l'Agence Japonaise de Coopération Internationale

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Nouvelles du terrain

22 février 2023

Des ingénieurs en informatique bangladais recrutés dans des régions du Japon : Une coopération internationale qui répond aux besoins des deux pays


Le Bangladesh dispose d'un grand nombre de talents dans le domaine des technologies de l'information mais manque d'emplois, tandis que les villes périphériques du Japon souffrent d'une grave pénurie d'ingénieurs en informatique. Voyant la possibilité de répondre aux besoins des deux pays, la JICA a regroupé des initiatives distinctes, lancées initialement il y a 14 ans, pour créer un nouveau type de projet de coopération internationale. Cette démarche a suscité un grand intérêt et a même fait l'objet d'un manga. Pour en savoir plus, la JICA s'est entretenue avec deux responsables du projet et un ingénieur informatique bangladais qui travaille aujourd'hui dans une entreprise japonaise.

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L'idée d'un volontaire devient un projet national

Le projet de développement des ressources humaines en informatique de la JICA est né il y a 14 ans, en 2008, de la volonté de spécialistes japonais de l'informatique travaillant comme volontaires japonais pour la coopération à l'étranger (JOCV) au Bangladesh, de renforcer les possibilités d'emploi des jeunes talents locaux en mettant en place un système de certification de leurs qualifications.

«De nombreux jeunes Bangladais parlent anglais, ils sont intelligents et très talentueux», explique Kano Tsuyoshi, membre du personnel de la JICA à l'époque, qui a finalement repris le projet des membres des JOCV. «Toutefois, avant le lancement du projet, leurs perspectives de carrière étaient faibles car le Bangladesh ne disposait pas d'un programme national de certification pour les ingénieurs.» M. Kano avait appris l'informatique en tant qu'étudiant. Il savait par expérience que le fait d'avoir une compétence recherchée sur le marché pouvait ouvrir la voie à une carrière prometteuse.

PhotoPendant environ cinq ans à partir de 2010, Kano Tsuyoshi a dirigé le projet en tant que membre du personnel de la JICA, depuis le siège et le bureau de la JICA au Bangladesh. Actuellement professeur associé à l'Institut de technologie de Kanazawa, il participe toujours activement au projet en tant que chercheur.


Déterminés à concrétiser leur ambitieux projet, les membres des JOCV ont commencé à explorer la possibilité d'utiliser un test de certification informatique appelé «Examen des ingénieurs en technologies de l'information» (ITEE pour Information Technology Engineers Examination). Au Japon, 430 000 personnes se présentent chaque année à l'ITEE, ce qui en fait l'examen le plus important d'Asie. Les JOCV espéraient que l'ITEE serait également adopté par le Bangladesh afin que les employeurs embauchent en toute confiance les jeunes ingénieurs du pays.

Obtenir des résultats grâce à une approche axée sur le terrain

De nombreuses parties prenantes ont participé au projet, notamment une association locale d'entreprises informatiques, l'Université de Dhaka et le ministère japonais de l'Économie, du commerce et de l'industrie (METI). Il n'a pas été facile de concilier les intérêts de chacun, mais une percée importante a pu être accomplie lorsque les membres des JOCV ont eu l'occasion de rencontrer le ministre des Sciences et des technologies de l'information et de la communication de l'époque, M. Yeafesh Osman. Ils savaient qu'il était féru d'une forme de poésie bangladaise appeléé «kobita». Ils ont donc imaginé une «kobita» qui exprimait leur souhait de mettre en place un projet de développement du personnel informatique.

La stratégie a fonctionné, car l'ambiance dans la salle a changé instantanément lorsque les volontaires ont commencé à réciter une «kobita» en langue locale intitulée «Construire un pont entre le Japon et le secteur des technologies de l'information du Bangladesh». Après une brève pause, le ministre a répondu en vers : «Notre souhait le plus ardent est que de nombreuses personnes traversent ce pont». M. Kano déclare : «C'était un excellent exemple de l'approche de la JICA axée sur le terrain. Nous nous efforçons d'être nous-mêmes sur le terrain, de vivre parmi les gens et d'apprendre à connaître et à respecter leur culture. Je pense que cela a vraiment touché le cœur du ministre».

PhotoRemise d'une «kobita» au ministre Yeafesh Osman.


