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Nouvelles du terrain

25 juillet 2019

VERS LA TICAD 7 : «L'Afrique et moi» Partie 7 – Junko Nakazawa, experte de la JICA : Introduction du projet «École pour tous» dans 45 000 écoles ; «Je souhaite développer des écoles soutenues par les membres des communautés, les parents et les enseignants partout en Afrique».

«L'éducation est à mon sens le point névralgique du développement». Ces paroles passionnées sont celles d'une experte de la JICA, Junko Nakazawa, impliquée depuis de nombreuses années dans le projet «École pour tous», principalement mis en œuvre en Afrique de l'Ouest.

PhotoJunko Nakazawa explique l'importance de la transparence en matière de gestion financière aux habitants lors d'une réunion générale de la communauté organisée dans une école pilote du projet «École pour tous» au Ghana.

«École pour tous» est un projet initié par la JICA en 2004, dans le cadre duquel l'éducation n'est plus exclusivement prise en main par l'État ou les gouvernements locaux, mais par les membres des communautés et les parents, qui jouent un rôle actif dans l'éducation des enfants. La gestion des écoles s'effectue d'une manière démocratique et transparente avec la coopération des directeurs d'école et des enseignants. Pour le septième article de notre série intitulée VERS LA TICAD 7 : «L'Afrique et moi», nous avons interrogé Junko Nakazawa sur les étapes marquantes de sa collaboration au projet «École pour tous».


Ma rencontre avec l'Afrique remonte à des questions de mon enfance

PhotoDes mères nigériennes utilisent de la terre locale pour créer des blocs qui serviront à la construction de salles de classe. Elles planifient intégralement et réalisent les travaux de construction de l'école à travers un plan d'action.


«Certains parents veulent s'impliquer dans l'éducation de leurs enfants alors qu'ils n'ont eux-mêmes pas été scolarisés, d'autres s'intéressent au sujet même s'ils n'ont pas d'enfant à l'école. Des membres de la communauté locale proposent par exemple de mettre à profit leurs compétences en menuiserie pour réparer les salles de classe. Tout le monde peut participer et soutenir les activités de l'école de diverses manières, c'est l'esprit du projet "École pour tous".»

En évoquant le projet, Mme Nakazawa revient sur les motivations qui l'ont poussée à s'intéresser aux pays en développement.

«Enfant, j'ai entendu des Bangladais qui travaillaient près de la maison de mes parents parler du Bangladesh comme d'"un pays magnifique avec une population accueillante et chaleureuse". Mais j'ai aussi vu dans une émission de télévision sur les ambassadeurs de bonne volonté de l'UNICEF que le Bangladesh est "un pays pauvre où beaucoup de gens vivent dans la misère". J'ai ressenti un décalage étrange entre les propos des travailleurs bangladais et le reportage télévisé. Plus tard, j'ai tourné mon regard vers d'autres horizons, et plus particulièrement vers les pays en développement.»

Après avoir étudié l'éducation et le développement international dans une école supérieure, Mme Nakazawa a rejoint les volontaires japonais pour la coopération à l'étranger avant ses trente ans. Elle est littéralement tombée amoureuse de l'Afrique en travaillant en tant qu'agent chargé du développement communautaire en Tanzanie. Elle a soutenu les activités de groupes de jeunes et de femmes pendant deux ans.

«J'ai réalisé qu'il y avait beaucoup de choses que je ne pouvais pas comprendre derrière un bureau. J'ai bien plus appris de la communauté locale que je ne leur ai appris en tant qu'agent de développement communautaire. Lorsque j'étais perdue, ils me souriaient chaleureusement et me donnaient des conseils. J'étais fascinée par la sagesse des Africains et j'ai souhaité travailler auprès d'eux.»

Après cette expérience, Mme Nakazawa a travaillé comme experte associée au siège de la JICA, puis elle a été envoyée pour une mission d'experte à long terme au Niger en 2006, avant de travailler sur le projet «École pour tous».

Au cours de ses trois années et demie d'activités au Niger, où les inégalités entre les sexes sont très prononcées, elle a été particulièrement impressionnée par la campagne pour la scolarisation des filles. «Le taux de scolarisation a fortement progressé, mais la contribution la plus importante a sans doute été l'organisation d'activités de sensibilisation par les mères de la communauté. Dans certains pays, le pouvoir de décision des femmes dans leur foyer est limité. Mais dans la zone cible du projet, beaucoup de pères de famille migrent vers d'autres pays pour travailler, laissant les mères et les enfants seuls. Les mères deviennent ainsi chefs de famille et s'impliquent activement dans l'éducation de leurs enfants. Chaque pays ou culture est influencé par divers contextes et j'ai appris qu'il fallait souvent voir les choses selon divers points de vue pour mener des activités de soutien ou de sensibilisation.»

