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Transcription de discours

2 février 2017

Discours liminaire de M. Shinichi Kitaoka lors de la conférence FMI-JICA intitulée « Développement régional : risques budgétaires, espace budgétaire et ODD »

Institut de recherche de la JICA, Tokyo

Excellences,
Chers invités,
Mesdames et Messieurs,
Bonjour,

En tant que co-organisateur de cette conférence, j'aimerais vous souhaiter très chaleureusement la bienvenue ici à Tokyo. Je suis ravi d'accueillir, avec le FMI, cette quatrième conférence qui a pour ambition de soutenir nos pays partenaires et d'analyser les besoins macroéconomiques afin d'aider chaque pays à atteindre ses objectifs de développement durable. Je suis particulièrement heureux d'accueillir de nombreux représentants d'autorités financières de pays qui sont très proches de nous et avec qui nous collaborons activement.

Aujourd'hui, j'aimerais aborder les problèmes de développement actuels et vous faire part succinctement des espoirs que je place en cette conférence.

Nous sommes, en ce début d'année 2017, à un moment clé. Il y a un an et demi, en septembre 2015, de nombreux pays ont unanimement approuvé les objectifs de développement durable, les ODD, au siège des Nations unies. En décembre de la même année, nous avons également adopté l'accord de Paris sur le climat. Ces deux accords historiques ont été rendus possibles grâce à la conviction que la coopération internationale et le multilatéralisme profitent à l'ensemble de la population mondiale.

Cependant, l'année dernière, nous avons observé différents événements attestant un revirement de situation, la montée d'un nationalisme populiste se nourrissant du mécontentement général vis-à-vis de la mondialisation. Une grande partie de la population pense que la mondialisation ne profite pas à tous, contrairement à ce qui était attendu. Elle estime plutôt qu'elle a engendré un système de gagnants et de perdants – la concentration des richesses dans les mains de quelques-uns, tandis que les autres sont moins bien nantis. Ce sentiment anti-mondialisation peut élargir la fracture politique et favoriser le nationalisme. Je suis particulièrement préoccupé par la situation aux États-Unis, pays qui, j'aimerais le rappeler en tant qu'historien, a initié et créé le système financier international dès juillet 1944 en convoquant la conférence de Breton Woods. Aujourd'hui, le nouveau président élu pourrait changer le rôle des États-Unis dans ce système international.

Les accords mondiaux de 2015 d'une part et la montée du populisme en 2016 d'autre part nous révèlent à la fois les opportunités et les défis de la mondialisation. Bien que sérieusement préoccupés par les défis, nous devons simultanément saisir les opportunités qui se présentent à nous. Nous sommes actuellement à la croisée des chemins : l'un mène à la promotion de la coopération mondiale tandis que l'autre s'y oppose. C'est une question à laquelle nous devons tous réfléchir, non seulement parce que cela est essentiel pour les organisations chargées de promouvoir la coopération mondiale, comme la JICA et le FMI, mais parce que cela aura un impact sur le monde que nous voulons bâtir pour demain.

Cela nous amène à notre discussion d'aujourd'hui. Nous allons couvrir un large éventail de sujets portant sur les risques budgétaires, l'espace budgétaire et les moyens d'atteindre les ODD en Asie et dans le Pacifique.

Ces dernières années, nous avons constaté une nette évolution des tendances en matière de population mondiale et de croissance économique à l'échelle planétaire. Aujourd'hui, plus de la moitié du PIB mondial vient des pays en développement. Et en particulier, la croissance démographique et économique est plus rapide en Asie que sur tout autre continent. Ces tendances devraient se poursuivre et rendre la croissance inclusive, résiliente et durable de l'Asie chaque jour plus importante pour assurer la paix et la prospérité du monde.

Mais un déficit de financement considérable doit être comblé afin d'atteindre les ODD. Selon la CNUCED, les pays en développement auront besoin de 3 900 milliards USD en investissements chaque année dans les secteurs liés aux ODD pour atteindre les objectifs mondiaux. Cela comprend, entre autres, les investissements dans les infrastructures de base, la sécurité alimentaire ou l'atténuation du changement climatique. Selon certaines estimations, l'Asie devra mobiliser plus de la moitié des investissements vers les pays émergents et en développement si elle souhaite atteindre les objectifs de 2030.

Alors que les défis sont vastes, certaines actions peuvent être entreprises dès aujourd'hui pour progresser vers les ODD. Nous devons tout d'abord nous assurer que les ODD sont menés au niveau national par un leadership politique fort, avec le soutien des autorités budgétaires et monétaires et des organismes de régulation financière. Étant donné la grande diversité des domaines concernés par les ODD, un leadership fort est indispensable pour établir des approches et une coordination intersectorielles. La JICA est prête à soutenir ces efforts nationaux. En Indonésie, par exemple, nous avons commencé à apporter une aide pour définir et surveiller les progrès vers les cibles des ODD.

Deuxièmement, le rôle des autorités et des organismes de régulation comme les vôtres est essentiel pour combler l'écart d'investissement et soutenir une croissance économique robuste. Il vous appartient de veiller à ce que les pays mobilisent et allouent avec efficacité et efficience les ressources financières nationales et internationales, publiques et privées. Compte tenu du rôle accru du secteur privé, notre défi commun consiste à créer des conditions de marché favorables et à utiliser des finances publiques limitées pour atteindre une croissance durable à travers une meilleure productivité et des transformations structurelles. Dans le cas des pays riches en ressources, la transformation des revenus issus des produits de base en investissements productifs constitue un défi supplémentaire.

Troisièmement, la résilience économique est nécessaire pour atteindre et maintenir la paix et la stabilité en Asie. Nous devons créer des protections qui garantissent que personne ne soit laissé de côté à mesure que notre économie se développe. Sans protection, les résultats de développement obtenus après de nombreuses années peuvent disparaître instantanément face aux chocs mondiaux. Qu'il s'agisse de catastrophes naturelles, de crises économiques et financières ou de la volatilité des cours des produits de base, les chocs affectent de manière disproportionnée les faibles niveaux de revenus et causent les dégâts les plus importants chez les personnes les plus vulnérables.

Il existe diverses options qui doivent être envisagées pour améliorer la résilience et protéger les personnes. Nous pouvons utiliser des mesures budgétaires pour mettre en place des programmes de sécurité sociale et des systèmes d'assurance sociale appropriés. Une autre option consiste à investir dans l'éducation ou, en cas de catastrophes naturelles, dans la protection de l'environnement et autres mesures préventives visant à réduire les risques. Déterminer la meilleure combinaison et le dosage idéal de ces options est l'un des rôles que les autorités budgétaires et monétaires doivent, selon moi, assumer à l'ère des ODD.

L'événement d'aujourd'hui constitue une occasion unique de partager les dernières recherches et de discuter des diverses expériences et pratiques sur la manière de créer un environnement plus propice à la mise en œuvre des ODD. Saisissons cette occasion pour encourager une plus grande coopération internationale dans cette conjoncture extrêmement difficile et contribuer à relever ces défis politiques chez nous.

Merci beaucoup.

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