l'Agence Japonaise de Coopération Internationale

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Transcription de discours

26 août 2016

Allocution d'ouverture lors de l'événement « La transformation de l'Afrique par les politiques industrielles et la mise en œuvre de l'Agenda 2063 » en marge de la TICAD VI

Hilton Nairobi, Kenya

C'est un grand plaisir et un grand honneur pour moi d'être ici cet après-midi en compagnie de nos distingués invités, de nos dirigeants, professionnels et universitaires passionnés. Je souhaite exprimer toute ma gratitude à nos co-organisateurs présents ici aujourd'hui, Mme Helen Clark du PNUD, le Dr Akinwumi Adesina de la Banque africaine de développement, et le Professeur Joseph Stiglitz de l'Université Columbia. Je tiens également à saluer et à remercier les intervenants et tous les invités réunis ici.

Permettez-moi tout d'abord de vous raconter comment la JICA s'est engagée dans cette vaste entreprise et ce qui nous a conduits à accueillir cet événement en marge de la TICAD VI. En 2008, alors que la TICAD en était encore à sa quatrième édition, l'Agence japonaise de coopération internationale, la JICA, et le Professeur Stiglitz ont lancé une initiative conjointe de recherche sur l'importance de l'industrialisation et l'impact de celle-ci sur l'économie mondiale. Nous sommes heureux de dire que, huit ans plus tard, nous en sommes à la phase quatre de notre recherche. La première phase s'est intéressée à la croissance économique en Afrique, et la deuxième au concept de politique industrielle et de transformation économique. Aujourd'hui, nous sommes ravis de lancer notre publication « Politique industrielle et transformation économique en Afrique », qui met en relief les résultats de la deuxième phase de nos travaux.

L'événement d'aujourd'hui s'intitule « La transformation de l'Afrique par les politiques industrielles et la mise en œuvre de l'Agenda 2063 ». Cet événement reprend le thème de notre publication, et fait écho aux récentes discussions internationales sur le développement de l'Afrique. La croissance économique qu'a connue l'Afrique récemment repose en grande partie sur les ressources naturelles, mais reste vulnérable face aux risques externes tels que les crises financières et la fluctuation des prix des marchandises. L'industrialisation et la transformation économique doivent permettre non seulement de consolider l'économie, mais aussi de prendre en compte les nombreux défis auxquels l'Afrique est aujourd'hui confrontée. L'un de ces défis est la croissance rapide de la population, avec une forte proportion de jeunes, phénomène qui devrait aller en s'accentuant durant les prochaines années. De plus, la grande majorité des travailleurs africains occupent des emplois informels ou exercent des activités agricoles ou minières peu productives et peu génératrices d'emploi. Au contraire, l'industrie manufacturière, un secteur prometteur susceptible de créer des emplois fiables, diminue en pourcentage du PIB.

Nous savons que l'industrialisation est essentielle pour créer des emplois, faire reculer la pauvreté et stabiliser l'économie en Afrique. Nous savons qu'elle peut mener à une croissance durable et inclusive. Mais nous avons besoin d'en savoir plus sur la démarche concrète à adopter pour y parvenir. L'Agenda 2063 de l'UA, l'objectif 9 des ODD et cette sixième TICAD elle-même soulignent l'importance de l'industrialisation. Mais sommes-nous vraiment tous prêts à mettre cette approche en œuvre ? Et qui doit s'attacher à faire avancer cette industrialisation ? Cela dépend de la volonté de la population et des pouvoirs publics de chaque pays. C'est à eux de prendre les choses en main et de faire preuve de détermination et de persévérance pour impulser efficacement et durablement l'industrialisation de leur pays.

J'aimerais prendre comme exemple le Japon moderne, parmi les nombreux pays qui ont entrepris de transformer leur économie pour prospérer. Durant l'ère Meiji, à savoir des années 1860 à la première décennie du XXe siècle, nous avons promu les exportations agricoles et minières, en mettant tout d'abord l'accent sur le riz, le thé vert et le cuivre. Mais ces efforts d'industrialisation n'ont pas immédiatement porté leurs fruits. Le riz était à la traîne de la concurrence internationale, et le thé vert n'a pas réussi à s'imposer face à la demande populaire de thé noir. Nous avons réessayé avec la soie et des biens de consommation comme les parapluies et les chaussures. Peu à peu, ces produits ont fini par ouvrir de nouveaux marchés et conquérir de nouveaux partenaires commerciaux dans le monde entier, entraînant l'essor de l'industrie légère au Japon. Les politiques publiques ont également favorisé cette évolution en créant un environnement propice au développement d'un secteur privé dynamique.

Compte tenu de notre propre histoire, la promotion de « La transformation économique par l'industrialisation » est l'un des principaux piliers de la stratégie d'aide de la JICA en Afrique. Consciente de l'importance des politiques industrielles, la JICA soutient l'industrialisation de l'Afrique dans de nombreux domaines, tels que le développement des ressources humaines et des infrastructures, et l'amélioration des institutions et des systèmes existants.

