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Vers la TICAD8 : Les corridors de l'Afrique aplanissent les obstacles et assurent une croissance équitable

30 octobre 2022

L'Afrique, comptant 16 pays enclavés, le développement d'infrastructures telles que les ports, les routes et les lignes de transport d'énergie, est essentiel pour garantir une répartition plus équitable des fruits de la croissance. Ceci peut réduire les inégalités entre les zones côtières et intérieures, ainsi qu'entre les zones urbaines et rurales.

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La Dr TOKUORI Tomomi, conseillère principale (facilitation du commerce), département de la gouvernance et de la consolidation de la paix de la JICA

L'environnement et les défis entourant le « développement des corridors » ont changé ces dernières années en raison de facteurs tels que la création de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), le renforcement des contrôles frontaliers en réaction à la pandémie mondiale et l'augmentation des activités terroristes et des coûts liés au transport suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Le développement des corridors par la JICA doit donc, en conséquence, être amélioré, souligne la Dr TOKUORI Tomomi, qui se concentre sur les aspects immatériels du développement des corridors à l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA)

Si elle s'appuie sur la « transformation numérique (DX) » et continue à investir dans les ressources humaines, l'Afrique parviendra mieux à profiter des retombées de la ZLECAf, devenue opérationnelle en janvier 2021. La ZLECAf vise à créer un marché unique des biens et services, à faciliter la circulation des personnes, à promouvoir le développement industriel et une croissance socio-économique inclusive et durable.

« À l'avenir, le développement des corridors proposé par la JICA se doit de rechercher des approches qui créent et complètent des synergies avec les initiatives actuelles aux niveaux régional et continental, tout en suivant de près le progrès réalisés en matière de facilitation du transport et du commerce grâce aux dernières technologies numériques, » déclare la Dr Tokuori.

La huitième conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD8), qui s'est tenue fin août en Tunisie, fournit une plate-forme de discussion sur des sujets tels que la modernisation des douanes, la facilitation du commerce, la technologie et la numérisation des systèmes de transport de marchandises, etc.

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À droite, M. SANUI Kazumasa, directeur général adjoint et directeur de groupe pour le
développement urbain et régional, département de la gestion des infrastructures de l'Agence
japonaise de coopération internationale.


Selon M. SANUI Kazumasa, chargé de l'élaboration de concepts et de plans pour le développement des corridors à la JICA, les corridors permettent aux pays africains avec de faibles taux de croissance de travailler ensemble, réalisant ainsi des économies d'échelle, et leur offrant la possibilité de négocier avec le reste du monde.

« Les pays enclavés dépendent des pays voisins côtiers pour leurs ports de commerce et leurs routes commerciales, ce qui peut facilement entraîner entre eux des relations de dominant-dominé, » ajoute-t-il. « De plus, les frais élevés de la logistique augmentent les coûts dans les pays enclavés et les rendent moins propices au développement des industries. Nous pourrions améliorer notre stratégie en resserrant les liens entre les zones côtières et intérieures et entre les zones urbaines et rurales. »

Le développement des corridors est donc primordial pour atteindre l'objectif d'augmenter la productivité des pays intérieurs, tout en réduisant les coûts de transport des marchandises exportées vers les zones urbaines et au-delà. M. Sanui explique : « Il est très important de stimuler le commerce intrarégional et le commerce bilatéral de biens et de services au sein des régions interconnectées par les corridors. Nous sommes persuadés que ceci est le moteur du développement des corridors en Afrique ».

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La Dr Towela Nyirenda JERE, cheffe de l'intégration économique, AUDA-NEPAD

La cheffe de l'intégration économique à l'AUDA-NEPAD, la Dr Towela Nyirenda JERE précise, « Il devient clair que des infrastructures durables et de haute qualité sont indispensables - des infrastructures de transport pour le commerce transfrontalier ; des infrastructures de communication pour les services électroniques et la communication; des infrastructures énergétiques pour faire fonctionner les industries ; ainsi que des infrastructures hydrauliques et maritimes pour le transport, la logistique et l'assainissement ».

« Ces corridors forment une solide épine dorsale pour le commerce intrarégional, intercontinental et national et créent une relation entre les centres régionaux d'activité économique. »

Il existe cinq zones de développement des corridors de croissance en Afrique, la JICA étant concentrée sur trois d'entre elles, à savoir :

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Les trois corridors prioritaires de la JICA en Afrique ; le « corridor nord »,
l'« anneau de croissance de l'Afrique de l'Ouest » et le « corridor de Nacala ».



