Hotel Panafric, Nairobi, Kenya

S. E. William Samoei Arap Ruto, vice-président du Kenya ; Ibrahim Mayaki, secrétaire exécutif du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique ; José Graziano da Silva, directeur général de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture ; Kanayo F. Nwanze, président du Fonds international de développement agricole ;

Hon. Kazunori Tanaka, membre de la Chambre des représentants du Japon ; distingués invités, je vous remercie de votre présence ici aujourd'hui.

À l'heure actuelle, 220 millions d'Africains souffrent de faim chronique, et nombreux sont les pays du continent où plus d'un tiers des enfants présentent un retard de croissance. La malnutrition pendant la petite enfance a des conséquences à long terme sur leur santé et sur leur capacité d'apprentissage. Quand ils atteignent l'âge adulte, ils ne peuvent mener une vie productive, ce qui freine le développement socioéconomique de leur pays. Nous ne devons pas fermer les yeux sur cette situation désastreuse. L'amélioration de la nutrition est un aspect essentiel de notre vision du développement centrée sur l'être humain.

Je suis très reconnaissant à la communauté internationale d'accorder une importance accrue à l'amélioration de la sécurité nutritionnelle par le biais de ses diverses plateformes et résolutions. Les dirigeants de la planète ont montré leur attachement à cette cause en adoptant l'an dernier les objectifs de développement durable, notamment l'élimination de la faim. Ces efforts faisaient suite à ceux engagés par les dirigeants africains lors de la déclaration de Malabo, en 2014. Depuis, les Nations unies ont réaffirmé leur engagement en proclamant la Décennie d'action pour la nutrition, en avril 2016.

Le Japon s'emploie depuis longtemps à améliorer la situation nutritionnelle de ses citoyens. Il a lancé diverses initiatives au lendemain de la deuxième guerre mondiale, alors que le taux de malnutrition était élevé. J'aimerais vous présenter quatre exemples. Premièrement, le Japon a mis en place une enquête nationale sur la santé et la nutrition, afin d'évaluer la santé, les apports nutritionnels et le mode de vie de ses citoyens. Cette enquête continue à avoir lieu aujourd'hui. Deuxièmement, le Japon a veillé à faciliter l'accès aux services de diététiciens sur tout son territoire. Le pays compte aujourd'hui plus d'un million de diététiciens qualifiés qui ont tissé un réseau solide sur l'ensemble des régions, même les plus reculées. Troisièmement, le Japon s'est attaché à offrir aux élèves des repas scolaires sains qui leur plaisent véritablement. Quatrièmement, il a encouragé l'éducation nutritionnelle dès le plus jeune âge pour permettre aux écoliers d'apprendre à bien se nourrir et d'acquérir de bonnes habitudes alimentaires.

Toutes ces initiatives, étroitement liées, illustrent les efforts du Japon pour promouvoir une approche fondée sur la collaboration entre plusieurs disciplines, dont la santé, l'éducation et l'agriculture. Le Japon synthétise les données recueillies dans le cadre de l'enquête nationale pour améliorer l'articulation de ses programmes d'alimentation scolaire et d'éducation nutritionnelle avec ses politiques nationales. Cette démarche est conforme à la philosophie du Japon, selon laquelle les efforts pour améliorer la nutrition doivent provenir d'actions et d'évaluations sur le terrain.

Aujourd'hui, nous profitons de la TICAD VI pour présenter notre nouvelle initiative : l'initiative pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique, ou IFNA. Orientée vers l'action, cette initiative se concentre sur la rétroaction du terrain, qu'elle intègre dans les décisions stratégiques. Par cette démarche, l'IFNA entend soutenir les efforts de l'Afrique et de la communauté internationale pour éradiquer la faim.

Jusqu'à présent, l'Afrique et la communauté internationale ont réalisé de grandes avancées dans la lutte contre la malnutrition. L'IFNA s'appuiera sur les enseignements tirés et renforcera la coordination entre les politiques et les actions concrètes. Pour ce faire, elle accélère la mise en œuvre d'approches locales, centrées sur les personnes, qui génèrent un retour d'information de la part des populations locales, notamment des femmes, des jeunes, des petits exploitants agricoles et des groupes marginalisés. Cette initiative encourage la collaboration étroite avec ces « agents de changement », pour créer un cadre produisant des effets à moyen et long terme. Elle s'appuie également sur des approches multisectorielles combinant les meilleures pratiques en matière de santé, d'agriculture, d'éducation et dans d'autres secteurs pertinents. Et elle soutient un processus d'élaboration des politiques fondé sur les faits, qui analyse les résultats sur le terrain.

La nutrition est un enjeu particulièrement complexe. Par conséquent, la collaboration entre divers acteurs comme le secteur privé, les organisations non gouvernementales et internationales et les gouvernements africains est essentielle à notre succès. Je vous suis donc très reconnaissant d'être tous réunis ici aujourd'hui.

L'IFNA se réjouit de pouvoir aider les gouvernements africains et les partenaires non gouvernementaux à mettre en œuvre cette approche fondée sur le retour d'expérience afin d'améliorer les résultats nutritionnels. Par cette approche, l'IFNA peut veiller à ce que les priorités nutritionnelles de l'Afrique se traduisent en actions concrètes sur le terrain, et à ce que les actions et évaluations sur le terrain soient incorporées aux décisions stratégiques. Grâce à ce cadre, nous espérons soutenir les efforts de l'Afrique visant à mettre en œuvre des politiques globales de sécurité alimentaire et nutritionnelle.

La JICA, en tant que co-fondatrice et partenaire actif de l'IFNA, utilisera ses ressources pour piloter cette initiative et faciliter la coordination entre les parties prenantes.

Faisons en sorte que les enfants d'Afrique bénéficient de repas sains. Avec votre aide, nous pouvons veiller à ce que la population africaine jouisse d'une vie saine et productive. Rejoignez-nous pour soutenir l'IFNA. L'Afrique a besoin de votre précieuse contribution et de votre sagesse.

Merci.