La création d'emplois et la promotion des activités économiques induites par les TIC (technologies de l'information et de la communication) font briller une lueur d'espoir pour la coopération internationale dans les pays en développement. La tendance actuelle de l'aide au développement des infrastructures liées notamment aux installations de télécommunications ou aux équipements de radiodiffusion, cœur de cible de l'aide conventionnelle aux TIC, constitue un soutien global en incluant le développement des ressources humaines. L'utilisation des TIC devrait contribuer à la réduction de la pauvreté et à la croissance économique dans une perspective de réalisation des ODD (objectifs de développement durable).

La JICA assure une coopération internationale dans divers pays afin de corriger les inégalités d'accès à internet, encourager la distribution juste et équitable des bénéfices du développement et créer des emplois grâce aux TIC. Nous présentons dans cet article un état des lieux du soutien aux TIC à travers l'exemple particulièrement prometteur du développement de ressources humaines ciblant le marché japonais au Bangladesh (programme de formation des ingénieurs des TIC Bangladesh-Japon ou programme B-JET).

Participants du programme B-JET au Bangladesh.

Créer des opportunités pour les professionnels des TIC au Bangladesh

«Je n'avais jamais imaginé pouvoir faire carrière dans les TIC au Japon. J'ai l'impression de réaliser un rêve. Tous les jours j'apprends de nouvelles technologies et je perfectionne mes compétences», explique Mme Marzia, ingénieure web dans une entreprise des TIC de Miyazaki depuis 2018 et ancienne participante du programme B-JET initié par la JICA au Bangladesh en 2017.

Mme Marzia, ancienne participante du programme B-JET. Grâce aux connaissances acquises sur le marché japonais des TIC dans le cadre du programme B-JET, elle travaille pour une entreprise qui conçoit des API à Miyazaki.

Note 1 : API pour «application programming interface» ; interface de programmation permettant l'utilisation via internet de fonctions exécutées par du matériel ou des logiciels informatiques externes afin de concevoir des sites web.

Le programme B-JET est un projet innovant conçu pour compenser le manque de personnel des TIC au Japon en fournissant des opportunités d'emploi à de jeunes talents au Bangladesh. Avec la baisse du taux de natalité et la diminution de la population active, le Japon n'est plus en mesure de répondre à la demande croissante d'ingénieurs des TIC sur le marché du travail. En outre, compte tenu des caractéristiques régionales uniques du Japon, notamment au niveau de la langue ou des pratiques professionnelles, l'afflux de ressources humaines étrangères dans l'industrie des TIC n'est pas aussi important qu'en Occident, notamment la Silicon Valley et l'Europe qui attirent des ingénieurs de haut niveau du monde entier.

Dans le programme B-JET, des groupes de 20 à 40 étudiants reçoivent une formation de trois mois dans le cadre d'un projet de coopération technique de la JICA. Les intervenants enseignent des compétences liées aux TIC, mais aussi le japonais et la culture des affaires au Japon. Un grand nombre de participants trouvent ensuite un emploi à plein temps dans des entreprises japonaises des TIC basées au Bangladesh et au Japon.

Contrairement au Japon, le Bangladesh manque d'opportunités d'emploi pour les nombreux spécialistes des TIC que compte le pays. Au cours des dix dernières années, le taux de croissance du PIB a dépassé les 6 % tandis que la croissance économique du pays a été portée par les exportations de l'industrie textile, qui représente 80 % des exportations nationales, et les envois de fonds de l'étranger. La diversification industrielle constitue un enjeu important et le secteur des TIC et des logiciels, parmi les plus dynamiques du pays, jouera sans doute un rôle clé à cet égard.

«Je souhaite rentrer au Bangladesh et tirer le plus grand parti de mon expérience au Japon» confie Mme Marzia. Les compétences des TIC sont demandées partout dans le monde et vous pouvez travailler dans n'importe quel pays si vous les maîtrisez, c'est un véritable passeport pour l'emploi.

