Améliorer les conditions de vie dans les camps de réfugiés palestiniens : Travailler avec les femmes, les jeunes et les personnes ayant des besoins spéciaux pour améliorer leurs moyens de subsistance

2022.02.15

«Nous jouons tout le temps à cache-cache et au football !» En entendant ces mots d'un élève d'une école primaire d'un camp de réfugiés palestiniens, les élèves japonais ont souri et se sont exclamés : «C'est tout à fait comme nous !». Un événement «ORIGAMI* Friendship» (amitié ORIGAMI) a été organisé en décembre dernier pour mettre en relation des élèves d'écoles primaires japonaises et des enfants de camps de réfugiés palestiniens en Cisjordanie.

* L'origami est un art japonais consistant à plier du papier pour créer des formes et des figures décoratives.

Photo

Naissance d'une nouvelle amitié entre des élèves japonais du primaire et les enfants de trois camps de réfugiés de Cisjordanie, en Palestine. La JICA les aide à améliorer leurs moyens de subsistance.

«Nous n'aurions jamais pensé que plier du papier pouvait être aussi amusant !» se sont écriés avec des étoiles plein les yeux les enfants palestiniens qui découvraient pour la première fois l'art de l'origami. Et d'ajouter : «Nous espérons que tout le monde au Japon comprendra que nous ne pouvons pas retourner dans notre patrie et que nous vivons sous occupation». Comment ces mots ont-ils été compris par les jeunes Japonais ? Le programme ORIGAMI Friendship a fait l'objet d'un article dans Asahi Shogakusei Shimbun (un journal destiné aux enfants des écoles primaires).

Une grande partie de la population palestinienne est déracinée depuis plus de 70 ans. Dans les camps de réfugiés dispersés en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, les problèmes économiques et sociaux s'aggravent de jour en jour. Les bâtiments et les installations sont délabrés, tandis que les deuxième et troisième générations de réfugiés, qui sont nés et ont grandi dans ces mauvaises conditions, sont plus que jamais victimes du chômage et de la pauvreté. À travers ses efforts pour améliorer les conditions de vie dans les camps de réfugiés palestiniens en Cisjordanie, la JICA aide les résidents à aller de l'avant et à retrouver l'espoir.

Photo

Bâtiments construits sans plan d'urbanisme dans le camp de réfugiés de Nur Shams.

Le problème persistant des réfugiés palestiniens

«La question des réfugiés palestiniens est l'un des plus vieux problèmes géopolitiques du monde, depuis la guerre israélo-arabe de 1947-1949 et la création de l'État d'Israël en 1948. L'expression "camp de réfugiés" laisse penser que les réfugiés vivent dans des tentes, de manière temporaire, pour échapper aux ravages de la guerre. Or, s'il s'agit bien d'habitations construites à titre provisoire, leur nombre n'a cessé d'augmenter pour abriter quatre générations successives, de sorte que la zone est aujourd'hui complètement délabrée malgré les rénovations et les extensions. Parallèlement au vieillissement des bâtiments, les infrastructures d'approvisionnement en eau, d'égouts et d'électricité n'ont pas été suffisamment entretenues, et les conditions de vie et socio-économiques continuent de se détériorer. C'est un problème urgent.»

Ce constat alarmant sur l'état actuel des camps de réfugiés a été dressé par l'expert SEKIGUCHI Masaya qui travaille sur le projet d'amélioration des camps de réfugiés (phase 2) (PALCIP2) de la JICA.

Photo

Cette ruelle du camp de réfugiés d'Old Askar est si étroite qu'il est difficile pour les résidents de s'y croiser.

Tout en espérant retourner un jour dans leur patrie en vertu du droit au retour (*1) décrété par une résolution de l'Assemblée générale des Nations unies, la majorité des réfugiés palestiniens quittent aujourd'hui les camps pour acheter ou louer des logements dans les villes environnantes, alors que les négociations de paix entre Israël et la Palestine stagnent.

«Cependant, ceux qui n'ont pas les moyens d'émigrer n'ont d'autre choix que de continuer à vivre dans les camps de réfugiés. Rien que pour la Cisjordanie, les 19 camps répartis sur le territoire abritent près de 260 000 personnes (*2). Une population qui continue de croître, certains ménages comptant une douzaine de membres, voire plus, qui vivent dans un espace de la taille de deux petites chambres. Dans les zones résidentielles, la construction des habitations est anarchique avec de multiples ruelles étroites où il est même difficile de se croiser. Il existe également de nombreuses zones dangereuses.»

Face à cette situation, la JICA, en collaboration avec le département des affaires relatives aux réfugiés (DoRA pour Department of Refugee Affairs) de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), a lancé en décembre 2016 un projet baptisé PALCIP dans les trois camps de réfugiés d'Aqbat Jabr, d'Old Askar et de Jalazone, en Cisjordanie.

PALCIP a favorisé l'établissement d'un système permettant aux représentants de divers groupes, tels que les femmes, les jeunes et les personnes ayant des besoins spéciaux, de participer à l'amélioration des camps. Auparavant, la gestion et le fonctionnement des camps étaient pris en main par un petit nombre d'hommes.

*1 Le «droit au retour des réfugiés palestiniens» est un principe reconnu par une résolution de l'Assemblée générale des Nations unies.
*2 L'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) estime qu'il y a entre 2 500 et 27 000 réfugiés palestiniens dans chaque camp.

