[Spécial G7 - No 2] La santé mondiale dans le monde post-COVID-19
2023.05.18
Lors du sommet du G7 à Hiroshima, le Japon assurera la présidence et mènera les discussions sur les différentes questions auxquelles est confrontée la communauté internationale. À l'occasion de ce sommet, une série d'articles est consacrée aux grands problèmes mondiaux actuels et aux défis futurs, ainsi qu'à la contribution du Japon et aux activités de coopération de la JICA dans ce domaine.
Le thème du deuxième article de cette série est la «santé mondiale». Trois ans se sont écoulés depuis le début de la pandémie sans précédent de COVID-19. Pour se préparer à la prochaine épidémie de maladie infectieuse, nous examinerons les besoins des systèmes de santé mondiaux dans l'ère post-COVID-19.
La pandémie de COVID-19 qui a frappé le monde a eu un impact considérable sur la communauté internationale. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), il y a eu 762,27 millions de cas d'infection et 6,89 millions de décès dans le monde (en avril 2023).
Ces dernières années ont été marquées par l'apparition d'autres pandémies mondiales, comme le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) et la maladie à virus Ebola. Après chaque épidémie, les contre-mesures et les cadres de coopération internationale des pays ont dû être revus et renforcés, principalement par les organisations internationales et les gouvernements respectifs. Cependant, la COVID-19, qui s'est rapidement propagée dans les pays à revenu faible, moyen et élevé, a été sans précédent, dépassant de loin les hypothèses et les mesures fondées sur les efforts antérieurs.
Pour créer une société résiliente capable de faire face à de nouvelles épidémies de maladies infectieuses et aux crises sanitaires, il faut commencer par améliorer les systèmes de santé et la préparation aux crises de santé publique au niveau national. Parallèlement, il est essentiel de riposter aux maladies infectieuses à diffusion rapide en les surveillant et en les signalant, en mobilisant des fonds et en garantissant l'accès aux vaccins à l'échelle internationale. La COVID-19 a révélé au grand jour la nécessité d'aborder les pandémies à la fois au niveau international et au niveau national.
Comme l'ont souligné les Nations unies, «Personne n'est en sécurité tant que tout le monde ne l'est pas». Sans sécurité au niveau national, il n'y a pas de sécurité internationale, et vice versa.
En mai 2022, le gouvernement japonais a lancé sa «stratégie de santé mondiale» pour se préparer à la prochaine crise, sur la base des enseignements tirés de la COVID-19. La stratégie consiste en deux objectifs politiques qui expriment l'engagement du Japon en matière de santé mondiale :
Cette stratégie répond aux défis posés par les crises de santé publique, tant au niveau international qu'au niveau national. Le premier objectif politique, l'architecture de la santé mondiale, fait référence aux mécanismes, aux organisations et aux autres aspects de la résolution des problèmes de santé mondiale. Il s'agit notamment de fixer des normes pour les pandémies et de mobiliser des fonds lors de l'apparition de maladies infectieuses, ainsi que de garantir un accès équitable aux médicaments et aux vaccins en participant à leur recherche et à leur développement, en transférant leur technologie de fabrication et en les distribuant.
La couverture santé universelle, ou CSU, est le deuxième objectif politique, visant à garantir que tous les individus aient accès aux services de santé nécessaires et de qualité suffisante, sans être confrontés à des difficultés financières. Il est prévu entre autres d'améliorer les compétences des professionnels de la santé, de renforcer les capacités des communautés et de garantir les ressources financières adéquates. De surcroît, il est impératif de mettre en place un système qui résiste aux crises sanitaires telles que les pandémies, qui offre un accès équitable aux services de soins médicaux et qui assure un financement durable de la santé, capable de répondre aux changements de la société et à l'évolution des besoins.
Le Japon, dont le système d'assurance maladie universelle a été instauré en 1961, a depuis longtemps démontré son leadership dans les discussions et les initiatives internationales dans le domaine de la santé mondiale. Depuis la fin des années 1990, le Japon a profité des réunions du sommet du G7 pour jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre les maladies infectieuses, le renforcement des systèmes de santé et la promotion de la CSU.
Le leadership du Japon s'appuie également sur des relations de confiance et des réseaux avec les pays à revenu faible et intermédiaire, construits au fil des années de coopération avec la JICA. L'Agence vise à améliorer les services de santé maternelle et infantile et de lutte contre les maladies infectieuses en particulier, ainsi qu'à renforcer les systèmes de santé dans leur globalité grâce au perfectionnement des capacités administratives et des ressources humaines connexes. À cet égard, en respectant le principe d'appropriation par les pays partenaires, la JICA a accordé un appui approfondi tant sur le plan politique et institutionnel que pour optimiser la qualité des services sur le terrain.
La lutte contre la COVID-19 a rappelé combien il est primordial de se tenir prêt en temps normal à faire front aux crises de santé publique. À cet égard, la coopération de la JICA produit des résultats tangibles.
Ito Kenichi, directeur général adjoint et directeur du groupe santé 1 du département du développement humain, a déclaré : «Au cours de cette pandémie, si l'appropriation et la réponse autonome des pays à revenu faible et intermédiaire ont été remarquables, de nombreuses organisations partenaires soutenues par la JICA ont joué un rôle central dans leurs pays respectifs».
