10e anniversaire de la collaboration avec MUJI : La fabrication artisanale soutient l'autonomie des femmes kirghizes

2021.01.21

Situé en Asie centrale, le Kirghizstan est l'un des pays ayant acquis leur indépendance après l'effondrement de l'Union soviétique. Depuis lors, ce pays a connu une série de bouleversements politiques ainsi qu'une stagnation économique liée à son manque de ressources énergétiques et à l'insuffisance d'industries capables de tirer sa croissance économique. Au Kirghizstan, la JICA déploie des projets visant à revitaliser l'économie en s'appuyant sur des spécialités locales, conformément au programme japonais «Un village, un produit» (OVOP pour One Village One Product). L'année passée a été marquée par le 10e anniversaire de ces initiatives menées en coopération avec MUJI, qui ont permis aux femmes impliquées dans les organisations produisant des spécialités locales d'accéder à l'autonomie. MUJI est une marque japonaise de produits de la vie quotidienne opérant à l'échelle mondiale.

Photo

Au Kirghizstan, le projet «Un village, un produit» a revitalisé l'économie locale et favorisé l'autonomie des femmes.

Production de spécialités locales comme levier de confiance en soi

«Au Kirghizstan rural, la plupart des femmes ont un statut inférieur au sein du foyer. Par exemple, elles peuvent difficilement voyager hors de leur village en raison de leurs obligations ménagères. Néanmoins, ces projets leur ont donné la possibilité de fabriquer des produits locaux, d'en tirer un revenu et de subvenir aux besoins de leur famille, améliorant ainsi leur statut au sein du foyer, leur degré d'indépendance et leur confiance en soi.»

HARAGUCHI Akihisa, expert de la JICA en charge du projet OVOP dans le district d'Issyk-Kul, au Kirghizstan depuis 2009, revient sur la décennie écoulée. OVOP est une initiative en faveur de la revitalisation régionale qui a démarré dans la préfecture d'Oita au Japon. En vertu de ce concept au nom explicite, «chaque village crée des produits spécifiquement nationaux de qualité mondiale». La province qui englobe le district d'Issyk-Kul est située sur la route de la soie reliant le Japon au Moyen-Orient ; elle a toujours été un centre de production lainière et un «grenier» à fruits et à baies. Par le biais de ce projet, des spécialités locales comme les confitures et les objets d'artisanat en feutre deviennent des produits de qualité supérieure, à forte valeur ajoutée.

Les femmes apprennent à travailler la laine feutrée.

Dans chaque village, un «atelier communautaire» est mis en place dans des bâtiments scolaires désaffectés ou des locaux municipaux. Toutes les femmes peuvent y participer, y apprendre les techniques artisanales et réaliser leur propre production. Les profits tirés des articles fabriqués à l'atelier reviennent aux producteurs, et les femmes du village peuvent gagner leur propre argent.

Créer un système susceptible de générer des revenus réguliers

L'aspect le plus important du projet OVOP, c'est qu'il est ouvert à tous et qu'il doit pouvoir générer des revenus fiables de façon continue. À cet effet, le projet soutient le lancement d'OVOP+1, qui assure des fonctions logistiques comme le développement de produits, les achats de matières premières, la commercialisation et l'exportation. Le projet vise à renforcer encore les capacités d'OVOP+1 à faire le lien entre les producteurs et les marchés.

Quelque 2 700 producteurs se sont inscrits à OVOP+1 dans le district d'Issyk-Kul, dont 90 % de femmes de la région. Les activités d'OVOP+1 se diffusent à présent sur tout le territoire kirghize, et par la mise en place d'un «système permettant de vivre et de gagner sa vie au village», nous espérons améliorer le statut des femmes kirghizes dans leur ensemble et enrayer l'exode des jeunes à la recherche d'un emploi.

Photo

OVOP+1 assure l'intégralité des activités : achat des matières premières (à gauche), gestion de la qualité des produits (au centre), conception et planification (à droite), réseautage d'entreprises.

M. Haraguchi analyse ainsi l'avenir d'OVOP+1 au Kirghizstan :

«Les collaborateurs d'OVOP+1 travaillent de concert avec les producteurs pour répondre à la demande de produits de grande qualité qui émane des clients. À maintes reprises, ils ont su faire face à la pression liée à la livraison de produits, et ces expériences réussies leur ont permis peu à peu de développer leur esprit d'entreprise. Ce cycle devrait permettre au système de perdurer même après la fin du projet JICA».

La hausse des commandes de produits MUJI aide les villages appauvris par la COVID-19

Les produits fabriqués dans le cadre de ce projet peuvent aussi être achetés au Japon par Ryohin Keikaku Co. Ltd., la société qui détient MUJI. Le «projet MUJI x JICA» a démarré en 2010 en collaboration avec la JICA, pour développer des produits dans les pays émergents.

Chaque année, les magasins MUJI commercialisent entre 10 et 20 modèles d'articles en feutre du Kirghizstan qui, en termes de qualité et de design, n'ont rien à envier aux autres produits. Face à l'intérêt croissant pour la consommation éthique, qui pousse les gens à acheter des produits fabriqués dans de bonnes conditions, avec des retombées bénéfiques pour les populations locales, les commandes passées par MUJI durant la décennie écoulée représentent près de 40 % des ventes totales d'OVOP+1.

Photo

Cette peluche en feutre, spécialité du district d’Issyk-Kul, est devenue un produit phare chez MUJI. Il en existe de nombreuses versions, qui ont toutes leurs fidèles amateurs.

En raison de la pandémie de COVID-19, les zones rurales ont été dans l'incapacité d'expédier du bétail et des produits agricoles vers les pays voisins. De plus, des membres de la famille partis travailler à l'étranger ayant perdu leur emploi, leurs transferts de fonds ont fortement diminué. À l'heure où les villageois subissent des privations économiques liées à ces pertes de revenus, l'augmentation des commandes de la part de MUJI et la poursuite des activités de production soutiennent les moyens d'existence de ces villages.

Photo

Les collaborateurs du Kirghizstan visitent le siège social de MUJI.

Quant aux attentes pour l'avenir, M. Haraguchi explique : «Jusqu'ici, les produits n'ont été commercialisés que dans quelques magasins au moment de Noël. Nous discutons actuellement avec Ryohin Keikaku de la possibilité de développer des produits qui feraient partie de l'offre régulière des boutiques MUJI. Nous pensons que seuls des produits authentiques et de grande qualité peuvent susciter une relation durable entre les producteurs et les consommateurs. Nous espérons également que ce projet collaboratif servira de référence à d'autres entreprises désireuses de participer à des activités de production dans les pays en développement».

Pour commémorer le 10e anniversaire du lancement du projet avec la JICA, l'exposition spéciale «Found MUJI Kyrgyzstan» se tient actuellement dans 17 boutiques MUJI dans tout le pays et dans les magasins en ligne (jusqu'au 11 février 2021).


Sns partage!

  • X (Twitter)
  • linkedIn
Vers la page de liste