Le soutien du ministre a permis de faire avancer le projet. La JICA l'a déclaré projet de coopération technique en 2012 et l'a mis à l'essai l'année suivante. Le jour de l'examen, une «hartal» (grève) a cependant éclaté et les transports publics ont été interrompus.

Mais les membres du projet n'ont pas abandonné. M. Kano, qui était directement responsable depuis 2012, et ses collègues ont loué des pousse-pousse pour acheminer l'examen jusqu'au site prévu à cet effet. Malgré les craintes que personne ne se présente, 158 des 332 candidats se sont rendus sur place, y compris ceux venus à pied. «Nous étions ravis», se souvient M. Kano. «Les examinateurs japonais sont arrivés un jour plus tôt et ont passé la nuit sur le site du test. Je me suis senti très soulagé lorsque nous avons réussi à faire passer l'examen.»

PhotoL'examen expérimental de l'ITEE au Bangladesh, où les questions de l'examen ont été acheminées par pousse-pousse.


À la suite de cet essai, le Bangladesh a officiellement rejoint le Conseil d'examen des professionnels des technologies de l'information (ITPEC) en 2014. Il est désormais l'un des six pays membres du Conseil. L'adoption de l'ITEE a permis aux jeunes Bangladais de faire carrière en tant qu'ingénieurs informatiques dans des pays du monde entier.

PhotoCérémonie d'adhésion du Bangladesh à l'ITPEC.


Grave pénurie de personnel informatique au Japon

Contrairement au Bangladesh, le Japon est confronté au vieillissement de la population et à une grave pénurie de travailleurs dans le secteur des technologies de l'information. Selon une étude publiée par le METI en 2019, le Japon pourrait manquer de 790 000 travailleurs dans ce domaine d'ici à 2030. Cette situation a suscité de vives inquiétudes quant aux retards dans le développement des services informatiques et aux risques potentiels pour la sécurité de l'information.

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La pénurie est particulièrement aiguë dans les régions périphériques du pays, mais une municipalité a pris l'initiative de s'attaquer à ce problème : la ville de Miyazaki, sur l'île de Kyushu. Afin d'attirer les entreprises informatiques et d'éviter l'exode des talents, elle a créé un programme visant à inviter le personnel informatique du Bangladesh à s'installer dans la ville en s'associant à une entreprise locale fournissant des services d'apprentissage en ligne à l'étranger, à l'Université de Miyazaki - qui dispose d'un solide programme d'enseignement de la langue japonaise - et à la JICA.

Tasaka Shinnosuke, de l'Université de Miyazaki, a joué un rôle essentiel dans l'établissement de liens entre la ville et la JICA et dans le développement de ce qui est désormais connu sous le nom de «modèle Miyazaki-Bangladesh». «Je pense que le succès de ce modèle s'explique par le fait que, du côté de Miyazaki, on reconnaissait que la pénurie de travailleurs dans le secteur des technologies de l'information représentait un sérieux défi», se souvient M. Tasaka. «Un autre facteur a été l'existence d'incitations et de responsabilités claires pour toutes les parties prenantes - les entreprises de recrutement, le gouvernement local et l'université - les invitant à s'engager de manière proactive.»

PhotoAyant travaillé pour les JOCV et une société d'éducation, Tasaka Shinnosuke a contribué à la création du modèle Miyazaki-Bangladesh. Il promeut actuellement le projet de personnel informatique du Bangladesh en tant que professeur chargé du programme à l'Université de Miyazaki.


L'initiative de Miyazaki a permis à 24 entreprises de la préfecture d'employer plus de 50 ingénieurs en informatique du Bangladesh entre 2017 et 2022. Ces chiffres sont les deuxièmes plus élevés après Tokyo, ce qui a incité les autorités locales et les entreprises de tout le Japon à se renseigner et à se rendre sur place.

Le programme B-JET de la JICA soutient l'emploi de travailleurs bangladais du secteur des technologies de l'information au Japon

Le programme de formation des ingénieurs en TIC Bangladesh-Japon (B-JET), un projet de la JICA lancé en 2017, est un autre facteur de réussite à Miyazaki. Le B-JET est un programme de formation destiné aux ingénieurs informatiques bangladais qui souhaitent travailler au Japon. Il propose un enseignement de la langue japonaise, de l'étiquette en affaires et d'autres compétences requises sur le marché du travail japonais. Lorsque la JICA a mis fin à son soutien au programme en 2020*, 280 personnes avaient terminé la formation, dont près de 70 % (186) étaient employées comme ingénieurs par des entreprises à Miyazaki et dans d'autres régions du Japon.

