l'Agence Japonaise de Coopération Internationale

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Nouvelles du terrain

17 janvier 2020

25 ans après le grand séisme de Kobe : Naissance de la DMAT et transmission du savoir-faire en matière d'aide médicale en cas de catastrophe (Partie I)


Photo(Gauche) La DMAT intervient sur le site d'une urgence médicale au Japon.
(Droite) Les équipes du JDR fournissent une aide médicale en cas de catastrophe à l'étranger.


Vingt-cinq ans ont passé depuis le grand séisme de Kobe (grand tremblement de terre de Hanshin-Awaji), l'un des tremblements de terre urbains en champ proche les plus dévastateurs du XXe siècle. Ces dernières années, avec la fréquence accrue des typhons et autres catastrophes naturelles, l'équipe d'aide médicale en cas de catastrophe du Japon (DMAT pour Disaster Medical Assistance Team) a acquis une grande notoriété. On sait moins en revanche que la DMAT a été établie suite au grand séisme de Kobe.

Lors de sa création, la DMAT s'est appuyée sur le savoir-faire des équipes du Secours d'urgence du Japon (JDR pour Japan Disaster Relief) actives à l'étranger et dont le secrétariat se trouvait à l'époque au sein de la JICA. Aujourd'hui, la DMAT et le JDR regroupent de nombreux professionnels de santé. Le savoir-faire du Japon en matière d'aide médicale en cas de catastrophe est utilisé à l'étranger, tandis que ces expériences aident en retour le Japon à gérer ses propres catastrophes.

Pour revenir sur le chemin parcouru en 25 ans depuis le grand séisme de Kobe, nous avons demandé au Dr Koido Yuichi (Centre national de médecine de catastrophe, Tachikawa, préfecture de Tokyo) et au Dr Tomioka Joji (hôpital Yonemori, Kagoshima), entretenant tous deux des liens profonds et de longue date avec la DMAT et le JDR, de nous parler de l'évolution de l'aide médicale en cas de catastrophe du Japon.

La DMAT déploie une aide rapide sur les sites touchés par des catastrophes

PhotoLa DMAT descend d'un avion des Forces d'autodéfense pour intervenir dans la préfecture de Miyagi suite au grand séisme de l'est du Japon.


La DMAT est constituée d'équipes médicales d'urgence nationales envoyées sur des sites de catastrophe ou d'accident à grande échelle pour fournir des soins d'urgence. Ces dernières années, les interventions de la DMAT ont été largement couvertes par les médias, lui conférant ainsi une visibilité accrue. Les équipes de quatre à cinq personnes sont composées de médecins, d'infirmiers et de coordinateurs. Il y a 1 686 équipes et 14 204 personnels inscrits dans le pays (fin mars 2019).

«Les équipes de la DMAT ont été mobilisées à de nombreuses reprises récemment, notamment lors du séisme du nord de la préfecture d'Osaka, des pluies torrentielles dans l'ouest du Japon et du séisme d'Hokkaido en 2018, puis en réponse aux pluies torrentielles dans le nord de Kyushu et aux typhons Faxai et Hagibis en 2019. Environ 100 équipes ont été dépêchées pour le typhon Faxai et près de 260 équipes pour Hagibis. Leur travail consistait à soutenir les hôpitaux en cas de coupures d'eau et d'électricité et à évacuer les patients hospitalisés», explique le Dr Koido Yuichi, actuellement directeur du Secrétariat de la DMAT.

«Comment le grand séisme de Kobe a-t-il entraîné la création de la DMAT ? Avant cet événement qui a fait plus d'un millier de morts, le Japon n'avait pas connu de catastrophe majeure depuis le typhon Vera, en 1959, la nécessité d'une aide d'urgence en cas de catastrophe au Japon n'était alors pas du tout reconnue» poursuit-il.

PhotoNombre de morts et de personnes disparues suite à des catastrophes naturelles au Japon
* 1 Le nombre de morts du grand séisme de Kobe en 1995 comprend 919 décès liés (d'après les données de la préfecture de Hyogo).
* 2 Au 1er mars 2019. Les décès et les personnes disparues de 2018 viennent de données préliminaires compilées par le bureau du Cabinet.
Sources : Les données pour 1945 proviennent de Rika Nenpyo, indiquant le nombre de morts et de personnes disparues en raison de catastrophes majeures. Les données pour 1946-1952 proviennent de Nippon Kisho Saigai Nenpo. Les données pour 1953-1962 proviennent de l'Agence nationale de la police du Japon. Depuis 1963, les données proviennent de l'Agence de gestion des incendies et des catastrophes. Données compilées par le bureau du Cabinet.


Après le typhon Vera (1959), il y a eu une longue période de calme, mais suite au séisme d'Hokkaido de 1993 et au grand séisme de Kobe en 1995, les soins médicaux en cas de catastrophe sont apparus comme une nécessité.

