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Nouvelles du terrain

1 mars 2023

La JICA va fournir des équipements pour assurer l'équité de la radiodiffusion publique en temps de guerre


Un an s'est écoulé depuis l'invasion militaire de l'Ukraine par la Russie et, pour le public en mal d'informations, il est essentiel de pouvoir rendre compte sans entrave du conflit. La Radiotélévision publique d'Ukraine (PBC) remplit sa mission dans ces conditions difficiles. «Les journalistes de la presse audiovisuelle ukrainienne continuent de fournir des informations précises et impartiales au public malgré les attaques répétées qui mettent leur vie en danger», déclare Miyao Atsushi de NHK International.

M. Miyao, qui dispose d'une longue expérience en matière de formation des radiodiffuseurs, a dirigé un projet de coopération de cinq ans mené par la JICA avec la PBC, qui s'est achevé en mars 2022. Aujourd'hui, dans le cadre d'une coopération de suivi, la JICA fournit à l'Ukraine du matériel de radiodiffusion, qui a fait défaut tout au long de la guerre. Le 9 février 2023, le premier lot d'équipements a été livré en toute sécurité au siège de la PBC à Kiev, la capitale de l'Ukraine.

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Soutenir les journalistes qui travaillent dans des conditions de guerre

Les médias ukrainiens ont subi de graves dommages, alors que la guerre se poursuit sans que l'on puisse en voir la fin. La tour de télévision de Kiev a été détruite peu après le début de l'invasion russe, et la PBC a été contrainte de déplacer temporairement sa base de diffusion à Lviv, dans l'ouest du pays, où elle pouvait être en sécurité. Bien que le siège soit revenu à son ancien emplacement à Kiev, la situation reste imprévisible, et les journalistes de chaque région continuent de mettre leur vie en danger pour rapporter des informations depuis les lignes de front.

PhotoLes journalistes ukrainiens continuent de faire leur travail dans des conditions difficiles.


Le plus grand défi auquel le radiodiffuseur est actuellement confronté est le manque d'équipement. Avec la destruction de la tour de télévision à Kiev, le siège a été contraint de passer à de petits émetteurs mobiles pour les reportages sur place, ne laissant d'autre choix aux reporters que d'utiliser des téléphones portables et d'autres appareils pour filmer et transmettre leurs reportages sur le terrain. Cela a fortement limité la couverture du terrain, qui joue un rôle majeur dans les reportages de guerre.

Dans le cadre du suivi du projet quinquennal précédent, la JICA a acheté sept ensembles complets d'équipements, y compris des unités de relais mobiles et des caméras, pour les livrer à la PBC. La première livraison a été effectuée en toute sécurité au siège de Kiev le 9 février 2023, et une deuxième livraison est prévue.

PhotoUne unité de relais mobile pour la transmission des bulletins d'information sur le terrain. La JICA a fourni à la PBC des unités plus petites et plus portables que celle illustrée. Des appareils photo, des objectifs, des accessoires de tournage et des drones étaient également inclus dans la livraison.


Transformer un service de radiodiffusion public en une société nationale audiovisuelle afin de protéger le droit du public à l'information

La JICA coopère avec le premier radiodiffuseur public ukrainien, la PBC, depuis son lancement en 2017, qui a remplacé l'ancien organisme de radiodiffusion appartenant à l'État.

À l'époque, quatre grands conglomérats nationaux détenaient le monopole des principaux médias et manipulaient l'information. La chaîne publique a servi de porte-parole au gouvernement et la communauté internationale s'est inquiétée de la difficulté pour l'Ukraine de disposer d'un média indépendant. Le gouvernement ukrainien, qui espérait adhérer à l'Union européenne, a décidé de transformer son radiodiffuseur public en un service audiovisuel indépendant du contrôle du gouvernement et diffuserait des émissions dans l'intérêt du public.

Cependant, des réformes drastiques étaient nécessaires pour changer le système existant. La JICA s'est donc adressée à NHK International, une société qui a travaillé avec des organismes de radiodiffusion de pays en développement grâce à ses connaissances approfondies et à son expérience mondiale, pour l'aider à lancer un service audiovisuel public et à mettre en place les ressources humaines nécessaires.

Miyao Atsushi a été nommé pour superviser le projet. «La création de la PBC a été motivée par le problème de fond rencontré par les médias en Ukraine», confie M. Miyao. «La presse était un outil de propagande politique et de manipulation excessive de l'opinion publique, qui ne permettait pas à la population d'être correctement informée.»

Le projet visait à faire de la PBC un modèle de fiabilité des informations diffusées par des médias nationaux. «À l'époque de la radiodiffusion d'État, le taux d'écoute quotidien moyen était inférieur à 1 %», précise-t-il. «Le public n'avait pas confiance dans le journal télévisé, dont le contenu et la production de programmes faisaient fi des intérêts des téléspectateurs et ce, depuis l'époque de l'ex-Union soviétique. Dès le début, la nécessité de transmettre ce que devrait être la radiodiffusion publique a été pour moi la préoccupation majeure.»

PhotoMiyao Atsushi revient sur le projet quinquennal visant à développer un radiodiffuseur public de confiance.


