L'expérience du JDR dans la lutte contre les maladies infectieuses à l'étranger mise à profit au Japon
2020.09.04
La pandémie de COVID-19 a rappelé à quel point la lutte contre les maladies infectieuses par-delà les frontières était un défi commun à tous les pays du monde.
Le Secours d'urgence du Japon (JDR pour Japan Disaster Relief), dont le secrétariat se trouve à la JICA, a créé en 2015 l'«équipe d'intervention contre les maladies infectieuses» afin d'apporter une aide d'urgence internationale aux pays touchés par des épidémies de maladies infectieuses. De nombreux membres enregistrés auprès de l'équipe d'intervention du JDR contre les maladies infectieuses sont des professionnels de santé également actifs au Japon, en première ligne de la lutte contre les maladies infectieuses telles que la COVID-19 et la grippe. L'expérience et les connaissances tirées des missions internationales contribuent significativement à la lutte contre les maladies infectieuses au Japon.
Dans l'État insulaire du Pacifique des Samoa frappé par une épidémie de rougeole en décembre de l'année dernière, l'équipe du JDR a dispensé des soins cliniques aux patients suite à la déclaration de l'état d'urgence nationale. Les activités menées par l'équipe d'intervention du JDR contre les maladies infectieuses dans le pays sont décrites ci-dessous.
Traitement des patients atteints de rougeole aux Samoa par l'équipe d'intervention du JDR contre les maladies infectieuses
Source : Emerging infections: how and why they arise (GOV. UK)
Avec l'intensification des mouvements démographiques et des changements environnementaux, les maladies infectieuses continuent de se propager dans le monde entier. Les attentes à l'égard de l'équipe d'intervention du JDR contre les maladies infectieuses sont de plus en plus élevées, et le JDR offre régulièrement une formation pratique aux membres enregistrés pour les préparer aux demandes des pays en situation d'urgence.
Aux Samoa, une épidémie de rougeole a été confirmée en octobre 2019, et le gouvernement a déclaré l'état d'urgence en novembre. À la demande du gouvernement samoan, l'équipe d'intervention du JDR contre les maladies infectieuses a été dépêchée du 2 au 29 décembre. Lors de missions précédentes, l'équipe avait mené des activités de santé publique, telles que la mise en place de stations de quarantaine, des diagnostics de laboratoire et une aide aux campagnes de vaccination. C'était la première fois, cependant, que l'équipe dispensait directement des soins médicaux aux patients.
L'équipe est intervenue dans trois établissements cliniques, à savoir 1) l'hôpital Tupua Tamasese Meaole de la capitale, Apia, 2) l'hôpital du district de Leulumoega, à environ 30 kilomètres à l'ouest de la capitale, et 3) le centre médical de Faleolo dans la zone voisine. L'équipe a travaillé en première ligne dans les installations médicales traitant les cas de rougeole.
La rougeole peut entraîner des complications telles qu'une pneumonie et une infection de l'oreille, avec des températures élevées (fièvre) de 39 oC ou plus et des éruptions cutanées. Le taux de létalité est estimé à un cas pour 1 000 dans les pays développés. Dans les zones rurales, médecins et infirmiers examinent les patients et prescrivent un traitement. Si les symptômes sont graves, les patients sont hospitalisés ou transférés dans un hôpital central national.
YAMAUCHI Yuto, pharmacien et membre de l'équipe d'intervention du JDR contre les maladies infectieuses, évoque les activités du JDR aux Samoa :
Cours sur la gestion de la température des vaccins contre la rougeole dans les zones tropicales. «Tout le monde a écouté attentivement et posé des questions pendant le cours. J'ai été vraiment impressionné par leur attitude», déclare le Dr Yamauchi.
«La vaccination est importante pour prévenir les épidémies de rougeole, mais il ne suffit pas pour autant d'augmenter la couverture vaccinale.
La gestion quotidienne de la température des vaccins est particulièrement importante dans les pays chauds et humides tout au long de l'année, comme les Samoa.
Les pharmaciens ne travaillant pas à plein temps dans la plupart des établissements médicaux, ce sont les infirmiers qui gèrent habituellement les médicaments, dont les vaccins. Nous avons donc organisé des cours sur la gestion des vaccins destinés aux infirmiers.»
