En 1872, le premier train japonais reliait le quartier de Shimbashi à Tokyo et Yokohama. Pour commémorer la naissance et le développement de ce moyen de transport, le 14 octobre a été désigné «Journée du chemin de fer» au Japon. Le système ferroviaire japonais, qui fêtera son 150^e anniversaire l'année prochaine, est l'un des meilleurs au monde, aussi bien au niveau technologique, que pour la sécurité, la ponctualité des opérations ou la qualité de son service clientèle.

Les pays en développement sont nombreux à demander une aide pour l'utilisation des technologies ferroviaires de pointe du Japon. Au cours des dernières années, la JICA a régulièrement coopéré sur des projets ferroviaires dans plus de 40 pays du monde, en Indonésie et aux Philippines en Asie, jusqu'à l'Amérique du Sud et l'Afrique.

La JICA soutient la construction de voies ferrées, réalise des études sur le trafic et assure une planification des transports axée sur le rail. Ses activités comprennent la conception de plans directeurs sur le transport urbain, la construction de voies ferrées, y compris de gares, la formation de conducteurs et de chefs de train, et la création de compagnies ferroviaires. Cet article présente le travail de la JICA visant à assurer des opérations ferroviaires sûres en Inde et au Bangladesh.

La ligne 6 du MRT de Dhaka

Inde : Utiliser les connaissances et expériences du Bureau de la sécurité des transports du Japon pour prévenir les accidents ferroviaires

Le chemin de fer indien est le plus ancien d'Asie et son réseau, avec près de 68 000 km, est l'un des plus grands. Le secteur emploie environ 1,3 million de personnes. Les technologies et les systèmes d'exploitation ferroviaires les plus récents ont été introduits, mais le vieillissement des installations et le manque d'entretien posent problème. Ces dernières années, de nombreuses vies humaines ont été perdues dans des accidents graves.

Des cadres du ministère indien des Chemins de fer participent à une formation sur les enquêtes menées suite aux accidents ferroviaires au Japon. Le conférencier, OKUMURA Fuminao, est membre du conseil d'administration du JTSB.

Dans ce contexte, la JICA a lancé dès 2018 un projet d'assistance technique orienté sur l'amélioration de la sécurité ferroviaire. Le Bureau de la sécurité des transports du Japon (JTSB pour Japan Transport Safety Board), un organisme expert en enquête sur les accidents ferroviaires, coopère à ce projet. Le JTSB partage ses méthodes et ses compétences en matière d'enquête et d'analyse des accidents ferroviaires, ainsi que sur la prévention des accidents à partir de ces analyses. Le Bureau poursuit sa coopération pour réduire les accidents et sécuriser les chemins de fer en Inde.

OKUMURA Fuminao, membre du conseil d'administration du JTSB (deuxième à partir de la gauche)

«Le JTSB a coopéré activement dès le début du projet en se rendant en Inde pour enseigner la méthode japonaise d'enquête sur les accidents. En 2019, un programme de formation de dix jours a été organisé au Japon et dix spécialistes indiens, dont des cadres du ministère des Chemins de fer et de la Commission de la sécurité ferroviaire, y ont participé. Le JTSB a expliqué aux participants les deux principes qui gouvernent les enquêtes japonaises sur les accidents : empêcher la répétition des accidents et atténuer les dommages en identifiant les causes. Il ne s'agit pas de désigner un responsable ou de sanctionner. Le JTSB continuera de coopérer à l'amélioration de la sécurité ferroviaire en Inde à travers ce projet.»

M. Okumura, membre du conseil d'administration du JTSB, promeut avec enthousiasme l'amélioration de la sécurité.

Le corridor dédié au fret en Inde a été partiellement inauguré en janvier 2020.

La JICA coopère depuis près de 40 ans avec les compagnies ferroviaires indiennes et le projet de sécurité ferroviaire en cours couvre également le projet de corridor dédié au fret, dont la construction progresse rapidement.

Ravindra Kumar Jain, directeur général de la DFCCIL

Le personnel de la Dedicated Freight Corridor Corporation of India Limited (DFCCIL), l'entreprise qui exploite le corridor, a également acquis des compétences, des méthodes et une approche plus responsable en matière de sécurité en participant à une formation au Japon et à un séminaire en ligne. «La DFCCIL a toujours accordé la plus haute priorité à la sécurité sur le site de travail», affirme son directeur général, Ravidra Kumar Jain. «La sensibilisation à la sécurité doit faire partie intégrante de la culture du travail, conformément à la devise selon laquelle "il n'y a pas de congé pour la sécurité".» Il exprime ainsi sa volonté d'établir une organisation privilégiant la sécurité avant tout.

Bangladesh : Première voie ferrée urbaine à haute vitesse avec une gestion de la sécurité à la japonaise

Le Bangladesh a un nombre d'habitants et une densité de population plus élevés que le Japon. Le pays connaît en outre une croissance économique constante, à un taux annuel moyen de 6 % depuis 2011. Comme l'Inde, son histoire ferroviaire remonte à l'ère coloniale, sous l'Empire britannique, et les trains tiennent une place importante dans la vie quotidienne de la population.

