l'Agence Japonaise de Coopération Internationale

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Transcription de discours

5 octobre 2015

Discours liminaire lors de la Conférence des Organisations de volontariat pour la coopération internationale (IVCO), à Tokyo, en 2015

Immeuble de la JICA à Ichigaya, Tokyo

Bonjour à vous tous,

Merci d'être venus. Je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui.

L'Agence japonaise de coopération internationale, ou JICA, est l'organe de mise en œuvre de l'aide publique au développement du Japon. Guidée par sa vision d'un « développement inclusif et dynamique », la JICA participe à diverses activités pour relever les défis d'envergure mondiale auxquels sont confrontés les pays en développement.

La JICA apporte une aide diversifiée adaptée aux contextes spécifiques et conçue pour répondre aux besoins des pays partenaires. Nous finançons de grands projets d'infrastructures par des prêts concessionnels, et mettons en œuvre des initiatives de développement communautaire au niveau local par le biais de la coopération technique.

Comme c'est certainement le cas pour les organisations représentées ici, les interactions entre individus sont l'un des piliers des efforts de coopération internationale du Japon. À travers ces interactions personnelles, les activités de la JICA favorisent l'instauration de liens de confiance avec les pays partenaires. Ce niveau de confiance favorise le développement des ressources humaines et renforce les bases nécessaires à l'édification de la nation. Pour soutenir le développement des ressources humaines, la JICA met en œuvre différents mécanismes de coopération, comme l'envoi d'experts dans les pays concernés et l'invitation de participants à des programmes de formation au Japon. Une autre modalité essentielle est notre programme de volontaires pour la coopération internationale.

Le programme de volontaires de la JICA permet aux citoyens japonais de s'impliquer dans des activités variées pour soutenir le développement économique et social d'un pays. Nous sommes fiers de célébrer cette année le cinquantième anniversaire des JOCV. En 1965, nos premiers volontaires sont partis au Laos, au Kenya, aux Philippines, en Malaisie et au Cambodge. Jusqu'à présent, plus de 48 000 volontaires ont été envoyés dans 96 pays, où leur présence est devenue un symbole de la coopération internationale du Japon.

La JICA fixe trois objectifs à ses programmes de volontariat : (1) contribuer au développement socio-économique ou à la reconstruction des pays et des régions en développement, (2) renforcer l'amitié et la compréhension mutuelle entre les pays en développement et le Japon, et (3) cultiver des perspectives mondiales et faire en sorte que la société japonaise profite en retour de l'expérience des volontaires. Comme vous pouvez le constater, ce programme doit bénéficier à la fois aux pays hôtes et au Japon. Les efforts engagés sur cette voie ont produit d'excellents résultats, et notre approche a été applaudie par de nombreux acteurs du développement.

Durant ces cinquante années d'engagement, les volontaires ont engrangé de très nombreuses réussites, que j'aimerais pouvoir partager avec vous aujourd'hui. Ces activités de volontariat individuel n'ont pas la même envergure que les efforts déployés dans le cadre des grands programmes de coopération au développement. Cependant, elles ont un impact à long terme indéniable sur la vie des personnes concernées. Au fil du temps, les activités des volontaires ont facilité l'évolution des comportements et amélioré les compétences des membres des communautés. Grâce à l'engagement communautaire et à des efforts soutenus, la somme de ces activités a contribué au développement socio-économique de chaque pays, dans des secteurs comme l'éducation, la santé, la durabilité environnementale, l'égalité des sexes, la gouvernance et la réduction de la pauvreté.

Je pense que le plus grand mérite de nos volontaires est de favoriser les interactions entre individus au niveau local. Nos volontaires s'appliquent à respecter les pratiques et les systèmes de valeurs locaux, et ils mènent des activités innovantes et créatives en étroite collaboration avec les membres des communautés locales. En s'immergeant dans la communauté locale, ils sont à même de mieux comprendre les besoins de celle-ci. Ils peuvent travailler avec les habitants de façon à répondre plus rapidement et avec davantage de souplesse à leurs besoins. J'aimerais illustrer mes propos par un exemple tiré du village d'Atwa, au Ghana, où un volontaire a entrepris avec les membres de la communauté de créer une plantation d'ananas. Certes, la culture de l'ananas avait déjà été pratiquée par le village, mais pas d'une manière aussi systématique. Le volontaire a proposé d'établir une association d'agriculteurs afin d'améliorer la production et la commercialisation. Quand ce fut chose faite, le volontaire et 70 agriculteurs locaux ont créé une plantation d'ananas qui a fini par devenir une entreprise prospère à l'échelle locale. Aujourd'hui, cette plantation est une source essentielle de revenus pour le village, et les agriculteurs des communautés avoisinantes se sont mis eux aussi à cultiver l'ananas. Le fait que ces communautés exportent aujourd'hui leur produit jusqu'en Europe témoigne du succès de cette initiative.

