Formation au Japon

Cours	Cogestion des pêcheries côtières et valorisation des produits halieutiques (2ème année)
Programme	Formation des homologues
Domaine	Pêche
Durée	Du 1er au 28 juillet 2018
Lieu	Yokohama / Chiba / Kumamoto / Kanagawa / Fukushima
Langue	Français
Stagiaire	Mme Olfa Ben Abdallah, Maître Assistante à l'Institut National des Sciences et Technologies de la Mer (INSTM) de Sfax.

Afin de préserver et pérenniser les acquis du projet de Cogestion des Pêcheries Côtières dans le Golfe de Gabès (COGEPECT) dans ses deux phases (2006 - 2010 et 2013 - 2016), et les étendre à d'autres régions de la Tunisie, la JICA a initié un programme de formation de 3 ans, de 2017 à 2019, destiné à tous les acteurs du secteur de la pêche à travers tout le pays. Chaque année, un groupe de 13 personnes participe, pendant 4 semaines, à une formation théorique et des visites sur terrain pour s'inspirer de l'expérience japonaise en matière de gestion des pêcheries côtières et de valorisation des produits halieutiques.

Mme Olfa Ben Abdallah fait partie du groupe envoyé durant la deuxième année du programme de formation. A son retour du Japon, elle a partagé avec la JICA l'expérience qu'elle a vécue au Japon du 1er au 28 juillet 2018. Ci-après l'interview qu'elle nous a accordée :

Olfa à la JICA

Olfa à INSTM

Quelle était votre contribution au projet COGEPECT ?

Installation de récifs artificiels dans le cadre du projet

J'ai eu une contribution importante durant la première phase du projet COGEPECT (2006-2010) où j'ai participé activement à la réalisation des actions d'implantation des récifs artificiels et de contrôle, de suivi et d'évaluation de leurs impacts sur les écosystèmes marins, ainsi que des actions de suivi de l'état des herbiers marins dans les zones côtières du Golfe de Gabès.

Après ces deux phases du projet, avez-vous observé un impact tangible sur le secteur de la pêche côtière ?

Les résultats de l'évaluation du projet démontrent l'impact positif sur les communautés de pêcheurs artisans des sites cibles de même que sur les capacités techniques de l'ensemble des intervenants du secteur (administration, recherche et organisations professionnelles).

Quel était l'objectif de cette formation et pourquoi avez-vous été sélectionnée pour y participer ?

Cette formation avait pour objectifs de pérenniser les effets du projet COGEPECT et de renforcer les capacités des participants (appartenant à différentes structures administratives, institutionnelles et organisationnelles (DGPA, CRDA, CTA, UTAP, GIPP et INSTM) en vue d'étendre l'approche de cogestion des pêcheries à d'autres régions de la Tunisie.

J'étais ainsi sélectionnée pour représenter la recherche (INSTM). Ma sélection a été faite sur la base des tâches que j'assure en tant que membre du Laboratoire des Sciences Halieutiques de l'INSTM et qui sont en étroite relation avec la gestion des pêcheries en Tunisie.

Formation pratique

Est-ce que le programme de la formation a répondu à vos attentes ?

Le programme de la formation au Japon, qui a duré 4 semaines, était très riche et varié. Il comportait aussi bien des sessions théoriques que des visites sur terrain. Les sessions théoriques étaient assurées par des experts japonais de haut niveau qui ont pu nous présenter des exemples réels et des expériences réussies au Japon sur des thèmes portant sur la cogestion des pêcheries et la valorisation des produits de la mer. De ces sessions, nous, les candidats tunisiens, avons pu connaître les outils clés pour une cogestion durable.

Les sorties sur terrain, étaient très intéressantes et très fructueuses, et aussi très appréciées non pas par moi seule, mais aussi par tous les participants tunisiens. Elles nous ont permis de découvrir les bases de l'approche participative qui caractérise les systèmes de cogestion des pêcheries japonaises et les principes et les systèmes de manutention, de valorisation, de promotion et de commercialisation des produits de la mer.

Cours théoriques

Est-ce que vous avez acquis de nouvelles connaissances que vous pouvez appliquer en Tunisie, notamment en matière de recherche scientifique ?