Au Ghana, j'ai découvert de nouvelles possibilités d'extension du projet «École pour tous»

PhotoUne réunion générale de la communauté est organisée dans le cadre du projet pilote «École pour tous». Des enseignants, des parents et des résidents locaux discutent de problèmes liés à l'école (Ghana).

Mme Nakazawa a tiré parti de ses expériences acquises en Afrique francophone lors de son affectation au Ghana en février 2015. Elle s'est attelée à l'introduction du programme «École pour tous» en Afrique anglophone. Avec le ministère de l'Éducation du Ghana, elle a mis en place le projet dans 23 écoles pilotes et deux districts avant de l'étendre à 50 écoles.

«Certains pensaient que les pays anglophones ont une culture et un système spécifiques et que le modèle classique appliqué dans les pays francophones ne marcherait peut-être pas. Il existait cependant une volonté commune des parents de fournir une meilleure éducation à leurs enfants. La curiosité des enfants est aussi très forte quel que soit le pays, mes collègues sur le terrain et moi étions donc persuadés que le projet répondait à un besoin.»

Cela n'a pourtant pas été facile. Mme Nakazawa a d'abord invité les fonctionnaires du ministère de l'Éducation du Ghana à participer à une visite d'étude au Sénégal et dans d'autres pays où le projet «École pour tous» était déjà bien avancé. Ensuite, pendant près de deux ans, elle s'est appliquée à expliquer sans relâche l'efficacité d'une gestion démocratique des écoles. «Au bout du compte, les responsables ont été convaincus et le projet pilote a été accepté.»

Bien que le Ghana soit classé parmi les «pays en développement à revenu intermédiaire», certaines régions éloignées des zones urbaines souffrent d'une forte pauvreté et le niveau d'éducation des adultes est plus faible que dans le reste du pays.

«J'ai appris un jour qu'un animateur (bénévole local chargé du soutien scolaire), ayant lui-même quitté l'école au collège, rendait visite à un élève qui n'avait pas assisté aux cours de rattrapage et l'aidait à travailler. Ce n'est pas le niveau d'éducation de l'animateur qui compte, mais plutôt sa détermination à contribuer à la formation des enfants et à l'amélioration de leur avenir ! Cela m'a rappelé une fois encore l'enthousiasme des communautés, et je repense souvent à cette anecdote pour continuer à faire avancer le projet.»

Ainsi, le projet pilote «École pour tous» a produit de bons résultats au Ghana et, à la fin de l'année 2018, le modèle «École pour tous» était introduit avec succès dans près de 45 000 écoles partout en Afrique.

Pour sa part, Mme Nakazawa, qui a quitté le Ghana en février 2019 pour rentrer au Japon, travaille sur un nouveau projet : «Je souhaite continuer à soutenir l'éducation en Afrique d'une autre manière. J'aimerais notamment promouvoir un modèle d'enseignement des mathématiques et des sciences plus égalitaire et plus inclusif, en particulier pour les femmes, ce que nous appelons "rikejo" au Japon. Il contribuerait à éradiquer l'idée reçue selon laquelle "seuls les garçons sont bons en maths et en sciences". J'aimerais à terme aider les femmes africaines à libérer pleinement leur potentiel grâce à l'éducation». Le projet «École pour tous» continue d'évoluer, et les yeux de l'experte s'illuminent à l'évocation du champ des possibilités qui s'ouvre aujourd'hui.

PhotoDans le projet pilote «École pour tous», un cours de rattrapage a été organisé à l'initiative de la communauté. Des exercices de mathématiques développés par la JICA sont utilisés comme matériel pédagogique. (Ghana)


PROFIL
Junko Nakazawa
Experte à long terme de la JICA, elle soutient l'éducation en Afrique depuis près de 14 ans. Elle a consacré sa vie à la promotion de l'éducation et de l'égalité des sexes. Elle est titulaire d'un master en éducation, genre et développement international de l'University College de Londres. Elle travaille actuellement en tant que consultante senior à Asuka World Consultants Co., Ltd. Elle est née à Tokyo.

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