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Les crises internationales montrent l'importance d'une coopération internationale en Afrique : Regards vers la TICAD 8

11 mai 2022

La huitième conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD 8) sera accueillie par la Tunisie en août 2022. C'est la deuxième fois depuis 2016 que la conférence est organisée par un pays d'Afrique, après la TICAD VI à Nairobi, au Kenya. La prochaine TICAD aura lieu dans un contexte marqué par la lutte de la communauté internationale contre la COVID-19, ainsi que par son soutien à l'Ukraine contre l'invasion russe et l'aide apportée à plus de cinq millions d'Ukrainiens déplacés. La TICAD 8 permettra de montrer l'engagement constant de la communauté internationale en général, et du gouvernement japonais en particulier, envers le continent africain. « Selon moi, la situation actuelle en Afrique est très proche de l'après-guerre froide, lorsque s'est tenue la TICAD I », explique KATO Ryuichi, vice-président de l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA), « pour cette raison, il est plus que jamais essentiel de réaffirmer l'importance de l'Afrique ».

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KATO Ryuichi, vice-président de l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA)

Le gouvernement japonais a organisé la première TICAD en 1993, juste après la fin de la guerre froide. La rivalité des superpuissances américaine et russe avait alors mis l'Afrique sur le devant de la scène internationale, chaque partie s'efforçant de gagner la sympathie et l'adhésion des populations africaines. Cependant, la fin des hostilités a laissé place à une indifférence envers le continent ainsi qu'à un recul de l'aide et de l'assistance des pays développés.

La philosophie de l'engagement du Japon pour le développement et la stabilité de l'Afrique au cours des trente dernières années remonte au lendemain de la seconde guerre mondiale. C'est à cette époque que les principes de base de la coopération au développement ont été détaillés dans le préambule de la constitution japonaise. M. Kato nous en explique les fondements : «Lorsque je prends la parole partout dans le monde, j'explique à l'auditoire que notre philosophie de la coopération au développement s'y formule comme suit : le Japon souhaite jouer un rôle de premier plan dans la communauté internationale en maintenant la paix et en luttant contre la tyrannie et l'oppression. Il s'agit à mon sens du cœur de la politique étrangère du Japon, y compris de sa coopération au développement ».

Étant donné le contexte historique de la naissance de la coopération au développement du Japon, il n'est pas surprenant que l'idée de la TICAD ait vu le jour dans ce pays. Le Premier ministre, Morihiro Hosokawa, a déclaré aux participants de la TICAD I en 1993 : « Si nous devons accepter le renforcement inévitable de l'interdépendance mondiale, alors il nous faut accepter aussi que les défis de l'Afrique concernent directement la communauté internationale. J'espère qu'au cours de ces deux journées de discussion, les pays africains exprimeront leur détermination à poursuivre leurs efforts de manière autonome et que leurs partenaires de développement soutiendront ces efforts avec détermination ».

La TICAD I a défini les priorités en matière d'appropriation et de partenariat. Dix ans plus tard, lors de la TICAD III, le concept de « sécurité humaine » a été introduit, devenant l'une des pierres angulaires de la diplomatie japonaise. Les points fondamentaux de la politique de coopération du Japon avec l'Afrique se divisent en trois volets : un développement centré sur l'humain, la réduction de la pauvreté grâce à un développement économique durable et la consolidation de la paix.

Les TICAD organisées par le gouvernement japonais regroupent un large éventail de participants, y compris de nombreux intervenants actifs en Afrique. Des coorganisateurs, tels que les Nations unies, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), la Banque mondiale et la Commission de l'Union africaine (CUA) nous accompagnent avec des dirigeants du secteur privé, des chefs d'État et des membres de la société civile. En 2019, la TICAD 7 a accueilli plus de 10 000 participants, 42 dirigeants africains venant de 53 pays, 52 pays partenaires de développement, 108 responsables d'organismes régionaux et internationaux ainsi que des partenaires du secteur privé et de la société civile.

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En 2019, la TICAD 7 a accueilli plus de 10 000 participants, 42 dirigeants africains venant de 53 pays, 52 pays partenaires de développement, 108 responsables d'organismes régionaux et internationaux ainsi que des partenaires du secteur privé et de la société civile.

Pendant 30 ans, l'engagement du Japon pour le développement de l'Afrique, à travers la coorganisation de la TICAD tous les 3 à 5 ans, a fortement consolidé ses liens avec ce continent. Grâce à la TICAD, le Japon a soutenu le développement mené par l'Afrique. Lors de la TICAD III en 2003, le Japon a appelé la communauté internationale à soutenir le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), un programme de développement de l'Union africaine (UA). Depuis, la JICA a continué à travailler en étroite collaboration avec le NEPAD et son successeur AUDA-NEPAD, l'Agence de développement de l'UA.

En tant que plateforme de dialogue sur le développement se traduisant par des actions directes pour les Africains, les initiatives de la TICAD ont donné naissance à une multitude de projets communautaires et commerciaux, y compris sur la qualité de vie en garantissant un accès sécurisé à l'eau potable et l'amélioration de l'accès à l'éducation primaire et secondaire ainsi qu'aux infrastructures médicales et de santé. L'une des initiatives particulièrement réussies de la TICAD est la création de la Coalition pour le développement de la riziculture en Afrique (CARD), un cadre de travail collaboratif qui a mobilisé les efforts concertés des pays africains et d'organismes internationaux, permettant ainsi d'atteindre l'objectif ambitieux de doubler la production de riz en Afrique entre 2008 et 2018.

La place particulière de la TICAD dans le développement international réside au fait qu'elle ne fonctionne jamais comme le « forum de donateurs » qui provoque le vieux stéréotype que des pays donateurs unilatéralement aident des bénéficiaires impuissants. Depuis le début, le Japon a voulu être un ami et un partenaire fiable pour l'Afrique, grâce à des efforts mutuels dépassant le modèle obsolète donateur-bénéficiaire. Ces efforts s'appuient sur une philosophie du développement qui promeut le leadership local africain, l'appropriation et le partenariat.

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M. Kato, le vice-président de la JICA, décrit la philosophie japonaise de la TICAD comme un dialogue continu : « À travers ce processus, l'Afrique et le Japon poursuivent constamment leur dialogue sur le développement. Le Japon apprend de l'Afrique grâce à ce processus et l'Afrique apprend également du Japon. Nous apprenons les uns des autres et apprenons à nous connaître par le dialogue. À travers ce processus, nous construirons une relation de confiance mutuelle ».

L'Afrique de 2022 est confrontée à de nombreux défis, y compris celui des effets persistants de la pandémie de COVID-19 et le bouleversement des systèmes économiques et des chaînes d'approvisionnement causé par l'invasion de l'Ukraine. Dans ce contexte, le Japon confirme son engagement à travailler conjointement avec les dirigeants des gouvernements africains, la société civile africaine et les acteurs internationaux afin d'utiliser la technologie, l'innovation et la transformation numérique pour garantir la sécurité humaine et le développement durable. La TICAD 8 est plus que jamais animée par un esprit de solidarité et d'engagement vers un objectif commun.