Mise en place d'un réseau national pour des informations rapides et précises

Le projet reposait sur trois piliers. Le premier était le déploiement de la technologie et de l'équipement requis pour produire des programmes de haute qualité. Le second était la réalisation de programmes éducatifs et sociaux que seul un radiodiffuseur public pouvait fournir. Le troisième était la mise en place d'un système de reportage d'urgence précis et rapide en cas de catastrophe ou d'incident majeur.

Les informations de crise sont le fondement de la radiodiffusion publique, car elles ont une incidence directe sur la vie et les biens des citoyens. M. Miyao a personnellement pris l'initiative et a travaillé avec l'ensemble du personnel de la PBC pour réformer le système. «En cas d'urgence, il est de la plus haute importance que les stations locales et le siège social se coordonnent pour fournir des informations précises au public aussi rapidement que possible», affirme-t-il. «Nous avons commencé par créer un réseau national.»

Lorsque le service de radiodiffusion était géré par l'État, les stations locales étaient fortement indépendantes. Le système manquait de coordination et était mal dirigé. La transition a été amorcée par la réforme de l'ensemble de l'organisation, en plaçant les 22 stations locales sous la direction du siège de Kiev. Pour renforcer le réseau, plusieurs ateliers ont été organisés pour que les responsables du siège puissent échanger leurs points de vue avec tous les bureaux régionaux. Selon M. Miyao, un sentiment de cohésion et de solidarité a été forgé grâce à des liens personnels plus étroits et à des discussions approfondies.

PhotoUne scène de l'un des ateliers organisés pour la direction et les bureaux régionaux. Miyao Atsushi est debout sur la gauche.


Un manuel a été créé pour rassembler les connaissances nécessaires à l'établissement des reportages en situation d'urgence. Les membres du personnel ont été encouragés à étudier le manuel pratique, qui couvre des scénarios tels que la pandémie de COVID-19 et les conflits militaires, et à se tenir prêts à faire face à des situations d'urgence. Le manuel a également été utilisé pour sensibiliser davantage les professionnels de l'information et pour améliorer les procédures, par exemple en déterminant à l'avance la stratégie de mobilisation du personnel en cas d'urgence.

Au cours des cinq années de réalisation du projet, le public a été amené à considérer le PBC sous un angle nouveau. Les sondages d'opinion montrent aujourd'hui que l'audience et la crédibilité de la PBC se sont considérablement améliorées et qu'elle est désormais reconnue comme un média impartial dont le contenu est moins tendancieux que celui des radiodiffuseurs des conglomérats commerciaux.

«Pour un radiodiffuseur public, l'essentiel est de conserver un statut d'organisme à but non lucratif et de garder une certaine distance par rapport à l'autorité», estime M. Miyao. «Le premier président de la PBC l'a bien compris et a constamment veillé à ce que ces principes soient respectés. Le leadership exceptionnel dont il a fait preuve a permis de relever considérablement le niveau de confiance à l'égard de la PBC. Mykola Chernotytsky, le président actuel, âgé de seulement 39 ans, a résolument fait sienne cette ligne de conduite.»

Se préparer à l'invasion et renforcer la capacité de diffusion

La PBC avait progressé rapidement dans son rôle de radiodiffuseur public vers la fin du programme quinquennal, bien qu'elle n'ait pas encore atteint sa pleine maturité. En 2022, cependant, l'état d'urgence a été instauré à la suite de l'invasion russe.

Selon le nouveau président Mykola Chernotytsky, la PBC n'a pas vraiment été surprise. La possibilité d'une invasion russe était constamment évoquée lors des ateliers et d'autres événements, de sorte que le personnel a pu se préparer dès que l'éventualité d'une invasion a commencé à se dessiner.

PhotoLe studio au sous-sol de l'agence de la PBC. Lorsqu'une alerte au raid aérien retentit, le personnel s'installe dans ce studio provisoire pour continuer à émettre.


«Nous avons préparé trois scénarios», explique M. Chernotytsky. «Premièrement, si la partie orientale du pays était envahie ; deuxièmement, si les parties méridionale et orientale du pays étaient envahies ; troisièmement, si le pays tout entier était occupé». Ainsi, la PBC a pu rapidement passer à un mode opératoire qui lui a permis de prendre des décisions sur le terrain après l'invasion proprement dite. «Actuellement, avec la coopération du Japon, nous travaillons sur un projet de développement de bases arrière et de décentralisation des stations régionales», précise M. Chernotytsky.

La deuxième phase de la coopération de la JICA avec la PBC a été finalisée en novembre 2022. La JICA continue de travailler avec M. Miyao et ses collègues pour renforcer la capacité de diffusion de la PBC en développant des bases arrière et en élargissant les fonctions des stations locales en s'inspirant du système de la NHK.

«Je veux aider dans toute la mesure du possible, afin que la voix du premier radiodiffuseur public d'Ukraine ne s'éteigne pas», ajoute M. Miyao. «Je pense à leur sécurité dans la zone de guerre et espère qu'ils pourront continuer à accomplir leur travail de journaliste. Je nourris d'ailleurs de grands espoirs que la PBC survive à cette guerre et se renforce encore, accomplissant une véritable percée en tant qu'organe de presse de confiance pour tous les Ukrainiens.»

PhotoLe président Mykola Chernotytsky (à droite) et Miyao Atsushi (photo prise en décembre 2021).


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