Le 7 octobre 2019, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré l'élimination de la filariose lymphatique à Kiribati, un pays insulaire du Pacifique engagé de longue date dans la lutte contre cette maladie. La filariose lymphatique est une maladie parasitaire transmise aux humains par les moustiques. C'est une maladie effrayante qui pénètre dans les vaisseaux lymphatiques du sujet infecté et peut provoquer un gonflement des jambes et des organes génitaux ainsi que de fortes douleurs. Avec la rage et la dengue, la filariose lymphatique fait partie des «20 maladies tropicales négligées (MTN)» répertoriées par l'OMS. Une campagne d'administration massive de médicaments (AMM) pour le traitement et la prévention de cette maladie a été organisée pour près de 900 millions de personnes dans 49 pays tropicaux et subtropicaux*.

Afin d'éliminer la filariose lymphatique, la JICA a déployé une aide dans 14 pays insulaires du Pacifique, notamment à Kiribati, comprenant l'envoi de volontaires chargés de fournir des conseils sur les soins aux patients, la promotion de l'AMM et la distribution de tests sanguins. Actuellement, grâce à un partenariat public-privé, Eisai Co., Ltd. fournit gratuitement un médicament pour la filariose lymphatique dans le cadre de l'AMM, la diéthylcarbamazine (DEC), tandis que la JICA soutient la mise en œuvre de l'AMM au niveau communautaire.

À cause du gonflement des jambes entraîné par la maladie, les personnes touchées par la filariose lymphatique sont souvent confrontées à des problèmes professionnels et financiers liés à la stigmatisation sociale et la réalisation difficile des activités quotidiennes. Si l'AMM peut réduire le risque d'infection pour la population locale, la majorité des patients sont pauvres et l'intervention a longtemps été retardée.

AMM en Papouasie-Nouvelle-Guinée

Les maladies tropicales négligées sont un groupe de 20 maladies répertoriées par l'OMS. Les endémies de MTN sont causées par des facteurs tels que les mauvaises conditions d'hygiène liées à la pauvreté et entraînent un déclin de la main-d'œuvre et de la productivité, ce qui empêche les communautés locales d'échapper à la pauvreté. Dans les pays en développement et émergents, les MTN entravent la croissance économique et constituent à ce titre l'un des grands défis que ces pays doivent surmonter.

Soutien à long terme à l'élimination de la filariose lymphatique dans les pays insulaires du Pacifique depuis plus de 30 ans

Des membres de l'équipe de distribution de médicaments pour l'AMM dans la région (Papouasie-Nouvelle-Guinée)

Depuis 1999, l'OMS met en œuvre le Programme régional d'élimination de la filariose lymphatique dans le Pacifique (PacELF) afin d'éradiquer la maladie dans la région. Parallèlement à ses projets de soutien, la JICA envoie des volontaires dans le domaine de la santé et des soins médicaux dans les pays insulaires du Pacifique depuis 1989. Nous avons travaillé sur des activités de sensibilisation à la prévention, promu l'AMM et la gestion des médicaments et communiqué des données sur l'AMM.

AMM dans les écoles (Papouasie-Nouvelle-Guinée)

En 2000, la JICA a commencé à fournir des médicaments (DEC) et des kits de tests sanguins (ICT/FTS) à 14 pays insulaires du Pacifique, dont Kiribati. En 2017, elle avait fourni 346,15 millions de comprimés (DEC), 635 750 tests ICT (en 2015) et 19 050 tests FTS (en 2016).

Cette assistance à long terme a aidé huit des 14 pays insulaires du Pacifique (Îles Cook, Niue, Vanuatu, Îles Marshall, Tonga, Palaos, Nauru et Îles Salomon) à éliminer la filariose lymphatique avant Kiribati.

En rouge : Pays réalisant ou sur le point de réaliser le projet d'élimination de la filariose lymphatique dans la région Pacifique
En bleu : Pays ayant éradiqué la filariose lymphatique

Soutien d'une entreprise pharmaceutique japonaise

Eisai, une société pharmaceutique japonaise, a joué un rôle déterminant dans l'élimination de la filariose lymphatique.

