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Nouvelles du terrain

30 juillet 2021

[Le 30 juillet est la Journée mondiale de la lutte contre la traite d'êtres humains] Le Vietnam renforce le fonctionnement de la «hotline antitraite» pour enrayer la traite des personnes


La traite des êtres humains (TEH) est la pratique qui consiste à recruter, transporter et vendre des personnes à des fins de travail ou de services sexuels forcés. C'est un crime grave qui viole les droits humains des victimes. Pour combattre la TEH qui sévit dans les pays du Sud-Est asiatique, la JICA a renforcé sa coopération dans la région du Mékong (Thaïlande, Cambodge, Laos, Myanmar et Vietnam) afin de soutenir la réinsertion sociale des victimes et des survivants.

Au Vietnam, les villageois pauvres tombent souvent dans le piège de la traite en cherchant à émigrer pour trouver du travail. La JICA a renforcé sa «hotline antitraite», un service de conseil et d'assistance téléphonique lancé en collaboration avec le gouvernement vietnamien pour prévenir le trafic d'êtres humains, secourir les victimes et les aider à se réinsérer dans la société.

Photo(Gauche) Simple dépliant présentant la hotline antitraite
(Droite) Centre d'assistance de Hanoï. La hotline antitraite dispose de trois centres d'appel 24h/24 et 7j/7, dont un à Hanoï.


Assurer une bonne coordination avec les organismes compétents et renforcer les capacités des conseillers téléphoniques

La TEH est souvent le fait de groupes criminels organisés, et ses auteurs sont souvent difficiles à débusquer et à arrêter faute de preuves suffisantes. Les cas de traite d'êtres humains ont augmenté au Vietnam au cours des 15 dernières années. Depuis 2020, la fermeture des frontières en vue d'empêcher la propagation du COVID-19 a entraîné un recul provisoire de la TEH dans le monde. Toutefois, ces crimes risquent fort de connaître une recrudescence, car la COVID-19 a accru les difficultés économiques.

En 2012, de concert avec le Département de la protection de l'enfance («Department of Child Care and Protection» ou DCCP, devenu entre-temps «Department of Child Affairs» ou DCA) au sein du ministère du Travail, des Invalides et des Affaires sociales (MOLISA), la JICA a lancé le premier projet de ce type dans le pays ; il prévoyait notamment la création de la hotline antitraite, visant à fournir une assistance téléphonique sur la TEH. La mission première de la hotline est de fournir des informations sur les différents types d'aide disponibles pour les victimes de la traite, de les secourir et de les soutenir, et d'apporter un soutien psychologique aux victimes et aux survivants de ce trafic.

«Depuis sa mise en service il y a neuf ans, la hotline antitraite a été renforcée et ses fonctions améliorées.» IWASHINA Masako, la conseillère en chef de la JICA associée au projet de hotline antitraite, décrit les efforts entrepris à ce jour pour renforcer le fonctionnement de cette ligne.

PhotoJeu de rôle en binôme lors de la formation des conseillers téléphoniques

«Lorsque les victimes demandent de l'aide, il est important de bien cerner la situation dans laquelle elles se trouvent, y compris leur localisation et leur environnement actuels, et de porter un jugement éclairé. La hotline ne se contente pas de prendre des appels. Les usagers peuvent aussi y accéder via les sites de réseaux sociaux comme Facebook. Lorsque le conseiller apporte un soutien psychologique aux victimes et aux survivants, il doit vraiment comprendre ce que ressent la personne au bout du fil pour pouvoir trouver une solution en parlant avec elle. Nous organisons donc des formations qui visent à améliorer les aptitudes de nos écoutants en matière de conseil, au niveau de base et au niveau avancé. En plus des conférences, nous proposons des activités de groupe et des jeux de rôle, pour que nos conseillers puissent faire face à toutes sortes de cas.»


En outre, le DCA organise régulièrement des conférences et des formations avec les entités compétentes comme la police, le Commandement des garde-frontières et l'Union des femmes vietnamiennes. «Il est primordial que diverses organisations travaillent main dans la main pour lutter contre le trafic d'êtres humains. Selon la situation, la hotline antitraite s'adresse à de nombreuses organisations pour leur demander de secourir les victimes ou de recueillir des renseignements. Nos efforts quotidiens pour tisser des liens de confiance sont déterminants lorsqu'il s'agit de coopérer dans des situations d'urgence», explique Mme Iwashina.

