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Nouvelles du terrain

16 janvier 2020

25 ans après le grand séisme de Kobe : Transmission du savoir-faire et des connaissances en matière d'aide médicale en cas de catastrophe de la DMAT vers le JDR (Partie II)


Au Mozambique, les savoir-faire des deux organisations ont fonctionné efficacement

En mars 2019, un gigantesque cyclone a frappé le Mozambique, sur la côte orientale de l'Afrique. Ce fut l'un des pires cyclones de l'histoire récente de l'hémisphère sud. En réponse à une demande du gouvernement du Mozambique, une équipe du Secours d'urgence du Japon (JDR pour Japan Disaster Relief) a été rapidement envoyée dans le pays.

PhotoUn membre de l'équipe médicale du JDR examine des victimes au Mozambique et saisit les informations sur les patients dans le système de dossier médical électronique.


«Pour soutenir le Centre des opérations d'urgence du ministère de la Santé du Mozambique, une équipe d'experts du JDR a été dépêchée afin de contribuer à la coordination de plusieurs équipes médicales internationales. L'équipe était composée de membres du Secrétariat de l'équipe d'aide médicale en cas de catastrophe du Japon (DMAT pour Disaster Medical Assistance Team) et d'experts en santé publique qui ont joué un rôle central dans l'élaboration de la méthode de standardisation des informations médicales sur les catastrophes de l'OMS, l'ensemble minimal de données (EMD). Par ailleurs, l'équipe médicale du JDR, sous l'égide du Centre des opérations d'urgence, a offert des soins médicaux dans les zones où de nombreux évacués privés d'assistance médicale s'étaient rassemblés», explique le Dr Tomioka Joji, alors chef d'équipe adjoint.

Pour le Dr Joji, aujourd'hui président du sous-comité chargé de la coordination de l'équipe médicale du JDR, «ces activités sont caractéristiques de la manière dont le savoir-faire de la DMAT a été utilisé par le JDR à l'étranger». Comme il aime à le raconter, c'est suite à son expérience du séisme d'Ebino, en 1968, qu'est née sa vocation médicale.

PhotoLes membres de l'équipe médicale du JDR utilisent des purificateurs d'eau pour fournir des soins médicaux sûrs dans les régions sinistrées du Mozambique. Le Dr Tomioka est debout sur le camion. (Photo de droite)


Le Dr Tomioka poursuit en évoquant la naissance du dispositif de surveillance après les urgences extrêmes et les catastrophes (SPEED pour Surveillance in Post Extreme Emergencies and Disasters), qui a consolidé les savoir-faire du JDR et de la DMAT.

«SPEED a été initialement développé par le ministère philippin de la Santé et l'OMS pour recueillir des informations sur les pathologies qui peuvent devenir problématiques en cas de catastrophe. En médecine de catastrophe, la surveillance en temps réel des symptômes et des signes rapportés par les patients est un outil important pour la prise de décisions afin de prévenir et de contrôler les épidémies et de protéger la santé des victimes. Mais lors des catastrophes passées, le format et le contenu de ces rapports variaient selon les équipes médicales, ce qui rendait difficile la compilation des données. Cela a entraîné des retards dans l'évaluation des situations et posé des problèmes majeurs.»

Après le passage du typhon Haiyan aux Philippines (2013), lors d'une réunion de coordination de l'information (réunion du cluster santé) des équipes médicales étrangères, le professeur Kubo Tatsuhiko de l'Université d'Hiroshima (département de la Santé publique et des politiques de santé, École supérieure des sciences biomédicales et de la santé), participant en qualité de membre de l'équipe médicale du JDR, a fait une proposition. «Les Philippines ont une méthode de rapport très simple utilisant une simple feuille au format A4 appelée SPEED. Pourquoi les équipes médicales internationales n'adoptent-elles pas cette méthode ?» a-t-il déclaré. L'équipe médicale du JDR, dirigée par le Dr Kubo, testait depuis plusieurs années déjà des systèmes de dossiers médicaux électroniques utilisables dans les zones sinistrées avant de prendre connaissance de SPEED.

La proposition du Dr Kubo a reçu un très bon accueil des équipes médicales du monde entier. «Les équipes ont adopté SPEED dès le lendemain, montrant ainsi que les problèmes liés aux soins de santé dans les zones sinistrées pouvaient être rapidement et facilement compilés et intégrés dans la prise de décision. Nous avons rapporté la méthode au Japon, non sans l'avoir adaptée à un usage domestique, ce qui a donné naissance à J-SPEED. Lorsque le séisme de Kumamoto a frappé en 2016, de nombreuses équipes médicales, y compris la DMAT, ont utilisé la nouvelle méthode qui s'est révélée très efficace. En outre, suite à notre recommandation à l'OMS, J-SPEED est devenu la norme internationale (EMD) en 2017. Cette norme a été appliquée pour la première fois au Mozambique en 2019, après le passage du cyclone Idai, et a obtenu d'excellents résultats. SPEED, un système de surveillance local utilisé aux Philippines, a été mondialisé par l'équipe médicale du JDR pour devenir la norme internationale».