D'autres projets lancés par des volontaires ont pris de l'ampleur, pour devenir ensuite des projets phares de la JICA. Citons l'exemple des manuels de mathématiques en vigueur aujourd'hui au Guatemala, qui ont été élaborés grâce aux contributions des volontaires JOCV. En voyant les enfants faire des additions même complexes en traçant des bâtonnets dans la marge de leurs cahiers, des volontaires ont eu l'idée de concevoir des manuels et des guides pédagogiques améliorés, où les concepts mathématiques sont mieux expliqués. Ces nouveaux matériels scolaires et didactiques ont contribué à rendre l'apprentissage des mathématiques plus agréable pour les élèves. Leur niveau de participation en classe et leurs résultats dans cette discipline ont progressé en conséquence. Le ministre de l'Éducation a salué ces avancées remarquables, et ces manuels ont été adoptés officiellement à l'échelon national en 2007. Aujourd'hui, ils sont utilisés dans toutes les écoles du Guatemala.

En outre, l'articulation des programmes de volontaires avec d'autres mécanismes de coopération de la JICA nous permet d'atteindre plus facilement les populations locales. Notre programme de formation d'infirmiers au Laos en est un bon exemple. La JICA a envoyé des experts-formateurs dans les écoles d'infirmiers, elle a financé la construction d'hôpitaux, et des membres des JOCV ont soutenu la formation en cours d'emploi d'élèves-infirmiers dans un hôpital local. Par le jeu de tous ces mécanismes, nous avons pu contribuer à renforcer le secteur de la santé en améliorant le niveau de compétence des infirmiers sur les différents lieux d'intervention.

Au fil des cinquante dernières années, ces initiatives de volontariat ont été mises en œuvre de multiples manières et elles ont produit de nombreux résultats positifs. Les programmes des volontaires de la JICA, conçus en collaboration avec des membres des communautés locales, se sont toujours attachés à promouvoir un développement inclusif.

Le mois dernier, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté les objectifs de développement durable (ODD) pour l'après-2015. Comme vous le savez tous, les ODD sont au nombre de 17, déclinés en 169 cibles. Pour faire face aux problèmes de développement de plus en plus vastes, complexes et diversifiés, la JICA continuera à recourir à différents mécanismes de coopération.

Parmi les nombreuses modalités de l'aide, il me semble que les programmes de volontaires jouent un rôle de premier plan. En effet, l'un des principaux atouts des volontaires est qu'ils vivent au sein des communautés locales avec lesquelles ils travaillent en étroite collaboration. Autrement dit, les volontaires peuvent permettre à ceux dont la voix souvent n'est pas entendue, notamment les groupes marginalisés, de s'exprimer et assurer que leur parole trouve un écho au niveau national.

Pour favoriser la contribution des programmes de volontaires à la réalisation des ODD, il importe dorénavant d'en améliorer la qualité et l'impact. À cet égard, plusieurs points importants doivent être pris en considération. Il me semble qu'ils seront abordés dans la prochaine présentation, je souhaite néanmoins attirer votre attention sur trois d'entre eux, et non des moindres : 1) La collaboration avec divers acteurs de la coopération au développement, 2) La mise en place d'une plateforme pour permettre aux volontaires rentrés au Japon de mettre leur expérience au service de leur communauté, et 3) La mesure et la diffusion des résultats d'évaluation des programmes de volontaires.

(1) Collaboration avec divers acteurs de la coopération au développement

S'agissant du premier point, la collaboration avec divers acteurs, il faut noter que les économies émergentes ont commencé à assurer une aide au développement et à déployer des programmes de volontaires via leurs propres institutions de développement. Aujourd'hui, nous accueillons les représentants d'institutions qui ont intégré des activités de volontariat dans leurs programmes, venus de pays de l'ANASE – Thaïlande, Malaisie, Philippines –, du Mexique et du Togo. Si la JICA a promu la coopération Sud-Sud avec beaucoup de ces pays, elle n'a pas encouragé dans une même mesure la collaboration avec leurs programmes de volontaires. Pour aller de l'avant, je crois qu'il nous faut travailler plus étroitement avec les institutions qui gèrent des programmes de volontariat pour permettre des synergies et tirer parti des forces respectives. Certes, nous avons noué des partenariats comme la collaboration JICA–KOICA aux Philippines, où nos volontaires apportent une aide dans les régions frappées par des catastrophes naturelles. Les volontaires de la JICA et de la KOICA travaillent main dans la main pour dispenser une éducation aux enfants touchés par le typhon Haiyan. Autre exemple : la collaboration entre l'Union africaine (UA) et l'Association japonaise pour la coopération à l'étranger (JOCA). La JOCA s'applique à promouvoir les activités des volontaires rentrés au Japon. Dans le cadre du programme de collaboration UA-JOCA, de jeunes volontaires africains ont été invités au Japon, où ils ont travaillé avec des volontaires japonais de retour de mission. Ce dispositif a permis aux jeunes participants africains de collaborer avec leurs homologues japonais et d'approfondir leur connaissance de la culture japonaise.

