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Nouvelles du terrain

6 juin 2019

«Une société qui ne laisse personne de côté» : 25 ans après le génocide rwandais, la nation recherche la diversité sociale par la formation professionnelle des ex-combattants et d'autres personnes souffrant de handicap

Vingt-cinq années ont passé depuis le génocide qui a causé la mort de 500 000 à un million de personnes au Rwanda. Le soutien aux ex-combattants et aux autres personnes souffrant de handicap étant très limité, la JICA a initié un programme de formation professionnelle et d'aide à l'obtention d'un emploi ciblant ces personnes, avant d'effectuer un suivi complet et à long terme des conditions de vie des bénéficiaires afin de renforcer les efforts du pays pour consolider la paix et reconstruire une société résiliente et libérée de tout conflit.

PhotoDes ex-combattants handicapés reçoivent une formation professionnelle en maintenance automobile.

Les ennemis d'hier et leurs concitoyens handicapés suivent ensemble une formation professionnelle

Les longues années de conflit ethnique et le génocide qui a déchiré le pays en 1994 ont profondément meurtri les combattants et les civils, laissant bon nombre d'entre eux handicapés. Bien que le gouvernement rwandais ait soutenu de manière proactive la réintégration des ex-combattants dans la société, les personnes handicapées, passées entre les mailles du filet, sont restées à l'écart et dans une situation économique difficile.

PhotoUn ex-combattant apprend la couture.

En réponse, avec la coopération de la Commission rwandaise de démobilisation et de réintégration (CRDR) et des centres locaux de formation professionnelle, la JICA a lancé en 2005 un projet de formation professionnelle pour la réintégration des soldats démobilisés souffrant de handicap, visant à faciliter l'autonomie économique et sociale des ex-combattants handicapés en leur proposant des cours de soudure, d'électricité, de couture et autres.

Conformément à la volonté du gouvernement rwandais d'apporter le même soutien aux individus appartenant aux camps pro ou anti-régime durant le conflit, le projet ciblait l'ensemble des ex-combattants. L'aide accordée aux ex-combattants a favorisé leur réintégration dans la société et leur a permis de mener des vies plus stables, contribuant ainsi à prévenir de futurs conflits.


PhotoFormation agricole destinée aux ex-combattants et à d'autres personnes en situation de handicap.

Dès 2011, l'aide a été étendue aux non-combattants dans le cadre du projet de formation professionnelle et de soutien à l'obtention d'un emploi pour la participation sociale des ex-combattants et autres personnes handicapées. En effet, la population compte de nombreux handicapés vivant à l'écart de la société et privés d'accès à toute aide sociale.

La formation de personnes d'horizons divers dans la même classe a permis aux handicapés rwandais de recevoir des encouragements de leurs concitoyens ex-combattants. Cela les a aidés à reprendre confiance en leurs capacités à redevenir autonome malgré leur handicap, à s'épanouir et à passer du statut de personne en besoin de soutien à celui de citoyen capable de contribuer à la société. Après leur formation, les ex-combattants et leurs concitoyens ont commencé à travailler ensemble et à dépasser leurs différences dans une véritable relation d'échange.

Cette démarche a favorisé la transformation d'individus issus de groupes vulnérables, tels que les personnes handicapées et ceux qui ont combattu du côté des perdants, en membres à part entière de la société tout en contribuant à la paix nationale.


Suivi ex post des conditions de vie des bénéficiaires après le projet

Selon Eri Komukai, conseillère senior de la JICA ayant participé aux projets dès leur conception, «même si le projet peut sembler réussi au moment de son achèvement, le véritable succès dépend de sa contribution à une paix durable. Les visites périodiques au domicile des bénéficiaires nous aident à mieux saisir la véritable efficacité du projet».

PhotoLa conseillère senior Eri Komukai (à droite) s'entretient avec un déficient visuel qui a reçu une formation professionnelle.

Au cours des cinq années qui ont suivi la fin du projet, en 2014, la conseillère senior Eri Komukai et ses collaborateurs ont rendu des visites annuelles aux bénéficiaires des formations pour évaluer leurs conditions de vie et d'autres éléments. Ils ont pu constater que de nombreuses personnes avaient réussi à améliorer leur niveau de vie grâce aux compétences acquises durant la formation. Ainsi, un homme amputé d'un bras durant le conflit, a su tirer parti de sa formation de tailleur pour ouvrir sa propre boutique. Son entreprise est devenue prospère et il a déménagé pour s'installer dans une rue commerçante.

Mme Komukai a reçu de nombreux autres témoignages positifs : «Avant, je ne pouvais pas sortir de chez moi, mais la formation a changé ma vie en me permettant de reprendre contact avec le monde extérieur», ou encore celui-ci : «Grâce à la formation de la JICA, j'ai un meilleur revenu, plus d'amis et une nouvelle vie». D'autres bénéficiaires lui ont également dit qu'ils étaient «heureux que quelqu'un de la JICA leur rende visite après la formation» et qu'ils espéraient qu'elle reviendrait.

Mme Komukai a aussi été marquée par l'ampleur du traumatisme laissé par le conflit sur la population et par les paroles de ceux qui lui ont confié «faire encore des cauchemars à propos des combats». Au sujet de la mobilisation par la CRDR des savoir-faire développés à travers les projets d'aide de la JICA aux ex-combattants, Mme Komukai estime qu'elle sera «satisfaite si la coopération de la JICA a permis à des groupes vulnérables de recevoir un soutien au lendemain du conflit».

L'initiative rwandaise : «Le miracle de l'Afrique»

Au mois de février, le Rwanda a organisé un séminaire sur la consolidation de la paix à Kigali, la capitale, pour partager son expérience des projets d'aide aux handicapés et du suivi. Des participants de Somalie, du Soudan, du Soudan du Sud et du Nigéria, qui ont tous connu un conflit interne, ont unanimement salué les résultats de l'initiative rwandaise comme un «véritable miracle».

PhotoLes participants au séminaire sur la consolidation de la paix au Rwanda organisé à Kigali en février.


L'un des participants au séminaire, Abdalla Mahmoud Zainelabdin, directeur de la planification et de la coordination au sein de la commission DDR du Soudan, a déclaré : «Les pays africains peuvent apprendre les uns des autres en matière de consolidation de la paix et il est important de partager nos efforts à travers des séminaires comme celui-ci».

Par ailleurs, l'ambassadeur égyptien au Rwanda, dont le président assure la présidence de l'Union africaine en 2019, a souhaité pour sa part que des événements tels que la septième conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD 7), qui aura lieu à Yokohama au mois d'août prochain, permettent à l'Égypte et au Japon de travailler ensemble pour promouvoir la consolidation de la paix en Afrique.

L'aide inclusive apportée aux personnes handicapées au Rwanda peut être considérée comme un exemple d'initiative visant à créer une «société où personne n'est laissé de côté», ce qui est à la fois un objectif de développement durable (ODD) et un objectif de sécurité humaine. Le Rwanda panse les plaies laissées par le génocide il y a 25 ans et cherche à former une société diversifiée capable d'accueillir les personnes vulnérables. La JICA s'inspirera des résultats obtenus par ses projets lors de la TICAD 7 tout en s'efforçant de diffuser leurs bénéfices auprès d'autres pays.

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