Dhaka, la capitale et l'une des plus grandes mégapoles du monde, est confrontée à de graves problèmes d'embouteillages et de pollution de l'air. La situation empire de jour en jour.

Un essai sur la ligne 6 du MRT

La JICA a commencé une coopération à grande échelle avec le secteur ferroviaire bangladais dans les années 2000. Récemment, la JICA a octroyé un prêt pour le développement de trois lignes de transport en commun rapide (MRT pour Mass Rapid Transit) à Dhaka afin de contribuer à l'établissement d'un réseau de transport public urbain. Par ailleurs, la JICA assure une coopération technique supplémentaire auprès de la Dhaka Mass Transit Company Ltd. (DMTCL) qui sera chargée de l'exploitation et de l'entretien du MRT. La JICA a déployé une aide pour la mise en place d'un système de gestion de la sécurité auprès de la DMTCL, avec la coopération du groupe Osaka Metro et de Nippon Koei Co., Ltd en janvier 2021. Le projet de coopération technique se concentre principalement sur la ligne 6 du MRT, dont la mise en service est prévue pour la fin de l'année 2022.

• Vidéo du test de la ligne 6 du MRT mené en août 2021 (lien externe)

NAKAI Nobuo, directeur du département construction du service de métro d'Osaka, se souvient du début du projet : «En Asie du Sud, on voit souvent des passagers voyager sur le toit des trains. Au début, je craignais qu'il n'y ait un énorme fossé culturel et qu'il soit difficile de soutenir la DMTCL avec le système japonais de gestion de la sécurité des transports. Cependant, lors des entretiens avec les habitants de Dhaka, nous avons constaté avec surprise qu'ils étaient très demandeurs d'une exploitation plus sûre du MRT. Le personnel de la DMTCL est également très motivé par nos programmes de formation».

Dans le cadre de sa croissance économique, le Bangladesh vise un développement urbain compact. Il tente de transformer la société actuelle, de plus en plus dominée par la voiture, par un développement axé sur les transports en commun regroupant les fonctions urbaines autour de nœuds modaux, tels que les gares. La ligne 6 du MRT, le premier métro du pays, joue un rôle important à cet égard. Que ce soit du point de vue de la construction des infrastructures ou pour l'organisation et la formation du personnel à partir de zéro, le point central reste la sécurité.

«Un opérateur ferroviaire doit sensibiliser les passagers et les citoyens aux questions de sécurité», selon M. Nakai. «Au Japon, les activités liées à la sécurité sont très élaborées, elles ont évolué au fil de précieux retours d'expérience sur les accidents passés», poursuit-il. «Nous avons à cœur d'améliorer l'état d'esprit en matière de sécurité et d'approfondir les connaissances du personnel de la DMTCL en ne leur enseignant pas simplement les systèmes de gestion de la sécurité, mais aussi ses aspects essentiels. S'il est vrai que nous nous concentrons pour l'instant sur une ligne de train à Dhaka, nous espérons que cet intérêt pour la sécurité essaimera dans la DMTCL, le secteur ferroviaire, le secteur des transports dans son ensemble et enfin dans tous les autres secteurs.»

Accélérer la sécurisation globale du réseau après la pandémie

Avec la pandémie de COVID-19, les restrictions de la vie quotidienne, telles que le confinement et le travail à distance, ont entraîné une baisse significative du nombre d'usagers des transports publics dans le monde. En tant que moyen de locomotion des travailleurs essentiels, les transports en commun n'en assurent pas moins une fonction vitale. Ils devraient continuer à jouer un rôle majeur en permettant aux citoyens de se rendre au travail et à l'école. Après la pandémie, des opérations ferroviaires plus sûres seront nécessaires, notamment pour lutter contre les infections dans le monde entier.

TANAKA Keisuke, équipe 3, groupe des transports du département de gestion des infrastructures de la JICA, décrit la future coopération de l'Agence dans le domaine ferroviaire.

«En plus d'atténuer les embouteillages et la pollution de l'air, qui s'aggravent chaque jour en raison de la croissance démographique et de l'urbanisation, nous devons envisager la lutte contre les maladies infectieuses pendant l'épidémie de COVID-19 et après. Jusqu'à présent, dans les transports ferroviaires, nous avons mis l'accent sur la "sécurité" au sens d'une absence d'accident, mais à l'avenir, nous devrons prendre des mesures appropriées contre les maladies infectieuses et travailler sur la sécurité sanitaire. Le train est un moyen de transport idéal pour les trajets entre le domicile et le travail ou l'école, la sécurité et la fiabilité du système ferroviaire urbain seront donc fondamentales», conclut-il.

Formation dans le cadre du projet d'amélioration des services ferroviaires et de l'entretien du matériel roulant au Myanmar
Source : Japan International Consultants for Transportation Co., Ltd. (JIC)