Parmi les efforts d'aide de la JICA en faveur des pays africains, citons la promotion de l'approche KAIZEN, une méthode japonaise qui permet de renforcer le secteur privé dans les pays en développement. L'approche KAIZEN, qui a vu le jour au Japon lors de son développement économique, repose sur une amélioration continue des capacités de gestion et d'organisation de base. Ces améliorations ne nécessitent aucun investissement important et sont réalisées avec la collaboration pratique des cadres et des ouvriers. Aujourd'hui, le KAIZEN est reconnu dans le monde entier comme une des clés pour parvenir à une fabrication de qualité et à une productivité élevée. À travers les projets de la JICA, la philosophie KAIZEN du Japon a été diffusée dans 8 pays d'Afrique : l'Égypte, la Tunisie, l'Éthiopie, le Kenya, la Zambie, la Tanzanie, le Ghana et le Cameroun. Dans ces pays, la JICA a travaillé en collaboration avec les pouvoirs publics et le secteur privé pour former des formateurs et des consultants au KAIZEN. En Éthiopie et en Zambie, des Instituts du KAIZEN ont même été créés pour accélérer ces efforts. En Éthiopie, 249 entreprises privées ont été formées au KAIZEN, et leur productivité a augmenté d'environ 37,2 % en moyenne en l'espace de 6 mois, selon l'Institut éthiopien du KAIZEN.

L'an dernier, j'ai visité une usine éthiopienne de chaussures qui venait d'adopter la méthodologie KAIZEN. Quand je raconte cette histoire, les gens sont toujours surpris de voir à quel point cette méthode peut être efficace. La Peacock Shoe Factory était une entreprise de taille moyenne employant 300 personnes. Elle produisait 600 paires de chaussures par jour. Or, suite à l'introduction de la méthodologie KAIZEN, sans investissement ni embauche supplémentaires, la production a augmenté de 200 paires par jour en seulement 5 mois. Mais le plus intéressant dans cette histoire, c'est que cela ne s'est pas arrêté là. Les ouvriers de l'usine ont poursuivi ces efforts, et leur productivité a continué à augmenter. En 2015, l'usine produisait 1 500 paires de chaussures par jour – soit 2,5 fois plus qu'en 2013. Ces changements ont également permis à la Peacock Shoe Factory d'accroître ses exportations et de livrer ses produits aux consommateurs de pays européens, dont l'Italie.

Si l'industrialisation doit être soutenue directement, il ne faut pas pour autant oublier le rôle crucial d'autres secteurs comme l'agriculture et l'éducation. La réussite du secteur industriel va de pair avec le développement de ces derniers. C'est pourquoi la JICA assure également un appui à l'agriculture ; nous contribuons à l'atteinte de la suffisance alimentaire par le biais de la Coalition pour le développement de la riziculture en Afrique (CARD). Cette initiative ambitionne de doubler la production rizicole africaine en l'espace de dix ans à peine, en la faisant passer de 14 à 28 millions de tonnes. Et nous sommes fiers d'affirmer que ce processus est en bonne voie. Cette hausse de la production devrait accélérer l'approvisionnement en denrées alimentaires abordables au niveau national. La baisse des coûts alimentaires profitera notamment aux travailleurs, dont les salaires risquent de fluctuer durant les premières phases de l'industrialisation. De toute évidence, nous avons besoin d'une agro-industrie très productive pour pérenniser l'industrialisation et servir de base au développement durable.

Par ailleurs, le Japon déploie depuis longtemps des efforts en direction du secteur éducatif. Ces efforts portent notamment sur l'éducation primaire et la formation professionnelle, et nous avons commencé récemment à soutenir le développement des ressources humaines dans le secteur des affaires et dans l'industrie. L'initiative pour l'éducation commerciale des jeunes Africains (ABE ou African Business Education), offre à des étudiants africains l'opportunité de préparer un master dans une université japonaise. Dans le cadre de cette initiative, ils effectuent un stage dans une grande entreprise japonaise, ce qui est mutuellement bénéfique à l'Afrique et au Japon. Via les initiatives de la JICA en faveur de l'agriculture et de l'éducation, le Japon a démontré sa volonté de soutenir l'industrialisation de l'Afrique par une approche multiple. Je suis convaincu que ces efforts renforceront les capacités industrielles de l'Afrique et amélioreront ses chances de réussir son industrialisation.

À la lumière de ces approches, le programme d'aujourd'hui commence par les discours d'ouverture de nos éminents co-organisateurs. Il s'ensuivra une table ronde explorant différentes pistes de réflexion, puis viendront les questions de notre auditoire. Nous partagerons également des informations sur les derniers résultats de la JICA et sur les efforts conjoints de recherche de l'initiative pour le dialogue politique (Initiative for Policy Dialogue). Nous vous donnerons notamment des détails sur la phase 3 de notre recherche, centrée sur les politiques industrielles mondiales, et sur la phase 4, qui s'intéresse à la qualité de la croissance africaine.

Surtout, nous sommes ici aujourd'hui pour apprendre les uns des autres et trouver des idées pour l'industrialisation de demain en Afrique. J'aimerais conclure mes propos en répétant à quel point je me réjouis des échanges animés et fructueux que nous allons avoir. Je laisse maintenant la place à nos éminents orateurs.

Je vous remercie.

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