coopération financière et technique à des institutions médicales au Kénya et au Ghana, y compris par le biais de formations au Japon, avaient généré un réseau continental sous l'égide des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies qui pourrait gérer la COVID-19. L'AUDA-NEPAD et la JICA ont collaboré pour soutenir des solutions locales de manière à ce que les entreprises africaines produisent des masques et autres accessoires essentiels.

Une autre initiative qui s'est avérée efficace dans le contexte des pénuries alimentaires causées par le conflit russo-ukrainien, est la Coalition pour le développement de la riziculture en Afrique (CARD), qui vise à doubler la production de riz en Afrique, a poursuivi M. Nakamura.

M. Kararach a insisté sur la nécessité de créer des institutions robustes, indiquant que les investisseurs seraient plus attirés par des « mesures incitatives adéquates » que par des « régimes très rigides ». Mais il a aussi fait remarquer que les crises pouvaient se transformer en opportunités, donnant l'exemple de la Banque africaine de développement qui a mis en place un système de réponse à la COVID-19 de 10 milliards de dollars US, ayant la capacité de produire des vaccins qui peuvent être exportés dans le monde entier.

M. Kararach a ajouté qu'il était crucial d'améliorer le niveau de vie de la communauté africaine en créant plus d'emplois, évoquant des chiffres qui montrent que près de deux jeunes sur trois sont au chômage en Afrique du Sud. À cette fin, il a affirmé que « l'intégration ne concerne pas seulement les biens et les services puisqu'il peut y avoir une intégration culturelle et que beaucoup de nos citoyens vivent de part et d'autre des frontières et parlent la même langue ». M. Kararach a exprimé son souhait que l'Afrique « ait clairement voix au chapitre » dans la période de l'après-crise.

Lors de la session de clôture de cette conférence, la JICA et l'AUDA-NEPAD ont lancé la 3e édition du guide de référence des postes de contrôle juxtaposés (One-Stop Border Post - OSBP) (lien externe), source de référence essentielle qui définit le concept OSBP et fournit des directives sur les opérations OSBP. Au cours de l'événement, les intervenants ont reconnu que la TICAD 8 sera une opportunité cruciale pour discuter des moyens d'améliorer l'intégration économique régionale de l'Afrique. Durant la TICAD, des intervenants publics et privés traiteront du développement de l'Afrique et les discussions de cet événement ouvriront la voie à la TICAD8.

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Jennifer Chiriga, modératrice, chef de cabinet auprès du secrétaire exécutif de l'AUDA-NEPAD