Un séisme sans précédent appelant une demande de coopération auprès du JDR

Le grand séisme de Kobe, dont l'épicentre était situé au nord de l'île d'Awaji, a frappé le 17 janvier 1995 à 5 h 46 du matin avec une magnitude de 7,3. Le tremblement de terre a provoqué l'effondrement des autoroutes et des bâtiments dans plusieurs zones autour de Kobe, et des incendies à grande échelle à Nagata-ku, un des arrondissements de la ville, faisant de nombreuses victimes.

Parallèlement à l'arrêt des infrastructures de base pour les télécommunications, l'électricité et l'approvisionnement en eau, les routes, les hôpitaux et les cliniques ont subi de graves dégâts. De nombreux médecins, infirmiers, personnels d'urgence et pompiers ont également été touchés.

«À cette époque, il y avait une équipe médicale d'urgence internationale du Japon (JMTDR pour Japan Medical Team for Disaster Relief, devenue l'équipe médicale du JDR), formée à l'origine pour apporter une assistance médicale aux réfugiés cambodgiens en 1979. La JMTDR pouvait opérer en tant qu'équipe médicale uniquement à l'étranger et elle n'était pas autorisée à intervenir au Japon. Cependant, compte tenu de la gravité de la catastrophe, un grand nombre de membres de la JMTDR se sont livrés à des activités médicales à Kobe, immédiatement après le séisme. En dépit de l'absence d'informations sur la situation, de nombreux médecins et infirmiers se sont rendu à Kobe de leur propre initiative depuis les régions de Tokyo et du Kansai (Kinki)» précise le Dr Koido, ancien président du comité de soutien de l'équipe médicale du JDR. En 1994, il a fait partie de l'équipe du JDR en tant que spécialiste du traitement des brûlures lors de l'éruption du mont Merapi, en Indonésie.

En raison de la gravité de la situation, deux semaines après la catastrophe, le premier ministre de l'époque, Murayama Tomiichi, a demandé par l'intermédiaire de la JICA la coopération de la JMTDR, ce qui n'avait pas été possible jusqu'à présent. En réponse, la JMTDR a intégré les activités d'aide à sa formation. Au total, 31 médecins, infirmiers et autres personnels de la JMTDR sont intervenus par roulement de trois équipes entre le 4 et le 20 février pour offrir des soins dans les locaux de l'école élémentaire Mikage de l'arrondissement de Higashinada-ku, à Kobe.

Malgré la mobilisation de ces équipes, il a été prouvé que de nombreux décès auraient pu être évités après ce séisme de grande ampleur. On considère comme «évitables» les décès résultant de l'incapacité d'une personne à recevoir le traitement urgent approprié qui aurait été fourni dans des circonstances normales. Ce nombre est estimé à au moins 500.

La nécessité d'envoyer sur le territoire national des équipes médicales spécialisées en cas de catastrophe s'est alors imposée comme une évidence.

Photo


La DMAT a été créée en se basant sur le JDR

«Depuis ce jour, tout a changé. La mise en place d'un système national et local de gestion des crises et de systèmes médicaux nationaux en cas de catastrophe à grande échelle est devenue une priorité. En d'autres termes, on peut dire que cet événement a marqué un tournant majeur dans la médecine de catastrophe au Japon», explique le Dr Koido.

Le ministère de la Santé, du travail et des affaires sociales a immédiatement créé un conseil d'experts. En outre, la même année, l'Association japonaise de médecine de catastrophe a été créée en tant que société nationale chargée des soins médicaux en cas de catastrophe. «Dans ce contexte, grâce aux efforts du Dr Henmi Hiroshi, du Centre national de médecine de catastrophe de l'Organisation hospitalière nationale, la première équipe médicale en cas de catastrophe, la DMAT de Tokyo, a été créée en 2004, puis une équipe de la DMAT a été établie dans toutes les préfectures japonaises en 2005».

De nombreuses personnes ayant joué un rôle central dans la création de la DMAT travaillaient déjà avec le JDR depuis de nombreuses années, notamment des médecins et autres spécialistes de santé. Les programmes de formation du JDR ont également été mobilisés pour développer les ressources humaines de la DMAT à ses tout débuts.

«Il n'est pas exagéré de dire que la DMAT (qui intervient sur le territoire national), née des enseignements tirés du grand séisme de Kobe, a été bâtie sur les fondations du JDR», explique avec passion le Dr Koido. La DMAT et le JDR ont alors commencé à partager leurs connaissances et à travailler au renforcement de leurs systèmes d'aide d'urgence en cas de catastrophe.

Photo(Gauche) Les membres de l'équipe médicale du JDR ont installé une tente pour soigner les personnes touchées par le séisme de 2015 au Népal.
(Droite) Chirurgie dans une tente médicale. L'équipe médicale du JDR a été certifiée par l'OMS (Organisation mondiale de la santé) pour la fourniture de soins ambulatoires urgents de type 1, qui comprennent des soins primaires et des visites de routine, et les urgences chirurgicales de type 2. Elle dispose également d'une cellule spécialisée en dialyse et chirurgie rénale.


(Seconde partie à suivre)



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