Développer le prochain marché porteur après le secteur de l'habillement : Le défi de la JICA pour la diversification industrielle au Bangladesh

L'année 2022 a marqué le 50e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre le Japon et le Bangladesh. Le 6 décembre de la même année, la zone économique spéciale du Bangladesh (BSEZ pour Bangladesh Special Economic Zone) a été officiellement inaugurée en grande pompe. M. Kawachi Taro, l'un des participants à la cérémonie et président de Bangladesh SEZ Ltd. (BSEZ Ltd.), a déclaré : «Le 50e anniversaire de nos relations bilatérales est l'occasion pour nous de procéder à l'ouverture de cette zone d'activité appelée à transformer la structure industrielle du Bangladesh».

La BSEZ est la première zone économique spéciale (parc industriel) du Bangladesh répondant aux normes internationales. Les préparatifs en vue de sa création étaient en cours depuis de nombreuses années, le Japon offrant son soutien par l'intermédiaire de la JICA comme symbole de l'amitié entre les deux pays. Ce soutien était fondé sur la conviction que cette initiative entraînerait une diversification industrielle du Bangladesh, jusqu'alors exclusivement tributaire de sa production textile. Nous vous proposons de découvrir comment la JICA a apporté une coopération globale à la BSEZ.

Le Bangladesh a connu une croissance économique stable et élevée même pendant la pandémie de COVID-19. Avec ses 170 millions d'habitants, il se classe au huitième rang des pays les plus peuplés du monde, avec une moyenne d'âge de 27,6 ans. Le Bangladesh suscite beaucoup d'intérêt en raison de sa main-d'œuvre abondante et jeune et de son potentiel en tant que marché de consommation, même dans une Asie à croissance rapide. La confection représente environ 40 % du secteur industriel du Bangladesh. Elle maintient sa compétitivité grâce à des coûts salariaux peu élevés, assurant plus de 80 % des recettes d'exportation du pays. Toutefois, en raison de la croissance économique rapide du Bangladesh et de l'augmentation attendue du coût de la main-d'œuvre dans un avenir proche, une réorientation de la structure industrielle est désormais nécessaire.

Selon Ichiguchi Tomohide, représentant en chef du bureau de la JICA au Bangladesh, «la diversification de l'industrie et la création d'une plus grande valeur ajoutée grâce à la promotion des investissements directs étrangers (IDE) et à d'autres mesures sont les axes prioritaires de l'aide future du Japon au Bangladesh». À cette fin, la JICA s'est principalement concentrée sur la BSEZ, qui sera le premier parc industriel du Bangladesh à répondre aux normes internationales. Au Bangladesh, dans un climat d'incertitudes et de risques, le facteur le plus important pour attirer les IDE est de créer un environnement commercial permettant aux entreprises privées d'investir en toute confiance dans l'industrie manufacturière.

La coopération globale et innovante de la JICA a donc été déterminante pour faire de la BSEZ un investissement attrayant.

L'un des principaux attraits de la BSEZ est son système de développement des infrastructures, d'ordinaire réalisé en une seule fois. Au Bangladesh cependant, en raison d’inondations fréquentes, l’aménagement du terrain nécessite à lui seul un investissement initial important. De ce fait, la BSEZ a bénéficié de fonds publics afin de réduire l'investissement de départ des entreprises privées. Cette initiative a permis de créer la BSEZ, premier parc industriel du Bangladesh répondant aux normes internationales les plus strictes, capable de résister à la plus grande inondation que le pays ait connue depuis un siècle.

Selon ce principe, le gouvernement bangladais finance l'infrastructure située autour de la BSEZ (routes d'accès au site, etc.) et l'infrastructure de la propriété foncière correspondante (aménagement du terrain pour la création du parc industriel, etc.), tandis que BSEZ Ltd. finance l'infrastructure située à l'intérieur du parc industriel lui-même (routes d'accès sur le site, etc.). La JICA soutient le financement du développement des infrastructures du gouvernement bangladais au moyen de prêts d'APD japonaise. Quant aux entreprises japonaises, la BSEZ leur inspire toute confiance, car elle est le fruit des efforts conjugués du secteur public et du secteur privé japonais. Le président Kawachi déclare : «Depuis l'ouverture du parc, nous avons reçu des demandes de renseignements de la part d'une quarantaine d'entreprises, principalement japonaises, ce qui est très prometteur».

La structure d'investissement de BSEZ Ltd. est également unique. La JICA apporte son appui à BSEZ Ltd. à travers (1) un financement en fonds propres au gouvernement bangladais par le biais de son programme de prêts d'APD japonaise et (2) un investissement direct dans BSEZ Ltd. grâce au financement des investissements du secteur privé. De plus, les activités de BSEZ Ltd. sont soutenues par les gouvernements japonais et bangladais.

En outre, afin d'encourager les entreprises à devenir locataires de la BSEZ, la JICA participe à la mise en place d'un centre de services à guichet unique (OSS pour one-stop service) pour simplifier les procédures administratives complexes relatives aux permis d'investissement et aux approbations dans les zones économiques exclusives. La JICA soutient également la création de bureaux OSS dans la BSEZ grâce à des projets de coopération technique. M. Ichiguchi estime que l'environnement d'investissement s'est progressivement amélioré, notant que «le développement des OSS a accéléré les approbations d'investissement pour le démarrage de la pré-construction dans les zones économiques spéciales. Auparavant, il fallait compter entre six mois et un an. Maintenant, la construction peut commencer après environ trois mois». La JICA soutient également les locataires de la BSEZ en leur accordant des prêts à faible taux d'intérêt libellés en Taka* grâce à des prêts d'APD japonaise, encourageant ainsi les entreprises japonaises à s'y implanter. Parmi les nombreuses initiatives de la JICA, ce projet est le seul à fournir un soutien aussi multiforme et complet : du développement à l'exploitation.

Le gouvernement bangladais envisage de développer une centaine de zones industrielles dans le pays dans le cadre d'un plan ambitieux de création de parcs industriels. Parmi ces zones, trois devraient répondre aux normes internationales : la BSEZ à Narayanganj, la BSMSN dans la zone de Mirsharai Upazila au nord de Chittagong, et la zone de Matarbari-Moheshkhali à Cox's Bazar. Les zones de Mirsharai et de Matarbari sont situées sur le front de mer et devraient attirer des industries lourdes qui remplaceront l'industrie de l'habillement. Pour cette raison, elles sont considérées comme des zones et des secteurs prioritaires dans le cadre de l'initiative «Ceinture de croissance industrielle du golfe du Bengale» (BIG-B) annoncée lors du sommet Japon-Bangladesh de 2014.

Selon M. Ichiguchi, «nous nous attendons à ce que les entreprises en amont de la chaîne de valeur industrielle s'implantent dans la région de Matarbari au cours des 20 prochaines années, en tirant parti de l'avantage géographique que représente le seul grand port en eau profonde du Bangladesh». La JICA met en œuvre le projet de développement du port de Matarbari, financé par un prêt d'APD japonaise, entre autres dans la région du même nom, dans le but de drainer des investissements d'une valeur de 1 000 milliards de yens à l'avenir. Dans le même temps, la JICA a décidé de poursuivre sa coopération, depuis la formulation d'un plan de développement global jusqu'au soutien à la mise en place d'infrastructures dans chaque secteur, y compris l'électricité, l'énergie, les ports et les routes.