Un projet visant à combler simultanément les besoins des deux pays

L'un des aspects les plus intéressants du programme B-JET est sans doute le système bien établi de recrutement des participants grâce à la collaboration avec l'Université, la ville de Miyazaki et les entreprises des TI de la région. Bien que le programme de la JICA n'intègre pas le recrutement au Japon, une coopération s'est mise en place entre la ville de Miyazaki, qui promeut le développement du secteur des TIC, l'Université de Miyazaki, qui soutient l'enseignement du japonais, et les entreprises locales des TI, désireuses d'embaucher du personnel bangladais qualifié. Plusieurs mesures ont par ailleurs été prises pour faciliter l'installation des jeunes Bangladais au Japon. D'autres gouvernements locaux et entreprises privées envisagent aujourd'hui de suivre le modèle instauré par la ville de Miyazaki.

Diagramme structurel du modèle instauré par la ville de Miyazaki et le Bangladesh

La ville de Miyazaki en particulier travaille avec B-JET à la mise en place d'un programme de stages pour les participants ayant achevé la formation, en coopération avec l'industrie, l'université et le gouvernement. La ville a su créer un environnement propice à l'intégration des participants du B-JET sur le marché du travail.

La JICA soutient les ressources humaines de différentes manières en fonction de la situation des pays concernés. Alors que les technologies de communication et de diffusion évoluent rapidement, notamment avec l'arrivée du format 4 K et de la 5G, il est crucial pour les pays en développement de disposer des connaissances et de l'expérience suffisantes pour choisir et appliquer les «dernières technologies», mais aussi «les plus adaptées» afin d'améliorer la vie de leur population.

Les TIC vont accélérer la réalisation des ODD

Les ODD adoptés par les Nations unies en 2015 sont devenus un cadre incontournable pour discuter de la coopération internationale, notamment du soutien aux TIC. L'objectif est de «créer une société durable, diverse et inclusive où personne n'est laissé de côté» pour relever les grands défis mondiaux, notamment la pauvreté, la faim, l'éducation et les inégalités, d'ici 2030. Cependant, dans l'état actuel des choses, les cibles seront difficiles à atteindre et les TIC font l'objet d'une attention particulière en tant que catalyseur de l'activité économique.

Une «classe intelligente» dans un collège public du Rwanda. Dans le pays, l'informatique est enseignée à tous les élèves dès la primaire et les ordinateurs des salles de classe sont équipés de logiciels d'apprentissage de l'arithmétique développés par une entreprise japonaise (Sakura Co., Ltd.) soutenue par un projet de partenariat avec le secteur privé de la JICA.
(Photo : Tomoyuki Naito, mars 2019)

En Afrique, en particulier, les start-ups du secteur des TIC se multiplient. Les TIC constituent un levier d'innovations, telles que les drones ou les applications pour smartphones, qui voient le jour partout sur le continent, un phénomène qui permet à des pays de «brûler» des étapes du processus traditionnel de développement. Tomoyuki Naito, conseiller senior de la JICA sur les TIC et l'innovation pour le développement, attend beaucoup de ce phénomène : «si nous ne sautons pas quelques étapes, nous ne parviendrons pas à atteindre les ODD. Dans bien des secteurs, l'aide à la création de nouvelles valeurs en utilisant les TIC pour sauter des étapes offrira un tremplin à l'économie. Dans quelques années, le programme B-JET sera en mesure d'accomplir cela en Afrique. Certains pays ont déjà commencé à élaborer des modèles d'activités similaires. La propagation d'internet a stimulé le potentiel de croissance des pays en développement».

Internet a été inventé il y a près d'un demi-siècle. Depuis, les TIC sont devenues des technologies incontournables dans de nombreux aspects de nos vies, nous projetant ainsi dans l'« ère des TIC ». Pour sa part, la coopération internationale continue de chercher des formes d'aide adaptées à l'époque et aux pays qu'elle soutient.