Deux pharmaciens ont participé à cette mission. Tous deux travaillaient auparavant comme volontaires japonais pour la coopération à l'étranger en Papouasie-Nouvelle-Guinée, un autre pays du Pacifique. Selon eux, «leur expérience a grandement contribué à cette mission du JDR».
L'équipe du JDR a travaillé à l'hôpital du district de Leulumoega, construit en 1982 grâce à un don de la JICA, et qui entretient depuis des liens étroits avec le Japon. Un infirmier, Pishmaka Pishmaka, qui avait participé à une formation de la JICA Okinawa intitulée «Renforcement de la santé maternelle et infantile à travers des activités de santé publique», travaillait à l'hôpital jusqu'en début décembre 2019.
En tant qu'infirmier en chef, M. Pishmaka était responsable de la gestion du personnel, des produits pharmaceutiques, du matériel et des appareils médicaux. Il a expliqué la situation locale et assisté avec enthousiasme les membres de l'équipe du JDR.
TANAKA Takeshi, médecin du JDR, se souvient à propos de la collaboration fructueuse entre le personnel des deux pays : «Malgré des ressources médicales limitées, le personnel samoan ne ménageait pas ses efforts pour fournir les soins. Ce dévouement m'a rappelé certaines valeurs qui ont tendance à être oubliées aujourd'hui dans la profession médicale au Japon, trop dépendante des diagnostics de laboratoire à mon sens. M. Pishmaka et d'autres anciens participants aux formations de la JICA ont joué un rôle majeur de supervision de la gestion des soins médicaux, de jour comme de nuit, et ils ont été essentiels dans la collaboration entre la JICA et la communauté locale».
M. Pishmaka (au centre de la deuxième rangée) a témoigné de sa gratitude : «Le JDR partageait régulièrement des informations avec les médecins, les infirmiers et le personnel hospitalier samoans, et il n'hésitait pas à nous consulter. Nous avons été ravis de pouvoir travailler avec eux».
L'équipe d'intervention du JDR contre les maladies infectieuses a ainsi contribué de manière significative à la lutte contre la rougeole aux Samoa, en assurant le traitement de plus de 200 patients sur un total de 17 jours. Avec l'aide de nombreux pays, dont le Japon, la Nouvelle-Zélande et l'Australie, l'épidémie de rougeole a été endiguée. Le gouvernement des Samoa a déclaré la fin de l'état d'urgence le 29 décembre 2019.
Les membres de l'équipe enseignent l'importance des solutions de réhydratation orale (SRO) afin de prévenir la déshydratation due à une forte fièvre ou des vomissements.
Dès la création de l'équipe d'intervention du JDR contre les maladies infectieuses, en 2015, l'Université de Nagasaki a joué un rôle essentiel. Quatre professionnels de santé de l'Université de Nagasaki ont participé à la mission des JDR aux Samoa. L'École supérieure de l'Université accueille des étudiants internationaux de divers pays dans le cadre de son programme de formation des leaders mondiaux dans le domaine des maladies tropicales et émergentes transmissibles.
En décembre 2019, la JICA a signé un accord de coopération global avec l'Université de Nagasaki sur la médecine tropicale et d'autres domaines liés à la santé mondiale dans le but de renforcer la coopération pour ces activités.
La cérémonie de signature de l'accord de coopération entre le président de la JICA, KITAOKA Shinichi (à gauche), et le président de l'Université de Nagasaki, KONO Shigeru (25 décembre 2019)
Les maladies infectieuses doivent être absolument détectées à un stade précoce et évitées avant l'éclatement des épidémies. L'expérience acquise par l'équipe d'intervention du JDR contre les maladies infectieuses aux Samoa et la conclusion d'un accord de coopération global avec l'Université de Nagasaki devraient avoir plusieurs effets positifs dans des domaines tels que la recherche épidémiologique sur les maladies infectieuses, le développement de nouveaux médicaments et vaccins, et l'amélioration de diverses méthodes de dépistage et systèmes de quarantaine. Cela encouragera en outre les activités de réponse d'urgence, non seulement à l'étranger, mais également pour lutter contre les maladies infectieuses au Japon.
scroll