Photo

M. Yaser Abu Keshek, membre du DoRA et chef du projet, explique la situation du logement dans le camp de réfugiés d'Old Askar.

Photo

Une route pavée en mauvais état dans le camp de réfugiés de Jalazone.

La participation des résidents crée de la motivation et des échanges

Dans le cadre du projet PALCIP, les résidents des camps discutent en premier lieu des points à améliorer avant de les présenter au forum d'amélioration du camp (FAC), composé de représentants choisis parmi les différents groupes de résidents, afin d'élaborer le plan d'amélioration du camp (PAC). Grâce à la coopération technique de la JICA, les experts japonais accompagnent ces activités participatives et contribuent à la mise en œuvre des plans d'amélioration proposés.

Husam Elayyan, membre du FAC et directeur du centre pour handicapés du camp de réfugiés de Jalazone, au nord de Ramallah, explique les résultats du projet comme suit : «Avant, je menais diverses activités de mon propre chef, mais la participation au FAC m'a permis de comprendre la nécessité d'écouter un large éventail de personnes autour de moi. J'applique aujourd'hui ce principe dans le cadre de mes activités au centre pour handicapés.»

Photo

M. Husam Elayyan, directeur du centre pour handicapés du camp de réfugiés de Jalazone

Photo

Mme Madiha Obaid (au centre) participe à une activité organisée pour les jeunes au camp de réfugiés d'Old Askar.

Madiha Obaid, membre du FAC du camp de réfugiés d'Old Askar, à Naplouse, au nord de la Palestine, est très motivée par le projet : «Grâce aux activités du FAC, j'ai pris conscience que je pouvais moi aussi contribuer au bien-être de la communauté en tant que femme. J'en ai été très heureuse ».

Des améliorations ont été apportées aux infrastructures étroitement liées à la vie communautaire, comme l'installation de rampes d'accès pour les fauteuils roulants dans les salles publiques des camps de réfugiés et l'aménagement de parcs avec des équipements de jeux sûrs pour les enfants.

Photo

(À gauche) Des membres du DoRA et du FAC discutent du PAC au camp de réfugiés d'Old Askar.
(À droite) Des installations publiques ont été rénovées en adoptant les principes de la conception universelle dans le camp de réfugiés d'Aqbat Jabr.

M. Sekiguchi, qui travaille sur le projet, énonce les termes clés du projet : «participation des résidents», «conception universelle» et «inclusivité», avant de revenir sur quelques événements mémorables :

«Comme au Japon, les jeunes Palestiniens ne participent pas tellement aux initiatives communautaires. Nous avons donc organisé, à titre d'essai, des activités de développement du leadership à leur intention. Cela a permis d'établir une bonne communication et de renforcer la confiance entre les jeunes participants et les dirigeants des différents groupes des camps de réfugiés, et la collaboration intergénérationnelle, rarement observée par le passé, a commencé à prendre pied.»

Photo

Activités communautaires menées par des jeunes dans le camp de réfugiés d'Aqbat Jabr. Des personnes de tous âges travaillent dur pour le bien de la communauté.

Œuvrer à une vie sûre et digne pour tous, quelles que soient les circonstances

Malgré l'impact dévastateur de la COVID-19 en Palestine, nous avons lancé une initiative avec le DoRA de l'OLP afin d'améliorer la vie des résidents. Dans la phase 2 du projet d'amélioration des camps de réfugiés (PALCIP2), des mesures d'urgence contre la pandémie de COVID-19 ont été mises en place dans les trois camps de réfugiés d'Aqbat Jabr, d'Old Askar et de Jalazone. En outre, l'amendement du PAC, suspendu en raison de la COVID-19, a été mis à jour. Depuis octobre dernier, M. Sekiguchi a repris ses activités de soutien sur le terrain.

Photo

En octobre de l'année dernière, M. Sekiguchi a présenté les activités communautaires japonaises aux nouveaux membres du personnel du DoRA sur le terrain.

«Dans le cadre de PALCIP2, nous expérimentons de nouvelles méthodes de collecte de fonds, comme le financement participatif, en dehors des voies traditionnelles. Le DoRA était sceptique quant à ces nouvelles méthodes au début, mais à l'usage, il s'est rendu compte de leur importance et de leur efficacité. Demain, nous espérons sortir des sentiers battus, relever des défis avec le DoRA et offrir un nouvel avenir aux camps de réfugiés. Certains diront : «À quoi bon rendre les camps de réfugiés confortables puisqu'il s'agit de logements temporaires ?». Cependant, avec la dégradation des conditions de vie des réfugiés palestiniens, nous pensons qu'il est extrêmement important de les aider à vivre en sécurité et dans la dignité. L'amélioration des conditions de vie est une activité de coopération qui n'est pas en contradiction avec le droit au retour.»

M. Sekiguchi, qui s'occupe de la question des réfugiés depuis de nombreuses années, envisage l'avenir avec résolution, comme s'il se parlait à lui-même.

Depuis novembre dernier, le projet a permis le lancement d'activités dans deux nouveaux camps de réfugiés. En collaboration avec le DoRA, le projet continuera à étendre ses efforts pour améliorer la vie des réfugiés «en incluant tout le monde» dans le plus de camps possible.

Photo

Formation au financement participatif dans le camp de réfugiés d'Aqbat Jabr pour la mise en œuvre du nouveau PAC.


Sns partage!

  • X (Twitter)
  • linkedIn
Vers la page de liste