La JICA a également conclu des accords de partenariat avec de nombreuses entreprises, administrations locales et universités japonaises. Ces arrangements facilitent la participation des membres du personnel de ces institutions aux programmes de volontaires de la JICA. Leurs expériences, leurs connaissances et leurs technologies nous ont permis de renforcer la portée et la qualité de notre programme de volontariat. La JICA peut continuer à faire office de plateforme pour mobiliser les connaissances, les technologies et les ressources humaines locales dans le cadre de la coopération au développement.

(2) Deuxièmement, j'aimerais évoquer la promotion des activités des volontaires rentrés au Japon et l'atout qu'ils représentent pour la société.

Alors que les OMD sont centrés sur les pays en développement, les ODD ont une portée plus large. Ils s'accompagnent d'objectifs et de cibles pour les pays développés. Par conséquent, nous estimons que les volontaires ont un rôle important à jouer dans la réalisation des ODD du Japon après leur retour dans ce pays.

Les volontaires rentrés au Japon utilisent largement les compétences, les points de vue et les expériences acquis à l'étranger dans le cadre des activités qu'ils exercent au Japon, que ce soit dans une entreprise japonaise ou étrangère, une administration locale, une institution éducative, une organisation internationale ou une ONG, notamment. À titre d'exemple, parmi les volontaires rentrés au Japon, ils sont plus d'une centaine à avoir rejoint l'Agence pour la reconstruction et d'autres ONG soutenant les efforts de reconstruction communautaire dans les zones dévastées par le grand séisme de l'est du Japon en 2011. Beaucoup d'autres ont décidé de s'engager auprès de la JICA après leur retour au Japon. Aujourd'hui, quelque 2 700 experts et 300 membres de la JICA sont d'anciens volontaires qui se sont investis dans les activités de coopération au développement du Japon. De plus, 1 100 anciens volontaires sont devenus enseignants au Japon, partageant ainsi leur vision ouverte sur le monde avec les élèves. Ainsi, il est indéniable que les programmes de volontaires produisent des professionnels très au fait des problématiques mondiales.

Il est important de leur offrir une plateforme pour qu'ils continuent à s'impliquer dans des activités de volontariat au niveau local et à l'étranger. La JICA continuera à soutenir les volontaires rentrés de mission pour qu'ils puissent mettre à profit leur expérience dans un large éventail d'activités après leur retour au Japon.

(3) Diffusion de l'évaluation et des résultats des programmes de volontaires

Pour finir, il nous paraît important d'évaluer correctement nos programmes de volontaires et d'en diffuser les résultats. En partant de bases factuelles, nous devons évaluer la manière dont ils s'engagent auprès des communautés, leurs réalisations et leurs impacts. Si les résultats des activités des volontaires s'appréhendent le plus souvent au travers d'histoires humaines et sont difficilement quantifiables, il importe toutefois de recueillir également des données. Nous devons aussi nous référer à des données quantitatives et assortir les histoires de réussites de preuves tangibles que nous puissions diffuser largement. Nous devons élaborer des indicateurs qui permettent de mesurer les contributions des programmes de volontaires à chaque cible des ODD et d'en effectuer un suivi et une évaluation précis.

La mesure et l'évaluation des résultats des programmes de volontaires aideront à suivre la manière dont évolue la contribution des volontaires aux ODD. Elles permettront également à de nombreux citoyens, dont les volontaires eux-mêmes, de reconnaître l'importance des activités de volontariat. Ce constat pourrait inciter davantage de gens à s'impliquer dans des programmes de volontaires. Elles mettent aussi en lumière le fait que si le volontariat peut s'avérer parfois difficile et éprouvant, il s'agit d'une expérience capable de changer véritablement une vie et qui mérite en tout point qu'on y consacre du temps et des efforts.

Lors de cette réunion, j'espère que vous participerez tous activement aux discussions et que vous formulerez des suggestions et des propositions concrètes sur la façon dont nous pouvons améliorer nos programmes de volontaires afin de progresser plus sûrement vers la réalisation des ODD.

Dernier point, mais non le moindre, la réalité dans laquelle nous vivons est de plus en plus complexe et inquiétante, comme en témoignent les catastrophes naturelles, l'intensification des conflits et les flambées épidémiques transfrontalières. J'espère sincèrement que nous pouvons aussi travailler ensemble à l'élaboration de mesures efficaces pour garantir la sécurité et les moyens d'existence des personnes, y compris des volontaires.

En terminant, je souhaite exprimer mon grand respect à l'égard de tous les volontaires et des institutions concernées pour la noblesse d'esprit dont ils font preuve à travers le volontariat.

Je vous remercie.

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