Des dessins animés pour faciliter la prévention

Malgré les progrès accomplis pour prévenir la TEH et améliorer l'environnement de protection des victimes, le taux de sensibilisation du public à l'existence de la hotline antitraite n'est que de 12,3 % (selon une étude de 2019). Il est donc nécessaire de poursuivre les efforts de publicité. Étant donné que beaucoup de victimes et de survivants de la traite appartiennent à des minorités ethniques vivant en milieu rural, des spots publicitaires ont été produits dans les langues locales. De plus, des films d'animation ont été réalisés pour assurer la prévention de la TEH auprès des plus jeunes.

PhotoDes films d'animation sensibilisent les différentes classes d'âge aux dangers qui les guettent dans la vie quotidienne



Outre la mise en œuvre de la hotline antitraite, ce projet a soutenu la révision d'un décret gouvernemental portant sur l'aide aux victimes et aux survivants.

PhotoPersonnel du gouvernement répondant aux questions sur les résultats du décret définissant la prestation d'aide aux victimes

«À travers des entretiens menés auprès de victimes et de survivants, ce projet a évalué l'état de l'appui fourni au cours des cinq dernières années et révisé en profondeur les articles du décret concernés afin de faciliter l'obtention d'une aide financière et médicale.» Ce projet aide les victimes et les survivants à réintégrer la collectivité.


Photo Pour veiller à ce que le décret incorpore des mesures d'appui concrètes, on a mené des entretiens en tête à tête avec les victimes et les survivants.


La production de supports de formation pour les conseillers du centre d'appel s'appuie sur des idées du personnel local

«Sur la base de propositions d'employés du DCA en prise avec les activités locales, nous nous emploierons à améliorer le fonctionnement et l'efficacité de la hotline.» Même si l'impact de la pandémie de COVID-19 empêche les experts japonais de la JICA de se rendre au Vietnam depuis plus d'un an, Mme Iwashina affirme que le gouvernement vietnamien est de plus en plus motivé.

Tout d'abord, l'équipe du projet produira des supports de formation standard. Comme les conseillers téléphoniques reçoivent des appels portant sur des cas très divers, ils subissent un niveau de stress important, ce qui peut conduire certains d'entre eux à démissionner. Pour préserver la qualité du centre d'appel malgré un taux élevé de renouvellement des effectifs, l'équipe a commencé à élaborer des supports de formation standard résumant le contenu des programmes de formation précédents, les conseillers expérimentés jouant un rôle central.

De plus, l'équipe va réaliser un film documentaire. Nombre de victimes et de survivants le disent : «Je n'aurais jamais imaginé qu'une telle situation puisse m'arriver, à moi.» Il est donc nécessaire de sensibiliser un plus large public aux risques de traite d'êtres humains qui existent dans leur vie quotidienne. Ce film devrait contribuer à prévenir les cas de TEH et à éviter le pire des scénarios.

Photo(Gauche) Membres du projet au travail
(Droite) L'équipe du projet avec le personnel du DCA et d'autres organismes concernés


Mme Iwashina a rappelé l'expérience qu'elle avait vécue lors de sa mission au Laos dans le cadre d'un projet éducatif de la JICA : des femmes qui avaient été exploitées sexuellement par des trafiquants se retrouvaient discriminées et dénigrées derrière leur dos par des hommes du village.

«J'ai été choquée de voir que celles qui rentraient dans leur village d'origine après avoir vécu une épreuve aussi grave subissaient de surcroît les brimades des villageois. C'est cette expérience qui m'a poussée à agir dans le cadre du projet TEH au Vietnam,» raconte Mme Iwashina, consciente de sa mission. Le 30 juillet, à l'occasion de la Journée mondiale de la lutte contre la traite d'êtres humains, Mme Iwashina espère transmettre au plus grand nombre le message suivant.

«Si le trafic d'êtres humains ne nous est pas familier au Japon, cela ne veut pas dire que ce phénomène n'existe pas. Si vous rencontrez un cas d'exploitation malveillante du travail ou d'exploitation sexuelle, je vous en prie, parlez-en. De même, en tant que consommateurs, nous pouvons contribuer de manière indirecte à dissuader les auteurs de ces crimes en choisissant de ne pas acheter de produits résultant de l'exploitation de main d'œuvre ou du travail des enfants.»


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