L'accessibilité pour des millions de personnes

Le Programme pour le développement des infrastructures en Afrique (PIDA) est le « plan directeur de l'Afrique pour garantir une intégration économique régionale, stimuler l'industrialisation et soutenir le commerce intra-africain », indique la Dr Jere.

La JICA a participé à plusieurs projets sur les trois corridors prioritaires depuis la TICAD5 en 2013, par le biais de prêts en yens, de dons et de programmes de coopération technique qui couvrent à la fois les aspects matériels et immatériels de la connectivité.

L'aspect matériel fait référence au développement des infrastructures logistiques telles que les ports, les routes, les ponts, les installations frontalières et les zones économiques spéciales. Quant à l'aspect immatériel, il porte sur des domaines comme l'environnement, les réformes institutionnelles et juridiques et le développement des ressources humaines.

Le premier plan d'action prioritaire du PIDA, qui s'est terminé en 2020, comptait 51 programmes transfrontaliers répartis en 433 projets dans des secteurs tels que les transports, l'énergie et les technologies de l'information et de la communication. La deuxième phase, qui a débuté en 2021 et prendra fin en 2030, est désormais centrée sur 69 projets qui ont été choisis pour optimiser la création d'emplois, renforcer l'action climatique et promouvoir le développement d'infrastructures intégrant la dimension de genre.

À ce jour, le PIDA a permis de construire 16 066 km de routes, 4 077 km de lignes ferroviaires, 3 506 km de lignes de transport d'énergie, de produire 7 GW d'énergie hydro-électrique, d'installer des câbles sous-marins et des câbles régionaux à fibres optiques, assurant une connectivité mondiale et intra-africaine ainsi que 38 points d'échange Internet. L'accès à l'électricité a été étendu à environ 30 millions de personnes entre 2013 et 2019.

Grâce à la coopération financière et technique de la JICA, des postes frontières à guichet unique prioritaires (OSBP pour One-Stop Border Posts, un concept permettant une circulation plus efficace des personnes et des biens en intégrant le passage des frontières et les formalités d'entrée/sortie en un seul lieu) ont aussi été établis dans le cadre du PIDA. Par ailleurs, avec la contribution des diverses parties prenantes, la troisième édition du manuel de référence des OSBP a été publiée en juin 2022 en tant que ligne directrice opérationnelle tirée des leçons pratiques accumulées sur le continent.

La Dr Tokuori ajoute que, parallèlement aux OSBP, la JICA a également travaillé sur le renforcement des capacités de l'administration douanière en Afrique à travers le « projet conjoint JICA/OMD » centré sur la facilitation du commerce et la modernisation des douanes qui contribue à une mise en place souple et efficace de la ZLECAf.

Les parties prenantes locales sont également associées à la promotion du fort potentiel des corridors. Au nombre d'entre elles figure Alliance sans frontières, fondée en 2011, qui représente une coalition dirigée par le secteur privé visant à accroître le commerce en Afrique de l'Ouest.

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M. Justin BAYILI, secrétaire exécutif d'Alliance sans frontières

M. Justin BAYILI, secrétaire exécutif, explique que l'Alliance plaide en faveur de changements dans les politiques et les pratiques des autorités publiques et des opérateurs privés - tant au niveau national que régional - dans le but d'améliorer l'environnement des affaires.

« Il en résulte » poursuit-il « une meilleure compétitivité des corridors sur lesquels nous intervenons en atténuant les problèmes tels que les tracasseries routières et en réduisant le temps de passage aux frontières grâce à la présence de nos centres d'information frontaliers. »

Mais il souligne l'absence d'une autorité de gestion des corridors en Afrique de l'Ouest, à la différence d'autres régions d'Afrique, ce qui se traduit par un manque d'harmonisation politique dans les communautés économiques.

« L'Union africaine devrait, à travers ses programmes et projets divers, soutenir l'Afrique de l'Ouest pour renforcer, non seulement le cadre juridique pour la création des corridors, mais aussi leur gestion qui nécessite la mise en place d'autorités de gestion des corridors, » constate-t-il.

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Toutefois il existe un consensus sur le fait qu'une approche intégrée des corridors offrira des opportunités pour des « projets intersectoriels en lien avec l'eau, la santé, l'énergie et l'alimentation, répondant aux besoins de redressement économique post-pandémie », précise la Dr Jere.

« Un réseau efficace de corridors régionaux garantira une meilleure intégration africaine, encouragera le commerce intra-africain et renforcera l'industrialisation, ce qui entraînera une croissance économique durable et inclusive, » observe-t-elle.

Consciente que l'avenir des infrastructures est écologique, elle conclut : « La chance nous est donnée de dessiner le paysage mondial pour les années à venir et nous devons la saisir et agir de manière décisive ».