Ito Kenichi, directeur général adjoint et directeur du groupe santé 1, département du développement humain
Au Ghana, l'Institut Noguchi pour la recherche médicale (NMIMR) a fonctionné 24 heures sur 24 au début de la pandémie de COVID-19. L'Institut a réalisé jusqu'à 80 % des tests PCR nationaux pendant la période de pointe, en contribuant à la mise en place d'installations dédiées dans 40 localités du pays. Au Kénya, l'Institut de recherche médicale du Kénya (KEMRI) a effectué la moitié des tests PCR nationaux au plus fort des infections. Dans le sud du Vietnam, l'Hôpital Cho Ray a accueilli le premier patient du pays et a fourni des conseils techniques à 25 hôpitaux de la région méridionale en matière de soins aux patients et de lutte contre les infections nosocomiales.
L'Institut Noguchi pour la recherche médicale au Ghana, qui fonctionne jour et nuit, est responsable de 80 % des tests PCR dans le pays.
Un «programme de formation de pays tiers» a été lancé en Afrique avant la pandémie de COVID-19, grâce au NMIMR et au KEMRI qui ont pris l'initiative d'aider les pays voisins. Les deux institutions ont dispensé une formation aux pays d'Afrique de l'Ouest et de l'Est, respectivement, afin d'améliorer les techniques et les compétences du personnel de laboratoire et de renforcer les réseaux avec les pays cibles. Depuis le début de la pandémie, ils ont apporté une contribution significative aux systèmes de dépistage des pays voisins en ajoutant du contenu de formation lié au dépistage de la COVID-19.
Le NMIMR a également collaboré sur une base régionale en invitant des conférenciers des Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique) à se joindre à un programme de formation de pays tiers organisé l'année dernière dans ses locaux. Depuis sa création en 2016, le CDC Afrique a joué un rôle de premier plan sur le continent africain suite à l'épidémie d'Ebola.
Les défis en matière de santé mondiale ne se limitent pas aux maladies infectieuses. Ils concernent notamment la santé maternelle et infantile, les maladies non transmissibles (telles que le cancer et les accidents vasculaires cérébraux) et les questions liées au vieillissement. La CSU est essentielle pour aborder ces différentes questions de santé de manière équilibrée. La JICA adapte sa coopération à chaque région et à chaque pays, le Sénégal ayant obtenu des résultats particulièrement probants.
Le directeur général adjoint Ito en explique les raisons. «Les deux prérequis suivants sont inhérents à la réalisation de la CSU : la fourniture de services de santé de qualité et la mise en place d'un système de financement de la santé solide dans lequel la société partage le fardeau des dépenses de santé», a-t-il déclaré. «Au Sénégal, nous coopérons sur ces deux prérequis et encourageons le dialogue entre le ministère/l'agence de la Santé et les ministères en charge du financement. En effet, il est difficile d'obtenir des fonds en ne comptant que sur les ressources du ministère de la santé.»
L'engagement ferme du gouvernement a été une force motrice au Sénégal, avec le nombre de personnes vivant dans la pauvreté s'inscrivant comme bénéficiaires de l'assurance maladie communautaire passant de 185 000 en 2015 à 1,14 million en 2019. Ce type de coopération pour la réalisation de la CSU a également été étendu au Kénya, à l'Égypte et à d'autres pays encore.
Il est important de renforcer les dispositifs au niveau régional afin de compléter les efforts déployés au niveau national et de permettre une assistance rapide et appropriée aux États fragiles. Le CDC Afrique a été actif au plus fort de la pandémie, achetant et distribuant des EPI (équipements de protection individuelle pour prévenir les infections) et des vaccins, qui étaient en quantité insuffisante. L'ANASE met actuellement en place le Centre ANASE pour les urgences de santé publique et les maladies émergentes afin de renforcer la réponse aux crises de santé publique dans la région. À l'avenir, les initiatives régionales pourraient être liées, par exemple, à la formation et au renforcement d'un réseau mondial de surveillance des maladies infectieuses, contribuant ainsi à l'amélioration de l'architecture sanitaire mondiale.
Depuis de nombreuses années, la JICA soutient le NMIMR du Ghana et le KEMRI du Kénya. Les deux instituts ont été désignés en tant que pôles régionaux pour la surveillance génomique des pathogènes en Afrique, comme prévu par le CDC Afrique. En Amérique latine, la JICA travaille également avec l'Institut Gorgas pour les études de santé au Panama sur le développement des ressources humaines pour les pays voisins de la région d'Amérique Centrale, tout en soutenant cet institut dans la surveillance génomique des pathogènes à la suite de la pandémie de COVID-19. En Asie, la JICA a organisé un premier cours de formation en ligne sur la gestion des crises de santé publique à l'intention des ministères de la Santé de chaque pays et des fonctionnaires du Secrétariat de l'ANASE qui devraient être impliqués dans le futur Centre de l'ANASE pour les urgences de santé publique et les maladies émergentes, qui sera au cœur de la réponse de la région aux maladies infectieuses.
En facilitant l'analyse rapide et le partage des données génomiques des pathogènes avec la communauté internationale depuis les régions d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine, il sera alors possible d'accélérer la production de vaccins et de médicaments. Cependant, le soutien d'organisations publiques telles que la JICA n'est pas suffisant en soi. La formation d'un réseau international de collaborations en matière de recherche clinique dans l'industrie, le gouvernement et les universités, principalement en Asie, est également en cours pour promouvoir le développement rapide de vaccins et de thérapies par les sociétés pharmaceutiques japonaises et d'autres pays.
La contribution du Japon à la santé mondiale, en collaboration avec la communauté internationale, devrait conduire à la stabilité et à la paix dans le monde, tout en protégeant la sécurité du Japon et de son peuple. En cette ère post-COVID-19, la communauté internationale et le Japon sont appelés à se serrer les coudes pour réaliser une société dans laquelle chacun peut vivre en bonne santé, grâce aux efforts collectifs de l'industrie, du gouvernement et du monde universitaire.
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