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Nouvelles du terrain

9 mai 2019

Apporter l'esprit et le savoir-faire d'Okinawa à la Mongolie : La JICA promeut la participation sociale avec des personnes handicapées

Lorsqu'elles tentent de s'intégrer à la société, les personnes handicapées sont souvent confrontées à divers obstacles, même au Japon. Malgré cet état de fait, et en dépit d'un taux de chômage record et d'un revenu par habitant parmi les plus faibles de l'archipel nippon, la préfecture d'Okinawa affiche régulièrement un taux d'emploi des personnes handicapées supérieur à la moyenne. Cela a été rendu possible grâce à l'état d'esprit particulier d'Okinawa et aux efforts des personnes handicapées. Aujourd'hui, Emi Teruya, native d'Okinawa et experte de la JICA souffrant d'une déficience visuelle, travaille aux côtés d'autres personnes pour améliorer l'environnement des personnes handicapées en Mongolie.

PhotoDes représentants de personnes handicapées et des responsables gouvernementaux de Mongolie en visite à Okinawa dans le cadre d'une formation. Au premier rang à droite se trouve M. Takamine, président d'Empowerment Okinawa, l'organisation à but non lucratif qui reçoit les participants.


Des progrès sur l'application des systèmes, mais des difficultés à changer les mentalités

PhotoUne rampe pour fauteuils roulants à Oulan-Bator, en Mongolie. La plupart sont trop raides pour être utilisables.

Mme Teruya (*1) participe à un projet de la JICA initié en 2016 visant à promouvoir la participation sociale des personnes handicapées à Oulan-Bator, la capitale de la Mongolie.

La Mongolie a ratifié la convention relative aux droits des personnes handicapées et s'emploie activement à appliquer et réviser les lois dans ce domaine. De nombreuses difficultés doivent cependant être surmontées. Selon Hisao Chiba, conseiller en chef du projet : «Il est vrai que des rampes d'accès ont été construites pour les fauteuils roulants, mais la plupart sont trop raides pour être utilisées». De plus, avant l'élaboration du Livre blanc sur le handicap en Mongolie en mars 2018 dans le cadre du projet, il existait un réel manque de compréhension et de communication sur la situation des personnes handicapées.


PhotoFormation sur l'égalité pour les handicapés animée par Mme Teruya

La sensibilisation du grand public reste un enjeu majeur. L'absence de vision spécifique, même parmi les individus directement concernés, sur la signification pour les personnes handicapées d'un rôle actif dans la société grâce à des aménagements adaptés ou sur les obstacles à la participation sociale est un élément clé du problème.

Mme Teruya répond à ce problème au travers de «formations sur l'égalité pour les handicapés» qui aident les personnes à identifier les obstacles dans la société mongole et à réfléchir aux moyens de les surmonter tout en permettant à des personnes handicapées du pays de devenir facilitateur.


Collaboration avec une organisation à but non lucratif de personnes handicapées pour faire d'Okinawa le «centre des formations liées au handicap»

Lorsque Mme Teruya était au lycée, un participant indonésien à une formation de la JICA a séjourné chez elle. Cette expérience l'a incitée à «aider les personnes d'autres pays» puis à rejoindre la JICA en 1996. Chargée de l'accueil des participants au Centre de la JICA à Okinawa, elle a appris le retour imminent au Japon de M. Yutaka Takamine après un mandat en tant que spécialiste des affaires sociales chargé du handicap au sein de la Commission économique et sociale des Nations unies pour l'Asie et le Pacifique (CESAP). M. Takamine, lui aussi originaire d'Okinawa et handicapé, a travaillé de nombreuses années sur la protection des droits des personnes handicapées. Elle l'a contacté dans l'espoir de «lancer un programme de formation sur le handicap à Okinawa».

PhotoM. Takamine (à gauche), Mme Teruya, à l'époque membre de la JICA, et d'autres personnes en Jordanie

L'organisation à but non lucratif de M. Takamine, Empowerment Okinawa, et la JICA ont mis en place un programme de co-création des connaissances intitulé «Autonomisation économique des personnes handicapées au travers du soutien communautaire à l'emploi» en 2009. En 2011, M. Takamine, deux autres membres d'Empowerment Okinawa et Mme Teruya (à l'époque membre du personnel de la JICA) ont commencé à organiser des séminaires et un programme de formation itinérant en Jordanie. Après cela, le nombre de participants a augmenté et Okinawa a acquis «une solide réputation en matière de formation sur le handicap».