*Le programme s'est poursuivi sans l'aide de la JICA à l'initiative de l'Université de Miyazaki, de l'Université North South au Bangladesh et d'entreprises privées.

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PhotoLes participants au B-JET apprennent la langue et la culture du Japon.


Hossain Muhammad Ramzan, employé comme programmeur dans une société de développement de systèmes à Miyazaki, est l'un de ces travailleurs de l'informatique. Il a fait partie du deuxième groupe d'étudiants B-JET à venir au Japon, arrivant en 2018 à l'âge de 25 ans. Lorsqu'on lui a demandé pourquoi il voulait travailler au Japon, M. Ramzan a répondu : «Mon rêve est de créer un jour ma propre entreprise, et je voulais donc acquérir des compétences informatiques avancées. Au Japon, je peux non seulement acquérir ces compétences, mais aussi me sentir à l'aise, puisqu'il s'agit d'un pays asiatique. Il se trouve qu'un pont près de chez moi avait été construit avec l'aide de la JICA, et j'ai donc eu une impression très favorable du Japon. Lorsque j'ai appris l'existence du programme B-JET, j'ai tout de suite décidé de poser ma candidature».

En ce qui concerne l'étiquette japonaise, il a été impressionné par l'importance accordée à la ponctualité et à une communication étroite avec son équipe. Grâce aux leçons dispensées par le B-JET, il affirme que les relations avec ses patrons, ses collègues et ses clients sur son lieu de travail actuel ont été très harmonieuses.

«Ma rencontre avec le B-JET a été une expérience qui a changé ma vie», commente M. Ramzan dans un japonais fluide. «J'aimerais travailler au Japon pendant encore 10 à 20 ans, puis créer une entreprise, en utilisant mon réseau et mon expérience pour jeter des ponts entre le Bangladesh et le Japon.»

PhotoHossain Ramzan (montrant l'écran sur la photo de droite) est arrivé à Miyazaki il y a environ quatre ans et travaille maintenant pour une société informatique appelée Spark Japan Co., Ltd.


Compte tenu de la pénurie de personnel informatique, les entreprises japonaises considèrent qu'il est très utile de pouvoir embaucher des ingénieurs informatiques de haut niveau qui parlent la langue et sont familiarisés avec les coutumes commerciales locales. La présence de travailleurs bangladais a également contribué à revitaliser un certain nombre d'entreprises.

Cela ne veut pas dire pour autant que l'initiative n'a pas été exempte de difficultés. «Au début, certains habitants ont pris ces ingénieurs pour de la main-d'œuvre non qualifiée ou n'étaient pas sûrs de la manière dont ils devaient se comporter avec les étrangers qui apparaissaient soudainement parmi eux», reconnaît M. Tasaka. «Toutefois, avec l'augmentation du nombre de jeunes Bangladais désireux de travailler au Japon, la communauté a commencé à s'ouvrir et à accueillir les nouveaux venus, offrant aux habitants de rares occasions d'échanges culturels.»

Une nouvelle forme de coopération internationale

«J'espère que beaucoup plus de jeunes au Bangladesh pourront profiter des opportunités de développement de leurs compétences», déclare M. Kano. «Le nombre de personnes ayant la possibilité de travailler à l'étranger est encore limité. En acquérant des compétences informatiques de base, un plus grand nombre de jeunes des zones rurales et de femmes pourront élargir leurs possibilités d'emploi dans les entreprises locales.»

Les efforts décrits ci-dessus indiquent une nouvelle approche de la coopération internationale qui permet de résoudre les problèmes sociaux à la fois dans les pays donateurs et dans les pays bénéficiaires : à savoir une pénurie de travailleurs dans le secteur des technologies de l'information au Japon et un manque de possibilités d'emploi au Bangladesh. «Les enseignements tirés de ce projet peuvent être appliqués à bien d'autres domaines que le secteur des technologies de l'information», explique M. Kano. «En comprenant mieux les besoins des uns et des autres, nous pouvons également identifier des forces complémentaires pour développer de nouvelles et meilleures formes de coopération internationale.»


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