Oulan-Bator, la capitale de la Mongolie, a connu une urbanisation rapide et chaotique en raison de l'afflux massif de populations nomades contraintes d'abandonner leurs pâturages sous la pression de la libéralisation économique et des dommages importants provoqués épisodiquement par les chutes de neige. Tandis que les problèmes de pollution environnementale et d'inadaptation des infrastructures s'aggravent, le gouvernement mongol demande l'aide du Japon qu'il considère comme un «troisième pays voisin». Dans cet article, nous revenons sur dix années d'engagement de la JICA pour l'aménagement urbain d'Oulan-Bator et sur les mesures qui ont permis d'en faire une ville moderne.

Photo de la zone cible des «projets ger contre appartement», l'une des méthodes inscrites dans la loi sur le réaménagement urbain. Les petites habitations basses de la zone de ger sont remplacées par des immeubles de logements dotés d'infrastructures modernes (district 7 d'Oulan-Bator, 2015).

Participation des résidents à la politique de réaménagement urbain

La zone de ger d'Oulan-Bator en juin 2006. En l'absence d'électricité, la pollution de l'air causée par les poêles à charbon et la pollution des nappes phréatiques due à l'utilisation de 200 000 toilettes creusées dans le sol provoquent des problèmes environnementaux et sociaux majeurs.

Depuis l'adoption en 1992 de la loi sur la privatisation, conformément à la nouvelle constitution démocratique, les citoyens mongols sont libres de choisir leur lieu de résidence. Le bétail est un bien précieux en Mongolie et quand les fortes chutes de neige ont décimé leurs troupeaux, de nombreux nomades ont migré vers Oulan-Bator pour retrouver des parents ou des connaissances. Ils y ont installé leurs yourtes, habitations transportables appelées «ger». De 650 000 habitants en 1998, la population d'Oulan-Bator est passée à 1,49 million en 2018 (le pays comptait alors 3,32 millions d'habitants selon la page d'accueil du Bureau national de la statistique de Mongolie). Les habitations traditionnelles mongoles ont envahi la périphérie d'Oulan-Bator, baptisée «zone de ger», où vit 60 % de la population de la ville.

Afin de résoudre les problèmes urbains d'Oulan-Bator, la JICA a mis en œuvre trois projets de coopération technique entre 2007 et 2018. Katsuhide Nagayama, expert de la JICA participant à plusieurs projets, décrit le réaménagement urbain de la capitale mongole :

«Avec cet afflux de population, la capacité des services urbains est devenue insuffisante pour répondre aux besoins des nouveaux habitants, et la situation s'est fortement dégradée. En d'autres termes, l'environnement d'Oulan-Bator n'était plus en mesure de faire face à cette explosion démographique. Des travaux de réaménagement urbain s'imposaient pour permettre aux résidents de vivre confortablement.»

Projets de coopération technique pour l'aménagement d'Oulan-Bator mis en œuvre par la JICA

Réunion municipale avec des propriétaires de la région et Bat-Uul, initiateur du projet de réaménagement et maire d'Oulan-Bator à l'époque. L'événement a permis de sensibiliser les résidents à la restructuration urbaine (2015).

Le plan directeur de la ville a été élaboré avec la participation des résidents afin que la politique mise en œuvre soit en accord avec le «point de vue des citoyens». La prise en compte de l'opinion des résidents étant inenvisageable dans l'ancien système administratif, certains étaient sceptiques à l'idée d'avoir un avis sur ce que le gouvernement décide». Mais petit à petit, le concept de «bien public», au sens où il intègre l'ensemble de la société, s'est répandu et les résidents, explique M. Nagayama, ont pris conscience de leur place centrale dans ce processus. Le plan directeur, élaboré par l'ensemble des résidents, a été approuvé par le parlement en 2013 après confirmation du ministère mongol.

En outre, le projet a également soutenu une nouvelle loi sur l'aménagement urbain. La «loi sur le réaménagement urbain» a été adoptée en 2015 afin d'améliorer le cadre de vie en promouvant la construction d'appartements dans la zone de ger. Pour créer ces lois et systèmes nouveaux, un débat autour des normes sociales dans le pays a été nécessaire. «Nous avons eu des discussions longues et approfondies à ce sujet avec les responsables ministériels mongols», se souvient M. Nagayama.

Par ailleurs, dans le domaine du développement des infrastructures, un échange technologique a eu lieu avec la ville d'Asahikawa, sur l'île d'Hokkaido, qui connaît le même type de climat froid qu'Oulan-Bator. Le gouvernement, des ONG et des entreprises privées ont coopéré sur ce projet notamment pour les techniques de dégivrage des routes et les mesures d'économie d'énergie telles que l'amélioration de l'isolation thermique et de l'étanchéité à l'air des bâtiments. En 2011, les deux villes ont signé un protocole d'accord sur la coopération technique dans un climat froid comprenant plusieurs projets de coopération technique au niveau local et l'accueil de participants d'Oulan-Bator à des formations techniques.

Amélioration du cadre de vie

L'adoption de la loi sur le réaménagement urbain s'inscrit dans un contexte d'exode rural massif de nomades en quête d'«un meilleur cadre de vie» dans la zone de ger. L'habitation traditionnelle mongole appelée «ger», n'offrait pas aux nouveaux habitants d'Oulan-Bator le confort moderne – apporté par l'eau courante, l'eau chaude sanitaire et le chauffage – les libérant de la corvée quotidienne d'eau et de charbon. Lorsqu'on les interroge sur leur «ville idéale», bon nombre d'entre eux répondent «une ville saine et sûre».

Oulan-Bator travaille actuellement sur des projets visant à améliorer la zone de ger et à concevoir de nouvelles politiques de logement pour les personnes à faible revenu, et la ville souhaite continuer de bénéficier de l'aide de la JICA pour résoudre ces problèmes.

Les appartements construits dans le cadre du projet «ger contre appartement». Les résidents sont ravis d'avoir un meilleur confort de vie grâce au raccordement à l'eau et aux égouts, à l'eau chaude et au chauffage (district 7 d'Oulan-Bator, septembre 2016).

«La ville de Sapporo, au Japon, est considérée comme un modèle pour Oulan-Bator à l'horizon 2030. Il existe un lien d'amitié entre les deux villes qui connaissent un climat similaire et Sapporo est souvent évoquée dans les programmes télévisés mongols. Sapporo poursuit son développement vers la modernité, c'est une ville spacieuse, similaire à Oulan-Bator à bien des égards.» M. Nagayama, lié depuis longtemps à la capitale mongole, conclut : «En observant les paysages de Sapporo, nous nous disons souvent que ce serait formidable de voir Oulan-Bator se développer ainsi».