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Nouvelles du terrain

5 avril 2019

VERS LA TICAD 7 : «L'Afrique et moi» Partie 3 – Mari Miura du département de l'environnement mondial de la JICA lutte contre la désertification avec les pays d'Afrique subsaharienne

La désertification est le processus par lequel les régions sèches deviennent stériles et inhabitables à cause des activités humaines et du changement climatique. Dans la région de l'Afrique subsaharienne, zone sèche située au sud du Sahara où de nombreuses personnes pauvres dépendent des ressources naturelles, les événements négatifs s'enchaînent : la désertification s'accélère à cause des sécheresses fréquentes et de la surexploitation des ressources naturelles, ce qui aggrave la pauvreté.

Au Niger, devant une immense étendue de terres brunies, un agriculteur confie : "Les premières averses sont arrivées et j'ai cru qu'elles annonçaient le début de la saison des pluies, mais deux semaines ont passé sans aucune précipitation". Écouter les témoignages des habitants confrontés à cette situation dramatique a renforcé ma conviction qu'il fallait faire quelque chose», explique Mari Miura du département de l'environnement mondial de la JICA.

PhotoAu Niger, la perte du couvert végétal expose les terres agricoles au vent et l'érosion a aggravé le phénomène de désertification. Photo : Mari Miura

PhotoMari Miura, à droite, participe à une réunion de l'IA-LD en collaboration avec la COP 13 de la CNULD (en septembre 2017, à Ordos, en Chine).

Afin de résoudre les problèmes de l'Afrique, 15 pays du continent et la JICA ont lancé l'initiative africaine pour lutter contre la désertification (IA-LD), un cadre de coopération régionale visant à encourager les mesures pour faire face à la désertification, à l'occasion de la sixième conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD VI) en 2016. D'autres partenaires de développement, tels que la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), se sont associés à l'initiative.

Cet article présente les activités de Mme Miura, qui participe à l'initiative depuis son lancement et travaille aux côtés des pays d'Afrique subsaharienne.


La pauvreté aggravée par la désertification est l'une des causes profondes des déplacements de populations et du terrorisme

PhotoLes membres d'une mission de la JICA discutent avec des agriculteurs dans une région désertique du Niger.

«La désertification ne concerne pas uniquement l'Afrique», explique Mme Miura. Les problèmes tels que la pauvreté, les pénuries alimentaires et le chômage des jeunes – conséquences de la désertification – se traduisent par une augmentation du nombre de réfugiés ainsi que par une montée du terrorisme et de l'extrémisme violent. Aujourd'hui, alors que nul n'est à l'abri d'une attaque terroriste dans le monde, la lutte contre la désertification est devenue un enjeu international.

«Pour l'Afrique subsaharienne en particulier, région du monde qui accuse le retard de développement le plus important, la lutte contre la désertification est un défi urgent et le besoin de financements et de capacités pour agir est colossal. Comparée à d'autres enjeux mondiaux comme le changement climatique et la biodiversité, la désertification ne mobilise pas suffisamment l'attention et l'aide de la communauté internationale», explique Mme Miura.

C'est pourquoi la JICA a invité le Kenya et le Sénégal, partenaires de longue date de sa coopération pour la protection des forêts et de la nature, à participer à ses côtés au lancement de l'IA-LD afin de créer un cadre de coopération régionale pour combattre efficacement la désertification en Afrique subsaharienne. Ce cadre permet aux pays de la région de partager leurs connaissances et leur expérience en matière de lutte contre la désertification et de trouver les financements nécessaires pour concrétiser les projets.


L'appropriation et les partenariats en Afrique sont fondamentaux

L'IA-LD est viable parce que les 15 pays participants se sont appropriés l'initiative – chacun jouant un rôle clé – et parce que des alliances solides ont été établies avec leurs partenaires de développement. Depuis le Kenya et le Sénégal, ses fers de lance, l'IA-LD incitera chaque pays à explorer les solutions et trouver son propre plan de lutte contre la désertification. La JICA soutiendra ce processus.

