Au Japon, juin est le mois de l'environnement. Afin de sensibiliser le public aux questions environnementales, les Nations unies ont désigné le 5 juin comme la Journée mondiale de l'environnement.

Le changement climatique est un défi sans précédent pour toute l'humanité. Il existe un lien étroit entre l'environnement mondial et le changement climatique susceptible d'engendrer une profonde perturbation des «ressources en eau» (note).

Nous avons interrogé MATSUMOTO Shigeyuki, directeur du groupe des ressources en eau du département de l'environnement mondial, sur la stratégie actuelle de coopération de la JICA pour enrayer les effets de l'évolution du climat dans le secteur de l'eau dans les pays en développement. M. Matsumoto a reçu le prix de la contribution internationale continue de la Japan Society of Civil Engineers en 2019. Au sein de la JICA, il fait figure de référence pour le secteur de l'eau.

Dans cette première partie de notre série sur la vulnérabilité des ressources hydriques au réchauffement planétaire, nous évoquons les problèmes induits par l'évolution du climat. La deuxième partie présente la coopération de la JICA dans une perspective de développement durable et de lutte contre le changement climatique dans les pays en développement.

• (Note) Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) : Rapport 2014 (en anglais) (lien externe)

Le projet d'amélioration du chenal fluvial Pasig-Marikina vise à prévenir les inondations dans le centre du Grand Manille, aux Philippines, menacé par l'intensification des typhons due au changement climatique.

L'impact majeur du changement climatique sur l'eau : inondations, sécheresses, élévation du niveau de la mer et salinisation

- Quels sont les problèmes hydriques causés par le changement climatique ?

Matsumoto : Le changement climatique, appelé également réchauffement planétaire, a de lourdes conséquences à l'échelle mondiale. Elles sont particulièrement graves dans le secteur de l'eau. L'eau circule dans l'atmosphère sous l'effet de la chaleur. Le changement climatique affecte donc l'ensemble du cycle de l'eau sur la terre. Les fortes modifications dans le régime des pluies, la fonte des glaciers et des calottes glaciaires et l'élévation du niveau des mers sont des phénomènes désormais connus de tous.

- Ces dernières années, le Japon a également constaté une intensification des pluies torrentielles sans précédent et des typhons de grande ampleur qui approchent ou touchent terre.

Matsumoto : La multiplication de ces événements météorologiques extrêmes s'expliquerait par une hausse de la température de la mer au sud du Japon. Dans le même temps, la Corne de l'Afrique, expression qui désigne une péninsule de l'Est africain à la forme évocatrice, enregistre des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents. Cette région qui comprend notamment la Somalie et l'Éthiopie, a été frappée en 2011 par la pire sécheresse depuis 60 ans. La pression sur l'offre et la demande d'eau en milieu urbain s'accentue également chaque année, avec des pénuries d'eau record au Cap, en Afrique du Sud, et à Chennai (anciennement Madras), en Inde. Les fortes pluies et les inondations sont directement liées à la sécheresse, mais si le phénomène est depuis longtemps identifié, il s'est récemment amplifié.

Inondations à Phnom Penh, la capitale du Cambodge

- La question de la montée des océans revient aussi régulièrement dans les discussions

Matsumoto : L'élévation du niveau de la mer est un défi urgent pour les nations insulaires de faible altitude alors même que la salinisation des aquifères et des rivières gagne du terrain dans de nombreuses régions côtières basses de la planète. Par exemple, à Ho Chi Minh Ville, au Vietnam, la marée remonte le cours du Saigon et l'eau du robinet prélevée dans le fleuve devient saumâtre, ce qui pose un grave problème de qualité de l'eau. Cette situation se trouve en outre exacerbée par une augmentation du niveau de la mer. À Jakarta, en Indonésie, le pompage excessif des eaux souterraines inquiète en raison du risque d'affaissement du sol qui, combiné à l'élévation du niveau de la mer, entraînerait de graves dommages dus aux ondes de tempête.

- La pénurie d'eau est depuis toujours un enjeu primordial

Matsumoto : La terre est la planète de l'eau, cependant, la majorité de cette ressource se trouve dans les océans. L'eau douce à usage humain contenue dans les rivières et les lacs ne représente que 0,01 % de la quantité totale d'eau sur la planète. Cela peut sembler une quantité infime, mais l'eau des rivières et des lacs circule selon un cycle sans fin : la pluie tombe, s'écoule, se dirige vers l'océan, s'évapore pour former des nuages, circule dans l'atmosphère, puis retombe sous forme de pluie. Selon le groupe de recherche du professeur OKI Taikan de l'Université de Tokyo, moins de 10 % du rejet annuel d'eau douce dans les océans est consommé par les humains dans les rivières du monde. En d'autres termes, le volume d'eau douce reste stable. C'est une ressource abondante.

- Cela signifie donc qu'il n'y a pas de pénurie d'eau ?

Matsumoto : On parle de pénurie d'eau en raison de la répartition inégale des ressources en eau dans le temps et l'espace. Nous avons des saisons des pluies et des saisons sèches. Certaines régions sont arides ou semi-arides et d'autres sont humides. Pour les pays en développement, il faut également compter avec des facteurs économiques tels que le manque de moyens financiers pour le développement et la gestion des ressources en eau. Par ailleurs, la forte croissance démographique et l'amélioration du niveau de vie ont dopé la demande en eau dans différentes régions du monde. Parallèlement, le changement climatique dû au réchauffement de la planète et à d'autres phénomènes amplifie le problème de la disponibilité de l'eau. On parle alors de «crise de l'eau». Il s'agit d'une question majeure, qui concerne l'ensemble de l'humanité et sur laquelle les pays du monde doivent travailler ensemble.

(Suite dans la deuxième partie)