PhotoUn formulaire de rapport quotidien utilisant l'EMD adopté par l'OMS. L'EMD est un système normalisé au niveau international pour les données extraites des dossiers médicaux qui doivent être signalées à l'instance coordinatrice par les équipes médicales travaillant dans les zones sinistrées en cas de catastrophe de grande ampleur. En collectant immédiatement des données standardisées précises pendant les traitements, les autorités sanitaires peuvent prendre des décisions rapides et pertinentes en fonction de la situation sur le terrain, notamment le déploiement d'équipes médicales et l'adoption de mesures contre les maladies infectieuses.


Nouveaux problèmes mis au jour suite au grand séisme de l'est du Japon

La DMAT opère au Japon tandis que le JDR gère les secours internationaux, et un cercle vertueux a été créé en reliant ces organisations, directement ou indirectement, ainsi qu'en stimulant les évolutions et les améliorations. Certains problèmes subsistent néanmoins.

Prenez par exemple le grand séisme de l'est du Japon, cette catastrophe sans précédent survenue le 11 mars 2011. Selon l'Agence de la police nationale, 18 428 personnes sont mortes ou portées disparues en raison du tremblement de terre (en décembre 2019), et selon l'Agence de reconstruction, 48 982 personnes vivent encore aujourd'hui comme des évacués (en novembre 2019).

PhotoAprès le grand séisme de l'est du Japon, la DMAT s'est immédiatement rendue à l'aéroport de Hanamaki (préfecture d'Iwate) – plaque tournante du transport médical à grande échelle – pour venir en aide aux victimes.


Le Dr Koido, directeur du Secrétariat de la DMAT, se souvient : «Lors du grand séisme de l'est du Japon, plus de 1 800 équipes de la DMAT sont immédiatement arrivées sur les zones sinistrées et ont pu répondre à divers besoins médicaux. En revanche, dans certains cas, il était impossible d'assurer par le biais de la DMAT une transition fluide des soins médicaux d'urgence en phase hyperaiguë et aiguë vers les soins médicaux généraux en phase subaiguë ou chronique. Cela a entraîné un nombre considérable de décès évitables liés à la catastrophe».

Cette expérience a montré l'importance d'un système de contrôle des conditions d'hygiène dans les centres d'évacuation et les logements temporaires après les soins médicaux d'urgence. Elle a en outre souligné la pertinence d'un soutien étendu incluant diverses professions et disciplines médicales pour les personnes nécessitant une attention particulière, telles que les personnes âgées et les patients atteints de maladies chroniques ou sous dialyse.

«Alors que nous continuons à améliorer les compétences de la DMAT, nous devons de toute urgence nous assurer que les manuels de réponse aux catastrophes, y compris les plans de continuité des activités en cas de catastrophe, sont en place pour les hôpitaux de campagne et les établissements médicaux secondaires régionaux. En outre, les «coordinateurs médicaux en cas de catastrophe», institutionnalisés après le grand séisme de l'est du Japon, ont fait leurs preuves lors du séisme de Kumamoto en 2016. Mais il est nécessaire de renforcer encore leurs activités.»

Les défis permanents de la DMAT et du JDR

Pour se préparer à l'arrivée de deux séismes majeurs, dans la fosse de Nankai et l'agglomération de Tokyo, le gouvernement national, les autorités locales et les entreprises privées mettent en œuvre des mesures de prévention et d'atténuation des catastrophes, telles que la construction de bâtiments parasismiques et l'organisation d'exercices d'évacuation en cas de tsunami. Les deux médecins ont débattu des futures évolutions de la DMAT et du JDR en matière de médecine de catastrophe.

«Pour obtenir une aide internationale, comme cela a été le cas lors du grand séisme de l'est du Japon, nous devons établir rapidement une procédure d'acceptation des équipes médicales étrangères répondant aux normes internationales, conformément aux procédures en vigueur. Une formation complémentaire est également nécessaire», insiste le Dr Tomioka.

Pour le Dr Koido : «Il faut former davantage d'experts de classe mondiale au Japon et à l'étranger. C'est l'une des raisons pour lesquelles les équipes médicales du JDR participent à des exercices et des formations dans le cadre du projet de renforcement des capacités régionales de l'ANASE en matière de gestion de la santé en cas de catastrophe naturelle (ARCH pour ASEAN Regional Capacity on Disaster Health Management) en cours dans les pays d'Asie du Sud-Est. Nous devons promouvoir davantage l'assistance médicale en cas de catastrophe selon une perspective allant «du spécifique au global». Je pense que le JDR comme la DMAT comptent parmi les équipes les plus compétentes du monde, mais nous pouvons encore nous améliorer en matière de logistique. Il s'agit notamment d'accélérer l'affectation du personnel, des équipements et du matériel lors des crises».

PhotoPersonnel du JDR participant à une formation dans le cadre du projet de renforcement des capacités régionales de l'ANASE en matière de gestion de la santé en cas de catastrophe naturelle (ARCH) à Bali, en Indonésie, en novembre 2019 (le Dr Koido est le troisième à partir de la gauche dans la seconde rangée)


Il n'y a pas d'objectif ultime en matière de prévention des catastrophes. Le JDR et la DMAT continuent d'apprendre l'un de l'autre pour «sauver autant de vies que possible, quelle que soit la difficulté de la situation».



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