PhotoLes 15 pays participant à l'IA-LD.

La JICA a agi de manière inédite en créant un mécanisme de coopération régionale à partir de rien avec des pays partenaires et des agences internationales, plutôt que de mettre en œuvre un projet spécifique dans un pays. «Nous avons longuement discuté avec les parties prenantes sur les activités susceptibles d'avoir un impact sur le terrain que nous pourrions mener dans le cadre de l'IA-LD, et cela sans fonds dédiés aux projets. Nous avons dû avancer à tâtons dans la mesure où nous n'avions aucune expérience similaire sur laquelle nous appuyer», se souvient Mme Miura.

Malgré ces obstacles, elle confie : «J'ai vraiment ressenti la confiance et les attentes des pays envers le Japon et la JICA. Les longues années de travail de nos collaborateurs et experts, au plus près des besoins de chaque pays, ont porté leurs fruits». «Lors d'une réunion», reprend-elle, «le responsable gouvernemental d'un pays de la Corne de l'Afrique m'a soudainement pris la main et m'a dit : "Nous avons besoin d'aide. Le Japon peut-il faire quelque chose pour nous ?"»

PhotoUn atelier organisé à Djouba, la capitale du Soudan du Sud, en juillet 2018.

Aujourd'hui, les premiers résultats de l'IA-LD commencent à être visibles. «L'IA-LD organise des ateliers pour formuler des projets de lutte contre la désertification au Soudan du Sud, et d'autres préparatifs sont en cours. Dans le sillage de cet exemple, plusieurs pays veulent créer des projets et trouver des moyens de mobiliser des fonds. La dernière chose que je souhaite, c'est que tout cela se termine par des discussions dans des réunions sans lendemain», affirme Mme Miura.


Regarder au-delà de la TICAD 7

Lors de la TICAD 7, qui se tiendra en août, les pays participants auront l'occasion de faire le point sur les progrès accomplis dans la lutte contre la désertification. Alors que les préparatifs de la TICAD 7 avancent à grands pas, la personne chargée de l'IA-LD au Kenya confie : «Il est essentiel que tous les pays renforcent leurs connaissances ainsi que leurs capacités à formuler des projets et à mobiliser des financements», soulignant l'importance d'une coordination entre les 15 pays participants pour lutter efficacement contre la désertification.

Mme Miura a déjà le regard tourné vers l'après TICAD 7. «L'IA-LD a pour objectif d'inciter chaque pays à prendre des mesures spécifiques de lutte contre la désertification d'ici la TICAD 8, en 2022. Je souhaite que chaque pays mette en œuvre des mesures. Nous aimerions également renforcer notre contribution envers les pays pour lutter contre la désertification et les tempêtes de sable grâce à la technologie satellitaire japonaise et aux partenariats avec des entreprises privées», poursuit-elle.

La désertification est liée à toutes sortes de domaines dont l'agriculture, l'environnement et l'égalité des sexes. «Le Programme 2030 pour le développement durable établi par les Nations unies souhaite créer un monde où "personne n'est laissé de côté". Si nous ne pouvons pas lutter contre la désertification, l'une des causes profondes de la pauvreté, nous ne pourrons certainement pas atteindre les ODD», affirme Mme Miura. Ses efforts ne font que commencer.

PhotoEnfants vivant dans une zone désertique du Burkina Faso.

Mari Miura
Membre du département de l'environnement mondial de la JICA. Elle a rejoint l'Agence japonaise de coopération internationale en 2005. Avant ses fonctions actuelles, elle a travaillé successivement au département du développement rural de la JICA, au Bureau de la JICA en Indonésie et en tant que détachée auprès du Bureau de la coopération internationale du ministère des Affaires étrangères du Japon, puis elle a étudié à l'Université nationale australienne. Elle est née dans la préfecture de Chiba.

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