Apprendre des efforts d'Okinawa auprès des acteurs locaux

PhotoLes participants écoutent les explications de Reiko Nagai, représentante d'Iruka, un centre de promotion pour une vie indépendante, sur le processus d'élaboration de l'«ordonnance pour l'établissement d'une société inclusive pour les personnes avec et sans handicap dans la préfecture d'Okinawa».

Tout en encourageant ce projet, Mme Teruya a eu envie de «partager avec la Mongolie les progrès accomplis par Okinawa dans le domaine du handicap».

Le processus d'élaboration de l'«ordonnance pour l'établissement d'une société inclusive pour les personnes avec et sans handicap dans la préfecture d'Okinawa», considérée comme l'un des règlements les plus innovants du Japon, en est un exemple. Des personnes handicapées ont lancé le mouvement en 2008 avec l'objectif de «faire adopter une ordonnance qui réponde aux normes de la convention relative aux droits des personnes handicapées». Ils ont recueilli plus de 30 000 signatures grâce à diverses initiatives telles que «Uchina–TRY», une marche solidaire organisée dans les rues de la ville d'Okinawa. Puis des responsables au niveau de la préfecture et des représentants de personnes handicapées ont élaboré ensemble l'ordonnance. M. Takamine était l'un des représentants.

La formation de deux semaines organisée à Okinawa à la fin du mois de janvier dernier a été le point d'orgue du travail acharné de Mme Teruya, M. Takamine et tant d'autres. Le premier jour, M. Takamine a prononcé ces quelques mots devant les représentants de personnes handicapées et les responsables gouvernementaux de Mongolie :

«Après ma blessure, il m'était difficile même d'aller à l'école. Nous avons parcouru beaucoup de chemin au Japon et ailleurs dans le monde au cours des 50 dernières années. Les personnes handicapées doivent avant tout rester actives. Si, de retour chez vous, vous trouvez la force d'agir, la Mongolie changera elle aussi rapidement».

Les participants ont visité plusieurs organisations et entreprises qui soutiennent l'emploi des personnes handicapées, notamment «Sotetsu», un grand atelier vendant du pain, des légumes, des porte-clés et d'autres produits à des entreprises. Les participants étaient surpris d'apprendre que l'atelier dégage des profits grâce à une gestion de la qualité et une division des tâches appropriées.


Expérimenter l'accessibilité dans la pratique et en tant qu'état d'esprit

PhotoUne participante en fauteuil roulant utilisant un bus public. Durant leur séjour à Okinawa, les participants ont pu constater l'accessibilité des transports publics et des lieux touristiques.

Un incident s'est produit pendant la formation, le fauteuil roulant d'une des participantes ne rentrait pas dans le coffre d'un taxi. Elle pensait devoir se débrouiller autrement, mais le chauffeur a cherché une corde pour attacher le fauteuil et la lui a même donnée en disant qu'«elle pourrait en avoir besoin à nouveau».

Mme Teruya explique pourquoi il est essentiel que les personnes handicapées s'impliquent dans le projet : «Pour promouvoir la participation sociale des personnes handicapées, nous devons non seulement nous battre pour nos droits, mais aussi jouer notre rôle en tant que membre de la société. Nous fournissons des formations complètes pour aider les personnes handicapées à développer leurs capacités en Mongolie. Et je dis "nous" plutôt que "vous" pour illustrer cette nécessité d'intégration des personnes handicapées».

«Si nous nous attelons de front à l'amélioration de l'environnement et à l'autonomisation des personnes handicapées», conclut-elle, «cela contribuera fortement à l'indépendance de ces personnes. J'espère continuer de jouer un rôle en tant que modèle et sensibiliser sur les questions liées au handicap».

(*1) Mme Teruya a rejoint la JICA en 1996. Elle est en mission en Mongolie en tant qu'experte depuis 2016.

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