Cérémonie de signature d'une déclaration d'intention par NAITO Haruo, PDG d'Eisai, et Margaret Chan, directrice générale de l'OMS (novembre 2010)

Les efforts d'Eisai pour éliminer les MTN ont commencé en 2010 avec la signature d'une déclaration d'intention avec l'OMS sur la fourniture gratuite de médicaments pour la filariose lymphatique. Par la suite, la déclaration de Londres sur les MTN de janvier 2012 a conduit à la mise en œuvre complète de cette initiative.

Dans la déclaration de Londres, Eisai a participé en tant que membre d'un groupement de 13 grandes sociétés pharmaceutiques mondiales à une déclaration conjointe établissant un partenariat public-privé international avec l'OMS, les gouvernements américain et britannique, et les gouvernements où l'épidémie sévit pour éliminer 10 MTN d'ici 2020. Eisai est la première entreprise pharmaceutique japonaise à collaborer avec l'OMS pour lutter contre les MTN et à donner des médicaments. L'entreprise japonaise fournit des DEC aux pays éligibles depuis 2013.

«Il y avait une pénurie mondiale de comprimés de DEC de haute qualité à l'époque», explique le représentant d'Eisai. «Eisai fabrique des comprimés de DEC dans notre usine de Vizag, en Inde, et les fournit gratuitement à l'OMS. À ce jour, nous avons fourni 1,94 milliard de comprimés (en décembre 2019) à 28 pays touchés par l'épidémie. Eisai considère l'amélioration de l'accès aux médicaments et la contribution à la santé mondiale dans les pays en développement et émergents comme un investissement à long terme qui conduira au futur développement économique de ces pays.»

«En plus de la fourniture gratuite de comprimés de DEC, Eisai cherche à aider d'autres manières les patients et leurs familles dans le monde entier et à renforcer les bénéfices des soins de santé à travers des partenariats avec la JICA, les gouvernements des pays touchés, les organisations internationales et les organisations à but non lucratif», précise le représentant d'Eisai.

Poursuite de la lutte contre la filariose lymphatique

Personnel du service de santé formé à l'AMM. M. Sekihara, expert de la JICA, est le deuxième à gauche. (Papouasie-Nouvelle-Guinée)

Depuis 2018, la JICA assure la promotion du projet d'élimination de la filariose lymphatique dans la région Pacifique et envoie des experts dans six pays (Kiribati, Samoa, Tuvalu, Fidji, Micronésie et Papouasie-Nouvelle-Guinée) où la filariose lymphatique sévit encore, à l'exception dorénavant de Kiribati.

Un expert de la JICA, M. Sekihara, participe à une émission de radio dans le cadre d'une activité de relations publiques pour l'AMM. (Papouasie-Nouvelle-Guinée)

SEKIHARA Makoto, un expert de la JICA, a déclaré : «Pour atteindre un niveau de couverture suffisamment élevé de l'AMM, il est impératif de collaborer avec toutes les organisations et institutions de la zone cible. Cela comprend le gouvernement, les municipalités, les hôpitaux, les écoles, les églises, la police, les entreprises privées, les médias, etc. Nous avons construit une confiance mutuelle en suscitant la motivation de chaque organisation, en travaillant dur sur le terrain et en partageant nos expériences d'échec et de réussite. Toutes les parties prenantes de divers pays impliquées dans l'élimination de la filariose lymphatique travaillent avec enthousiasme et conviction dans le but de mettre définitivement un terme à cette terrible maladie. C'est pourquoi nous, experts de la JICA, redoublons d'efforts pour répondre à ces attentes, et il s'agit pour moi d'un immense défi».

La JICA joue un rôle important dans le programme d'élimination de la filariose lymphatique dans les pays insulaires du Pacifique, et son action a été saluée par l'OMS / le secrétariat du PacELF et les pays bénéficiaires. Ce sont des activités importantes qui contribuent à améliorer la vie des habitants de la région, c'est pourquoi la JICA est déterminée à poursuivre son travail avec ces différents acteurs.