Affrontements militaires au Soudan : Quelles en sont les causes et quelle est leur signification pour les efforts de la JICA ?

2023.05.30

Pays du nord-est de l'Afrique, le Soudan a été le théâtre de violents affrontements armés qui ont débuté le 15 avril entre les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (RSF). Après son retour au Japon plus tard dans le mois, Sakane Koji, représentant en chef du bureau de la JICA au Soudan, a discuté des raisons du conflit dans un pays que l'on croyait en transition vers une gouvernance démocratique, de la situation actuelle et de l'état des programmes gérés par la JICA.

Les employés japonais rentrent chez eux sains et saufs, mais la progression de leur travail a été interrompue

Fin avril, alors que les combats acharnés se poursuivaient dans différentes parties du pays, en particulier dans la capitale Khartoum et dans la région du Darfour, neuf membres du personnel japonais du bureau de la JICA au Soudan sont rentrés au Japon. «Mais l'évacuation des Japonais n'est pas la fin de l'histoire», a déclaré le représentant en chef de la JICA, M. Sakane. «Ce que nous ferons à l'avenir déterminera notre véritable valeur en tant qu'organisation de coopération au développement.»

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies, au 15 mai, plus de 930 000 Soudanais ont été contraints d'évacuer leur pays ou de franchir les frontières. À Khartoum, outre les pénuries de nourriture, d'eau et de carburant, les communications ont été interrompues, les systèmes bancaires et les installations médicales sont en panne, et la vie de nombreux citoyens est en danger.

«Les membres du personnel soudanais qui ont travaillé avec nous sont toujours sur place», a précisé M. Sakane. «Nous voulons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour assurer leur sécurité et celle des autres Soudanais qui sont restés dans le pays.» Il a ajouté que le personnel japonais continue de fournir au personnel soudanais des informations quotidiennes sur la situation des combats et la sécurité dans la région via les médias sociaux depuis le Japon. La JICA s'efforce également de faciliter le départ des membres du personnel soudanais vers l'Égypte voisine.

Le conflit entre l'armée et les forces paramilitaires a mis la démocratisation en veilleuse

M. Sakane a expliqué que l'administration de M. Bashir, qui s'est effondrée en 2019, était à l'origine du conflit. Après 30 ans de dictature commencée en 1989, le président Bashir a été renversé à la suite de manifestations populaires en faveur de la démocratie. La milice Janjaweed, responsable d'un certain nombre d'attaques génocidaires pendant le conflit du Darfour, est devenue le groupe paramilitaire Forces de soutien rapide et a étendu son pouvoir en bénéficiant de l’appui du président.

Un gouvernement démocratique de transition a été constitué après la chute de l'administration Bashir, et un accord-cadre pour la formation d'un gouvernement intérimaire a été conclu en décembre 2022. Alors que le processus de démocratisation semblait avoir atteint sa phase finale, un conflit a éclaté au sujet de l'intégration des Forces armées soudanaises (SAF) et des Forces paramilitaires de soutien rapide (RSF). Cette situation serait à l'origine des derniers affrontements armés.

Rien ne laisse présager la fin du conflit, aussi M. Sakane a-t-il manifesté une vive inquiétude à ce sujet. «Je dois dire que le chemin de la démocratisation est devenu beaucoup plus long», a-t-il déploré. «Nous voulons simplement continuer à soutenir le peuple soudanais qui travaille sans relâche à la reconstruction de son pays, et non les militaires ou les politiciens.»

La JICA contribue à la formation de responsables gouvernementaux chargés de l'édification de la nation

Depuis son indépendance en 1956, le Soudan a connu à plusieurs reprises des soulèvements populaires et des régimes militaires à la suite de coups d'État. Afin de reconstruire les infrastructures de base de la vie quotidienne qui ont été dévastées par des années de conflit, la JICA a fourni une assistance dans les domaines des soins de santé, de l'eau et de l'assainissement, de l'agriculture et de l'environnement (gestion des déchets). L'objectif était de «mettre en place des agences gouvernementales et de former des fonctionnaires capables de fournir de meilleurs services à la population».

Une partie de l'assistance sanitaire fournie par la JICA a consisté à renforcer le système national d'assurance maladie du Soudan. La longue guerre civile qui sévit dans le pays est à l'origine de l'insuffisance des soins de santé et des taux élevés de mortalité infantile et maternelle. La JICA a lancé le projet de développement des capacités de l'assurance maladie nationale en vue d'une couverture santé universelle, dans le but de garantir à chacun l'accès à des services médicaux de qualité suffisante sans souffrir de difficultés financières. Les programmes prévoient notamment la création de services de soins de santé maternelle et infantile et l'extension des soins aux femmes enceintes et allaitantes.

L'agriculture est un secteur clé pour le Soudan et la JICA s'est concentrée sur l'irrigation du bassin du Nil et le soutien aux agriculteurs. L'Agence contribue également à renforcer la culture du riz et à développer des variétés de blé résistantes à la sécheresse et à la chaleur. Dans le cadre du projet «Villes propres» au Soudan, des camions à ordures représentant des personnages de «Captain Tsubasa» (connu sous le titre «Olive et Tom» en France), un manga japonais populaire au Soudan, enlèvent les déchets en utilisant le système de collecte «à point fixe» à la japonaise. Il s'agit là de quelques exemples de contributions de la JICA à l'amélioration de la qualité de vie de la population soudanaise.

Continuer à soutenir le Soudan et susciter l'intérêt pour ce pays

Le Soudan est bordé par sept pays et fait face à la mer Rouge, avec la ville de La Mecque en Arabie saoudite sur la rive opposée. Depuis l'Antiquité, la région abrite une population diversifiée et bénéficie de la richesse du Nil. «Les Soudanais sont très accueillants», a souligné M. Sakane. Il décrit ainsi comment des pots en terre cuite remplis d'eau se trouvent à la disposition des passants assoiffés dans tous les villages soudanais.

Selon M. Sakane, malgré l'impact positif de la coopération au développement de la JICA, la stagnation économique causée par la guerre civile prolongée a entraîné un taux de chômage élevé. En fait, on estime que 70 % des jeunes souhaitent quitter le pays dans les trois ans. M. Sakane nourrit l'espoir que la communauté internationale discutera de la manière dont elle pourrait contribuer concrètement à lutter contre la gouvernance par la force et à y mettre un terme. «Nous ne vivons plus une époque où il est possible pour un pays de faire cavalier seul, sans soutien ni collaboration mutuels avec d'autres pays», a-t-il affirmé. «Nous nous engageons à continuer sur la voie du développement du Soudan, dans l'intérêt même de l'avenir du Japon.»

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