Pour moi, chaque formation à laquelle je participe est une opportunité pour acquérir de nouvelles connaissances, notamment en matière de recherche scientifique. Et, l'expérience que j'ai vécue au Japon lors de cette formation est l'une des plus importantes dans ma carrière. En effet, durant cette formation, il m'était possible d'acquérir des connaissances précieuses en matière de gestion des ressources, d'aménagement des pêcheries, d'analyse et d'évaluation de l'état des stocks et des ressources et des mesures entreprises pour la reconstitution et l'aménagement des ressources halieutiques.

Est-ce que la formation vous a aidé à identifier des solutions à des problèmes rencontrés en Tunisie ?

Durant les dernières années, la Tunisie fait face à un déclin des captures et de la production de la pêche dû essentiellement aux problèmes liés à la surpêche/surexploitation des ressources halieutiques et à l'intensification de l'effort de pêche, l'utilisation des engins de pêche illégaux, la pêche illicite et la pêche INN, mais aussi aux problèmes liés à la pollution marine et aux changements climatiques qui ont eu des impacts négatifs importants sur les écosystèmes côtiers et sur les stocks exploitables. Les revenus des pêcheurs, essentiellement ceux pratiquant la pêche artisanale ou côtière, ont ainsi diminué.

Lors de la formation, des exemples d'initiatives de reconstitution et d'aménagement des ressources en déclin au Japon ont été présentés, tout en soulignant les principales mesures de cogestion et les solutions entreprises pour faire face aux problèmes d'effondrement des stocks.

De ces exemples, nous avons eu l'occasion de percevoir mais aussi de discuter avec les experts, les pêcheurs et tous les intervenants japonais rencontrés, les possibilités d'application de différentes mesures de cogestion pour résoudre les problèmes liés aux pêcheries tunisiennes.

Qu'est-ce qui vous a le plus impressionné dans la formation, les visites sur terrain et dans votre séjour en général ?

Comme je viens de le mentionner, je considère mon expérience au Japon parmi les plus importantes et les plus impressionnantes.

Côté formation et visites sur terrain, le dévouement, la consécration, la patience et la large expérience des formateurs japonais, des organisateurs et des coordinateurs de la formation ; mais aussi l'implication et l'esprit participatif des pêcheurs et de tous les intervenants dans le secteur de la pêche sont les choses qui m'ont le plus impressionnées. Par ailleurs, j'ai beaucoup apprécié l'approche participative et l'esprit d'équipe qui caractérisent la façon de travail des japonais mais aussi leur discipline et leur savoir-faire.

Durant mon séjour au Japon, la diversité et la multiplicité des zones vertes, des zones touristiques marquées essentiellement la coexistence harmonieuse de la tradition et de l'innovation m'ont beaucoup impressionnée.

Ce qui m'a aussi marqué lors de mon séjour, c'est la discipline du peuple japonais, la sécurité, et les différents aspects de la culture japonaise, ce qui en fait une culture très riche.

Olfa lors de la formation

Avez-vous partagé les connaissances acquises au Japon avec vos collègues tunisiens ? Comment ?

Les connaissances acquises au Japon étaient très importantes. Donc, à mon retour en Tunisie, j'ai organisé une petite session pour présenter les principaux acquis de la formation. Outre mes collègues de l'INSTM, ont été invités des représentants de l'UTAP, de la CRDA, du GIPP, de l'AVFA/CFPP et de la DPAS, ainsi que des étudiants de la FSS et de l'INAT.

Votre mot de la fin ?

Ayant été sélectionnée pour participer à cette formation a constitué une grande opportunité qui m'était offerte. Les connaissances que j'ai acquises sont énormes.

Je voudrais, donc, exprimer ma profonde gratitude à tous les responsables, aux organisateurs et aux coordinateurs japonais qui nous ont très bien encadrés lors de notre séjour au Japon et qui, par leurs efforts considérables, ont assuré le bon déroulement et la réussite de la formation.

Je remercie aussi tous mes collègues tunisiens qui ont participé à cette formation pour les moments agréables que nous avons partagés et qui n'ont fait qu'embellir cette expérience.

Enfin j'espère que cette coopération continue et qu'elle sera de plus en plus fructueuse.